Chapitre 15 Luna

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— Pourquoi t'as fait ça ! Pourquoi tu ne t'es pas laissée faire ! Prendre un coup de queue par le fils d'El Greco, beaucoup en rêveraient ! Non ! Il fallait que tu lui casses les burnes, alors que son père venait me présenter ses condoléances et m'aider à ouvrir ma boite ! Quelle ingrate ! Je vais te montrer comment on fait avancer un âne récalcitrant !

— Non papa, ne fais pas ça ! Je ne voulais pas avoir mal. Mes copines, elles n'ont pas encore fait cette chose, elles m'ont dit qu'elles entendaient leur maman avoir mal à chaque fois... je ne voulais pas avoir mal papa, pardon.

— Ce que tes copines entendent, c'est leur mère s'envoyer en l'air ! Si tu t'étais laissé faire, tu aurais su ce que ça faisait !

— Mais j'ai que douze ans, elles disent qu'il faut attendre de trouver un gentil garçon pour faire la chose.

— Elles me les brisent tes copines ! Tu ne les reverras plus puisque c'est comme ça ! je vais te changer d'école ! Dans deux ans, c'est plus obligatoire, donc t'auras plus besoin de me faire chier avec ça !

Il m'attrape par les cheveux me trainant jusqu'à ma chambre, prenant au passage la badine dans le couloir.

— Non papa, pitié, je n'ai rien fait de mal ! C'est lui qui voulait, pas moi !

— T'as vraiment rien compris sale petite ingrate !

Il me jette sur mon lit en même temps qu'il agrippe dans mon dos, le haut de ma robe qu'il arrache d'un coup. Je me retrouve le dos nu.

— Je vais t'apprendre ce que c'est la vie ! Ce qu'il faut que tu fasses pour rendre ton père fier de toi !

Les coups commencent à pleuvoir sur mon dos, c'est vif, douloureux. J'essaie de ramper sur mon lit pour échapper à la douleur qui me coupe les chairs, mais il m'attrape par la cheville, me ramenant jusqu'à lui.

— Papa ! Pitié Papa ! j'ai mal ! Arrête s'il te plait, arrête ! Papa ! j'ai mal ! tu me fais mal, papa, arrête... arrête... aïe... papa, lâche-moi s'il te plait ! Maman ! Maman ! aide-moi !

Mais j'ai l'impression que mes larmes ne font qu'accentuer sa colère. Je mords le drap, étouffant les autres cris qui me lacèrent la gorge, espérant ainsi qu'il cesse de me faire mal.

Quand j'ouvre les yeux, je ne sens que la brûlure dans mon dos, le sifflement de la bandine avant qu'elle ne me frappe, a cessé. Je n'entends plus mon père hurler, et pour cause, le soleil a fait place à la nuit, j'ai dû m'évanouir. Depuis combien de temps ?

J'essaie de me relever mais la douleur se fait ressentir, j'éclate en sanglots silencieux pour qu'il ne revienne pas. Je pleure en pensant à ma maman qui n'est plus là pour me protéger de mon papa. Je pleure des années que je vais devoir traverser avec lui à mes côtés et j'ai peur, peur qu'il ne demande au fils du monsieur de venir finir ce qu'il a essayé de commencer. Lorsque mes larmes se tarissent enfin, je décide de serrer les dents pour pouvoir me relever, j'ai envie de faire pipi, il faut que je bouge de mon lit. Difficilement, j'arrive en me mettant sur le côté à glisser par terre. Une fois à genoux sur le sol, je prends appui sur mon matelas pour me relever. Je sens comme une grosse plaque sèche dans mon dos en plus de la douleur. Je me dirige, courbée vers les toilettes puis ensuite vers la salle d'eau. Dans la maison, il n'y a plus aucun bruit. Je tourne mon dos vers le miroir et mes larmes se remettent à couler le long de mes joues, j'ai le dos rouge de sang, il est tout gonflé. J'ai mal... maman... j'ai si mal... pourquoi tu es partie... pourquoi tu m'as laissée seule avec lui... pourquoi maman ? il ne m'aime pas... toi tu m'aimais... j'ai si mal... maman, j'ai si mal, aide-moi... reviens moi...

Amazon Devil's ( En réécriture)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant