Ecorchés Tome 2 (Correction)

6. Faire tomber les masques

Anabel

Dans la soirée,

Nous étions à cette fameuse soirée du sénateur, elle était très chic. Avec Lise et Yvi, nous finissions de mettre le buffet en place. Je leur avais demandé à elles aussi de mettre des robes de cocktails. Il n'y avait pas de raison que je sois la seule à profiter des festivités. Elles n'étaient pas mes subalternes et nous étions une équipe.

Ce que je supposais être la femme du sénateur s'approcha de nous. Je me retournai légèrement sur le côté pour finir de mettre en place les mini clubs sandwichs avocat-passion. J'accordai une attention particulière à ma tâche pour que mon ventre rebondit ne bouscule pas l'étalage devant moi.

-- Bonsoir mesdames, nous lança-t-elle. Laquelle de vous est Anabel ?

-- C'est moi, répondis-je en lui tournant encore légèrement le dos.

-- Oh, mais je vois que vous attendez un heureux événement, s'enthousiasma-t-elle. Mon dieu, j'espère que nous n'aurons pas de naissance ce soir.

-- Ne vous en faites pas, m'amusai-je. On a toujours tendance à s'imaginer que je suis sur le point d'accoucher mais je viens seulement d'entrer dans mon sixième mois de grossesse. J'attends des ju... meaux.

Je m'étais retournée avant de finir complètement ma phrase. J'avais rencontré ses deux iris bleus qui me fixaient. Il se tenait à côté de la femme du sénateur. Il était accompagné d'une brune magnifique, sûrement sa fiancée. Je restai sans voix, j'étais choquée. La femme du sénateur perçut mon malaise.

-- Des jumeaux, et bien pour une surprise, reprit celle-ci. Je n'ose pas imaginer votre ventre quand vous serez à therme.

-- Moi non plus, soufflai-je en ne décrochant pas mes yeux de lui. Si je vais à therme bien sûr, mais rassurez-vous ils ne sont pas pressés de sortir.

-- Vous connaissez déjà le sexe ? continua-t-elle.

Mon dieu elle ne s'arrêtera donc jamais. Réfléchis à tes options Anabel et vite. Fuir... oui fuir c'est bien... non, je ne peux pas... Yvi va me tuer...

Il me fixait de son regard le plus dur sans perdre une miette des réponses que je ne pouvais bien évidement pas refuser de donner à la femme du sénateur au risque de tuer notre réputation et de faire couler la boutique. Il le savait, je le vis dans son regard qu'il appuyait de son léger sourire en coin. Il me piégeait.

Le salaud !

-- Et bien figurez-vous que je l'ai appris aujourd'hui, me forçai-je à sourire pour paraitre aimable. Ce sera une fille et un garçon.

-- Le choix du roi, s'esclaffa-t-elle.

-- Paraît-il, rétorqué-je en le fusillant du regard. Sauf que dans mon cas, ce serait plutôt le choix de la reine.

-- Oh, vous êtes lesbienne, demanda-t-elle discrètement.

-- Ho non, du tout, ris-je faussement. Je suis juste une mère célibataire. Pas d'inquiétude il n'y a pas d'histoire sordide, nous n'étions pas compatibles, vous savez ça arrive.

Je vis sa mâchoire se contracter, ses yeux me foudroyèrent. Je l'avais touché, j'étais plutôt fière de moi. Il m'avait piégée, je n'allais pas le laisser s'en tirer à si bon compte.

-- De nos jours, continua la femme du sénateur. Dès que ça commence à être compliqué, on fuit la relation mais ce n'est pas toujours une solution.

-- J'ai appris il y a quelques jours par sa grand-mère que j'ai croisé par hasard, poursuivit-je. Qu'il s'était fiancé avec une anglaise et qu'il allait se marier d'ici peu. Je lui souhaite beaucoup de bonheur d'ailleurs même si je suis sûre qu'un homme aussi influant que lui ne pas besoin de ma bénédiction.