19. Se confronter à ce qui est

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Joshua

Je retournai à la nursery. Carret m'attendait, Lee était avec lui. J'avais le visage crispé, mes poings étaient toujours tendus. Mon envie de fracasser quelque chose ne s'était pas estompée.

-- Nous vous attendions, me lança Lee enjouée lorsqu'elle me vit. Alors comment vont ces deux petits bébés ?

-- Ils sont agités et ils ne boivent pas bien.

-- Ils ont besoin d'elle, et ils

-- Je sais, claquai-je méchamment.

-- Mr Bennett, avança-t-elle prudemment. Vous faite tout votre possible et c'est formidable. J'ai vu peu de père faire ce que vous faites. Malgré tout, il y a encore quelques jours ils étaient reliés à elle, ils ressentaient tout à travers elle. Ils ont été séparés d'elle prématurément alors ils auront des jours plus faciles que d'autres. Vous êtes allés la voir avec eux ?

-- Non !

-- Quand vous serez prêt, dans ce cas. Allez montrez-nous ces deux merveilles, dit-elle en enlevant Ethan de mon torse.

Il se réveilla. Il commença à gigoter en grimaçant. Il n'allait pas tarder à crier. Ce qui réveilla Ella par la même occasion. Et ce qui augmenta mon énervement du moment. Je me mis en retrait en tentant de faire en sorte qu'Ella ne se mette pas à crier aussi.

La soirée se passa un peu plus calmement pour nous. Après que Carret les avait regardé sous toutes les coutures, les jumeaux burent leurs biberons sans rechigner. De mon côté, je n'avais pas réussi à manger. J'avais le bide en vrac ainsi que cette envie de vomir qui ne me quittait plus.

Je m'installai avec eux dans le fauteuil. Je mis la position allongée et nous recouvrai d'un plaid. Je caressai leurs petits visages. Normalement tous les soirs je leur racontais un souvenir que j'avais avec elle.

Quand elle les attendait, elle avait pris l'habitude de leur raconter une histoire qu'elle inventait. Elle m'obligeait à inventer cette histoire avec elle quand nous étions dans notre lit. J'aimais raconter ces histoires avec elle en caressant son ventre.

Ces moments n'étaient qu'à nous. Nous donnions vie à tout ce qui nous passait par la tête, sans aucunes limites. En restant soft tout de même, notre public était assez jeune. Parfois ces histoires n'avaient aucun sens, elles nous faisaient souvent rire.

J'adorais son rire, il me transportait. J'adorais la ressentir joyeuse, elle m'emmenait avec elle dans son monde. Je ne me sentais jamais aussi bien que quand j'étais en sa présence. Depuis qu'elle m'avait été enlevé, je n'étais qu'une version pourrie de moi-même, et je ne le supportais pas.

Avant elle, tous ces moments que je ne connaissais pas, m'indifféraient au plus haut point. Je ne comprenais même pas les personnes qui les vivaient. Je ne pensais pas être capable de les apprécier autant.

Elle m'avait fait prendre gout à tous ces instants aussi simples que fugaces. A présent, je donnerai tout ce que j'avais et tout ce que je n'avais pas pour revivre ne serait-ce qu'un seul d'entre eux avec elle à nouveau.

Tu as vraiment réussi à faire de moi une guimauve ma belle. Et ça ne me dérange pas, j'aime être une guimauve pour toi... mais rien que pour toi.

Ce soir je décidai de leur lire sa lettre. Ce serait une de ses histoires rien qu'à elle. J'ouvrai l'enveloppe pour en sortir la feuille. Le papier avait son odeur, les mots reflétaient les courbes de son écriture.

Ma gorge se serra. Je soupirai avant de commencer à lire. Les jumeaux ne s'étaient pas endormis, ils bougeaient légèrement sur moi. Comme s'ils attendaient notre histoire.

Ecorchés Tome 2 (Correction)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant