14. Quand la fatalité prend le pas sur la raison

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Anabel

Mercredi matin,

Je repris lentement conscience. Ma tête tambourinait, j'étais seule dans cette pièce horrible. Je me touchai à l'endroit qui me lançait. Je vis du rouge sur mes doigts, et la bague qui me manquait.

A sa façon cette bague représentait une partie de lui qui était encore avec moi. Elle me permettait de me raccrocher à une certaine forme d'espoir. Il viendrait me chercher, il le fallait. Je ne pouvais pas mourir ici avec nos bébés.

La vie ne m'a pas donné ce miracle pour tout me reprendre aussi cruellement.

Je me redressai lamentablement. Je me maintins contre le mur en soufflant. Ma tête me faisait mal, je n'arrivais plus à discerner correctement ce qu'il y avait devant moi. J'essayai de ressentir les jumeaux, je ne sentis rien du tout. Cette déchirure revint en moi. J'eus si peur pour eux.

-- Allez mes bébés, il faut bouger un peu, déclarai-je en laissant couler mes larmes... S'il vous plaît mes amours, il faut bouger, continuai-je en appuyant sur mon ventre pour les faire réagir... S'il vous plaît, sanglotai-je. Je vous en prie, il faut bouger.

Je sentis un petit coup de pied faible, puis plus rien. La panique commença à me submerger. Je tentai de marcher pour trouver une issus et sortir d'ici. Il fallait que j'aille à l'hôpital, il fallait que je quitte cet endroit avant que mes bébés ne meurent dans mon ventre.

Mon équilibre était mauvais alors je revins contre ce mur. Je caressai mon ventre pour les sentir mais il n'y avait rien. Je ne ressentis aucuns mouvements à l'intérieur, ils ne bougeaient pas.

-- Non, pleurai-je. S'il vous plaît... pas ça... pas ça... je vous en supplie... pas ça...

Je me laissai tomber en glissant le long de ce mur. Mes larmes coulèrent abondamment sur mes joues. J'avais le regard dans le vide. Je fixai amorphe la porte qui me séparait du reste du monde. Je ne ressentais plus que cette douleur sourde à l'intérieur de moi. Elle était revenue.

J'allais mourir ici et mes bébés aussi. Joshua ne viendrait pas nous chercher. Il serait bientôt probablement mort lui aussi. Il disparaîtrait comme cette bague. Tout disparaissait, je disparaissais dans cette pièce lugubre.

Je restais comme ça ce qui me parut des heures quand la porte s'ouvrit sur un des deux hommes de la fourgonnette. Il tenait un plateau dans ses mains avec un verre d'eau et un morceau de pain. Il le mit près de moi.

C'est maintenant où jamais Anabel. Allez, courage, tu peux le faire !

-- Est-ce que je peux aller aux toilettes, demandai-je tout bas.

-- Tu t'es cru où ? se moqua-t-il de moi. Si tu veux pisser tu le fais là et tu te démerdes.

Il repartit aussitôt en riant. Il me laissa seule de nouveau. J'étais prisonnière de cette pièce. Je ne pouvais qu'attendre le moment où je donnerai mon dernier souffle. Je sombrai doucement dans cette lente agonie qu'était mon existence à présent. J'avais si mal à l'intérieur, j'avais si peur.


Joshua

Jeudi après-midi,

Deux jours, deux putains de jours qu'ils l'avaient pris. Je ne savais pas où elle était, ni si elle allait bien. Personne n'avait demandé d'argent ou de rançon pour elle. Personne n'avait rien revendiqué, même pas ma tête. Je ne dormais quasiment pas. Quand je finissais par m'assoupir d'épuisement, je ne voyais qu'elle qui m'appelait et me suppliait de la retrouver.

Ecorchés Tome 2 (Correction)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant