Anabel
Tess s'était garée devant la maison, elle venait de couper le moteur. J'avais passé le trajet du retour dans le silence, à me retenir de ne pas laisser ma peine et ma colère se déverser. J'avais essayé d'assimiler toutes ces nouvelles informations fraichement données par Diane en fixant la route. Tess avait été également bien silencieuse pour une fois.
Je sortis de la voiture rapidement. Je rejoignis la plage en passant par le coté de la maison. Quand j'arrivais au bord de l'eau, je m'effondrai dans le sable en hurlant. Cette douleur si tenace prenait de nouveau possession de moi. Elle comprimait ma cage thoracique.
Je me mis à pleurer et à jeter des poignets de sable dans tous les sens. J'étais tellement en colère contre lui. Il allait être pour une autre ce qu'il n'avait pas pu être pour moi. Il réussissait à faire ce qu'il avait été incapable de faire pour moi. Il l'aimait elle, alors que moi il ne m'avait jamais aimé.
J'avais cru qu'il tenait quand même à moi. J'avais imaginé que peut-être encore aujourd'hui il pensait à moi. J'avais eu l'espoir secret de lui manquer, pas autant que lui me manquait, mais un peu quand même. Je pensais que ce que nous avions vécu était différent, unique.
Mais tout ce que venait de me confier Diane, ne me confirmait que le fait qu'il n'en avait jamais rien eu à faire de moi. Qu'il n'avait jamais rien ressenti pour moi. Et qu'il avait fini par retourner dans les bras d'un de ses mannequins pour y trouver le bonheur. Que jamais je n'avais été à la hauteur d'un homme comme lui.
Je suis vraiment stupide, je ne suis qu'une idiote. Bien sûr qu'il ne pouvait pas m'aimer, je ne suis qu'un monstre défiguré. Il a pris ce qu'il voulait de moi et c'est tout. Il s'est servi de moi. Comment il a pu me faire ça ?
Je sentis Tess me prendre dans ses bras pour me consoler. Je me retournai contre elle et pleurai sur mon amie.
-- Je suis désolée, Anabel, dit-elle tout bas. Tu veux que je lui casse la gueule ou que j'envoie Brian le faire.
-- Brian ne reviendrait pas vivant, sanglotai-je.
-- Ah oui c'est vrai, soupira-t-elle. Mais attends ! Par contre moi tu m'enverrais sachant qu'il me ferait la peau, s'offusqua-t-elle.
-- Mais bien sûr que non, reniflai-je en remontant mon visage vers elle.
Je me mis à rire quand je vis sa tête. J'en fut prise d'un fou rire à me plier en deux et à en pleurer.
-- Tu te moques de moi, claqua-t-elle indignée.
-- Oui, peinai-je à articuler.
Elle se mit à rire aussi avec moi. Puis elle m'aida à me relever et nous regagnâmes la maison.
Je mis les derniers clichés des jumeaux sur la porte du frigo, tandis qu'elle s'attela à décharger les sacs de la voiture. Je sortis la glace à la vanille du congélateur en essuyant mes larmes. Je nous préparai deux bols avec du nappage au caramel beurre salé.
-- Tu veux en parler ? demanda-t-elle en s'installant à la table.
-- Non, dis-je en la rejoignant.
Je m'assis à côté d'elle. Je mangeai ma glace silencieusement. J'avais attendu pour prendre toutes les décisions importantes. Je l'avais attendu lui en fait. Mais il avait refait sa vie alors il était grand temps que je continue vraiment la mienne sans son ombre.
J'étais incapable de décrire ce que je ressentais réellement en cet instant, alors encore moins capable d'en parler. Je trouvais cette nouvelle réalité cruelle. Je m'étais bercée d'illusions le concernant. J'étais seulement en train de prendre un coup de boomerang. Et ce coup-là était impitoyable, il me dévastait.
VOUS LISEZ
Ecorchés Tome 2 (Correction)
Roman d'amourAnabel apprenait à vivre sans lui, même si tout la ramenait à ses deux iris bleus qui la hantaient en permanence. L'ombre de cet homme qui avait marqué son cœur planait continuellement sur elle. Son absence n'était qu'une plaie béante que rien ne co...