18. Attendre son retour

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Joshua

Vendredi matin, une semaine plus tard,

Je ne quittais plus l'hôpital. Ryan m'avait apporté des affaires pour que je puisse me changer tous les jours. J'avais fait installer un vrai fauteuil confortable qui se dépliait pour pouvoir m'allonger ainsi qu'un petit bureau dans un des coins de la nursery.

Les jumeaux étaient en permanence contre ma peau. J'avais appris à croiser le linge pour les maintenir contre mon torse. Et j'avais découper un sweat pour ne pas être torse nu. Ce qui permettait à leurs petites têtes d'être à l'air libre et laissait le reste de leurs corps bien au chaud.

Ils passaient leur temps à dormir. Ils buvaient leurs biberons toutes les trois heures. Par chance ils ne pleuraient plus, sauf quand ils n'étaient plus sur moi. Ce qui arrivait quand je changeais leurs couches remplis de trucs immondes.

Comment deux machins aussi petits peuvent faire des merdes pareilles ? Sans parler de l'odeur.

Ils pleuraient aussi quand leur pédiatre, un certain Dr Carret, les auscultait. Ce qui m'agaçait fortement alors je faisais toujours en sorte qu'il se dépêche. Lee était arrivé avec lui le lendemain de ma rencontre avec les jumeaux pour me le présenter. Depuis elle passait quand même tous les jours pour les voir.

Je ne supportais pas d'entendre les jumeaux pleurer, ni crier. Si bien que je prenais ma douche avec eux pour ne pas les lâcher. Je les manipulais toujours précautionneusement. Ils étaient encore si petits. Même s'ils prenaient du poids chaque jour, ils étaient encore trop fragiles.

Je travaillais avec eux, je mangeais avec eux et je dormais avec eux. Nous ne formions plus qu'un. Je vivais au rythme des jumeaux. Il y avait un peu plus d'une semaine que je n'avais pas fait une véritable nuit et que je n'avais pas mangé un véritable repas.

L'essentiel de mon alimentation reposait sur les sandwichs des distributeurs de l'hôpital et du café dégueulasse. J'aurais pu rentrer à la villa ou à la maison. Mais il aurait fallu que je laisse les jumeaux seuls ici et que je la laisse ici. Et ça je ne pouvais pas.

J'évitais de penser à elle qui était allongée sans vie un étage au-dessus de nous. Je me concentrais sur les jumeaux et sur son souvenir qui ne me quittait plus. Je ne pouvais pas aller la voir, je n'y arrivais pas. Si j'y allais, les moments joyeux disparaitraient. Si je me retrouvais face à son corps inerte, ma vision d'elle pleine de vie disparaitrait.

Et j'avais besoin qu'elle soit encore vivante dans mon esprit. J'avais besoin de revivre tous les moments que nous avions partagé. Je ne pouvais pas accepter son état, ni l'affronter. Je ne pouvais pas me résoudre à la perdre à chaque fois que je poserais mes yeux sur son corps immobile et abimé.

Ryan passait tous les jours à la nursery. Il me tenait informé des affaires en cours. Nous parlions en langage codé pour ne pas être compris des autres parents et des nurses.

Je savais qu'il allait voir aussi Anabel quand il venait à l'hôpital. Mais il ne m'en parlait pas et je ne lui posais jamais de questions. Il avait tenté au début d'aborder le sujet mais je m'étais emporté alors il avait laissé tomber. Tess et Yvi étaient en permanence à son chevet.

J'avais mis l'équipe d'Owen en garde devant la porte de sa chambre. Je leur avais laisser une liste de personnes autorisées à lui rendre visite. Ils me fournissaient un compte-rendu quotidien des allées et venues du service ainsi que des visites qu'elle recevait.

Son père, Katleen, sa tante Shelley et son cousin Jared devaient arriver aujourd'hui de Phœnix. Je les avais contacté le lendemain de son arrivée à l'hôpital pour les prévenir. Anabel les avait écartés quand elle s'était fait agresser la première fois. Ils en avaient tous soufferts, alors je ne voulais pas qu'ils le revivent. Et puis c'était ce qu'il y avait de mieux pour les jumeaux, ils avaient le droit de connaitre leur famille.

Ecorchés Tome 2 (Correction)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant