20. Il est l'heure de se réveiller pour la belle au bois dormant

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Anabel

Samedi, le lendemain matin,

J'essayai d'ouvrir mes yeux. Ma gorge me brûlait. Ma tête me lançait. J'avais la sensation d'être coincée dans mon propre corps. Mes paupières étaient encore lourdes. Je sentais son odeur. Joshua devait être près de moi. Pourtant je ne le ressentais pas.

Je tentai de faire attention à leurs mouvements. Je ne sentis rien. Les bébés ne bougeaient pas dans mon ventre. Je commençai à m'inquiéter. Les derniers évènements me revinrent en mémoire.

Je me rappelais de ce sous-sol. Des coups qu'il m'avait donné. D'Iris qui voulaient tuer mes bébés. De Joshua qui n'était plus lui-même. La panique commença à monter en moi. Je me forçai à ouvrir les yeux. Je devais savoir où je me trouvais.

Je finis par les ouvrir difficilement au bout de quelques minutes. La lumière du jour m'éblouit, si bien que je dus plisser les yeux pour la supporter. Je n'étais plus dans ce sous-sol. Ma terreur se calma légèrement. Je devais tout de même savoir pour mes bébés. Est-ce que je les avais perdu ?

Pas mes deux amours, s'il vous plait, faites qu'ils aillent bien.

Je m'acclimatai peu à peu à la lumière ambiante. Je commençai à discerner les formes et les couleurs devant moi. Je tentai de parler ou de bouger une de mes mains. Rien ne venait, mon corps ne me répondait pas. Mon angoisse remonta en flèche. J'étais prisonnière d'un corps que je ne percevais même plus.

Et si j'étais paralysée ? Et si je ne pouvais plus jamais bouger ?

Je me forçai à regarder devant moi. Je vis ses pieds au bout d'un lit. Joshua était bien à côté de moi. Même si je ne pouvais pas sentir son corps contre le mien, il était bien là. Je fis redescendre un tout petit peu la panique qui s'était insinuée en moi.

Je remontai mes yeux pour regarder plus loin. Il me semblait que c'était la seule partie de mon corps qui acceptait de me répondre. Je vis des vitres qui donnaient sur un couloir. Il y avait des personnes en blouses blanches qui passaient et s'affairaient dans tous les sens. Je devais sûrement être à l'hôpital.

Je voulais tourner la tête pour voir son visage. Si je ne pouvais pas le sentir, il fallait au moins que je le vois. Elle non plus ne me répondit pas. Je peinai à déglutir. Mes yeux commencèrent seulement à s'acclimater à tout ce qu'ils voyaient.

Je ressentis cette douleur atroce à l'intérieur de moi. Des larmes commencèrent à embuer ma vision. Je fis appel à mes autres sens pour ne pas craquer et perdre tout espoir. J'avais envie de crier pour qu'il sache que j'étais réveillée.

Joshua, je suis là. Regarde-moi s'il te plait.

Je me concentrai pour essayer d'entendre quelque chose. J'entendis une machine faire du bruit, ainsi que sa respiration lente. Je laissai sa respiration calme me rassurer un peu. J'inspirai au rythme de son souffle en fermant les yeux pour ne pas paniquer complétement. Je comptai dans ma tête en faisant revivre sa voix qui comptait avec moi.

Tout à coup, je sentis son souffle sur mon front. Mon corps perçut le sien qui me collait, et ses bras qui m'enveloppaient. Je me concentrai encore un peu plus. J'entendis des petits bruits étranges comme des petits suçotements quasi imperceptibles. Je ne me souvenais pas qu'il faisait ce genre de choses avec sa bouche en dormant.

Son odeur de menthe poivré emplit mes narines. Mes sens s'aiguisèrent doucement. Mes perceptions se firent plus importantes. Une odeur de lait de toilette me parvint. J'en devins impatiente. J'ouvris de nouveau les yeux, il fallait que je le voie. Je devais le voir.

Ecorchés Tome 2 (Correction)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant