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Quel soulagement d'avoir enfin fini ce cours ! J'ai beau apprécier la professeure et ses exercices, trois heures de suite et les insinuations de Lucie, au sujet de Simon, sont bien trop lourdes à supporter. J'ai hâte de rentrer à la maison. Alors, pourvu que ce que Tristan a à me dire soit rapide.

D'un pas décidé, Lucie et moi descendons les escaliers alors que la Fac est complètement vide. Par les fenêtres, on voit qu'il s'est remis à neiger et l'idée d'aller dehors ne m'enchante pas. Surtout que j'ai bien quinze minutes de marche jusqu'au garage de mon cousin, puisqu'aucun tram ne dessert son quartier. Quelle joie !

Une fois arrivées dans le hall, je dis au revoir à Lucie, qui ne sort pas du même côté de la fac que moi. Nos embrassades traînent un peu en longueur, de ce fait, quand je reprends mon chemin, Simon est sur mes talons. Bien sûr, je fais mon maximum pour ne pas lui prêter attention et étonnement, il ne me dit rien. Nos textes l'auraient il perturbé autant que moi ?

Dehors, le vent glacial s'engouffre dans la cuvette que forme la cour de la Fac et je serre automatiquement les bras autour de mon corps. Quelle idée d'avoir construit l'entrée du bâtiment en contrebas de la rue ? En hiver il y fait pire que froid, il y a toujours du vent et c'est toujours sombre.

Tout en envoyant un texto à Maman pour la prévenir de mes plans, j'accélère le pas. Mais, lorsque j'arrive en bas des escaliers de bétons et que je lève le nez de mon téléphone, je m'aperçois qu'une silhouette bien connue m'attend, appuyée contre un muret à la lumière d'un lampadaire. Kevin. Il a les mains dans les poches de son perfecto en cuir noir, son bonnet loose gris, une grosse écharpe assortie et une cigarette coincée entre les lèvres. Ses yeux scrutent la rue à sa gauche et je devine qu'il secoue impatiemment l'une de ses jambes. A moins que ce ne soit de la nervosité.

A voir comme ça, la situation pourrait être romantique : la neige, le garçon qui attend dans le froid, le côté mystérieux et sexy. Mais en vrai, ça me fait totalement flipper et je ne sais pas quoi faire, parce que je ne veux pas lui parler. Est-ce que je dois faire demi-tour ? Me cacher dans un coin et attendre qu'il parte ? Et puis, comment est-ce qu'il a su que j'avais cours jusqu'à vingt heure ? Est-ce qu'il a encore parlé à Noé ?

Alors que je suis en pleine tergiversions, Simon passe à côté de moi, la tête baissée, les mains enfoncées dans ses poches et les épaules relevées pour affronter le froid. Je trouve en lui une lueur d'espoir, bien qu'à le voir comme ça, la ressemblance avec Kevin me revient en plein dans le visage. Je préfère passer du temps avec lui, plutôt que d'affronter mon ex.

En prenant une grande inspiration et après avoir jeté un petit coup d'œil à Kevin, qui ne m'a toujours pas remarquée, j'attrape le bras du grunge. L'air surpris, il se tourne vers moi.

-Un problème ?

-Oui en effet, je ...

Ça me dérange de lui demander de l'aide après avoir été si froide avec lui. En grimaçant, je reprends :

-Est-ce que tu pourrais juste me parler jusqu'à ce que je te dise que tu peux me laisser ?

Il hausse un sourcil, en ajustant la bride de son sac sur son épaule, et sans que je ne lui dise rien, il lève les yeux vers le haut des escaliers. Quand son regard revient à nouveau sur moi, il sourit.

-Tu l'as largué donc ?

Je souffle de dépit et renverse la tête en arrière. Chagrinée, je prends mon air le plus implorant et le regarde droit dans les yeux.

-Simon, s'il te plaît.

Dans un geste étrangement sexy, il se mordille la lèvre, puis commence à grimper les escaliers. Pendant quelques instants, je crois qu'il se venge et qu'il refuse de m'aider, mais, finalement, il me demande :

Ascendant. ~ [Publié chez Nisha Et Caetera]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant