Ascendant. ~ [Publié chez Nisha Et Caetera]

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J'ai bu trop de verres. Non, non. J'ai bu trop rapidement et j'ai fait trop de mélange. C'est ça le véritable problème. Peut-être que si je me concentre assez, je ne sentirais plus les effets de l'alcool. Si je fais comme si j'allais bien, peut-être que mon esprit arrêtera d'être flou, tout comme ma vision. Oui, ça va sûrement marcher, après tout : quand on veut on peut !

Une main appuyée sur la table pour me stabiliser, je regarde Tristan croquer calmement dans son morceau de citron, alors qu'à côté de lui Cohade lance le dé. Nous ne sommes plus que quatre à jouer : Capu, Cohade, mon cousin et moi. Les autres ont été éliminés par mal chance, aucun n'a abandonné.

-Putain, fais chier !

Cohade lance violemment son gobelet sur la table, alors que je me penche en plissant les yeux pour voir ce qu'annonce le dé. Un quatre. Il est éliminé. Tristan et moi, on se met à rire alors que Capu attrape le dé, la main tremblante. Elle n'a pas l'air très en forme. Elle est sûrement au même stade que moi : les jambes qui flageolent ; la vue trouble ; les lèvres qui brûlent ; la bouche sèche ; et pire que tout, la vessie à deux doigts d'exploser.
En prenant une grande inspiration, elle lâche le dé qui tombe directement la face trois vers le haut. Désolée, elle laisse tomber sa tête et la secoue négativement. Elle ne se sent pas capable de boire, si elle le fait elle va être malade. Doucement, je pose ma main sur son bras et elle relève la tête.

-J'les prends.

Ma voix est pâteuse, mais elle me comprends et acquiesce. Ce n'est pas raisonnable, seulement je préfère que ce soit moi qui soit mal plutôt qu'elle.

-Merci ...

Pour seule réponse, je lui fais un clin d'œil un peu maladroit, puis me retourne en souriant vers mon cousin.

-C'est entre toi et moi alors.

Je lui adresse un sourire carnassier et rempli tant bien que mal mon fond de verre, en plissant les yeux pour y voir plus clair, puis attrape le sel en en mettant plus sur la table que sur ma main.

Avec le mouvement le moins gracieux du monde, je lèche ma peau puis vide la tequila dans ma bouche. Je ne sais pas à combien je suis de lampés, mais je finis par ne plus sentir le liquide descendre dans ma gorge, ni même être agressée par l'acidité du citron.

-Encore deux ma grande.

A travers le voile que j'ai devant les yeux, je jette un petit regard à Tristan qui se marre en face de moi. Il a l'air en pleine forme, ça me désole, pourtant je suis bien déterminée à gagner.

Vivement, je secoue ma main pour l'éviter de trembler et attrape la bouteille de tequila. Deux verres. J'ai l'impression que c'est rien et qu'en même temps, c'est énorme. Une part de moi, celle qui aime la victoire, me pousse à continuer, alors que l'autre, la plus raisonnable, ne cesse de me répéter que je ne vais pas tenir le coup. C'est sûrement le cas, mais bizarrement, je m'en fous. J'ai l'habitude de boire et je connais mes limites. Je ne les ai pas encore atteintes.

Déterminée, je vide à nouveau du sel sur ma peau, le lèche et descend la Tequila comme si c'était de l'eau. Je ne grimace même pas en mangeant le citron, je me contente de m'essuyer la bouche du revers de la main. Je vais avoir les lèvres gercées demain.

-Calli, tu devrais peut-être arrêter non ?

En grimaçant, je relève les yeux vers un Tristan flou et secoue vivement la tête, ce qui me donne des vertiges. Maladroitement, je m'agrippe à la table et serre mes jambes pour retenir mon envie d'aller aux toilettes.

-Et t'laisser gagner ? Jamais d'la vie !

Après m'être stabilisée, je fronce les sourcils et me sers un nouveau verre, en en vidant la moitié à côté.