Ascendant. ~ [Publié chez Nisha Et Caetera]

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Je dois bien admettre que Simon est quelqu'un d'agréable. Hier soir, après avoir parlé avec mon cousin pendant de longues minutes de moteurs, de mécanique et de tout un tas de trucs auxquels je ne comprenais rien, il a été le seul à s'apercevoir que je somnolais sur ma chaise et a proposé de me raccompagner. Bon, tête de mule comme je suis, j'ai refusé et au final, c'est Tristan qui m'a ramenée chez moi en voiture. Il a donc eu l'occasion de m'annoncer son information importante : il a mis les pneus neige et a encore boosté le moteur de la DS3. On n'a vraiment pas la même définition "d'important" et en définitive, je suis allée au garage pour rien.

Accoudée au chariot du supermarché, au milieu de l'allée des alcools, je regarde mon cousin qui hésite devant les bouteilles de Vodka. Cela va bientôt faire une heure que l'on est dans le magasin et Tristan passe trente ans devant chaque rayon, comme si faire son choix se révélait être une épreuve extrême. C'est bien l'un des rares moments où il peut être concentré.

-Si tu continues comme ça, on n'est pas près de la faire cette soirée.

-Tu te souviens de ce que Malo prend ?

Des fois, j'ai l'impression de parler dans le vide avec Tristan. C'est un peu comme s'il entendait que ce qu'il voulait.

-Qu'est-ce qu'on en a à faire ?

Les yeux toujours rivés sur le rayon, il secoue négativement la tête. Il a quand même l'air d'un imbécile planté au milieu du rayon, sa bouteille de Clan Campbell sous le bras et son Get 27 dans la main.

-Je veux être meilleur que lui. Je veux qu'on arrête de me parler de ses fêtes et qu'on parle que des miennes.

Dépitée, je secoue la tête et souris à demi.

-Tu as conscience que c'est l'un de tes meilleurs potes quand même ? Ça sert à quoi d'avoir l'esprit de compétition pour ça ?

-À montrer que moi aussi je gère.

Il se tourne vers moi en me montrant le rayon.

-Bon alors, laquelle ?

-Il prend de l'Eristoff.

Comme si je n'avais rien dit, il attrape une bouteille de Smirnoff, puis vient tout mettre dans le chariot. Je le regarde faire, dans l'attente d'une explication. Quand son regard croise le mien, je hausse les sourcils et il me dit :

-J'ai entendu les gens dire que sa vodka était dégueulasse.

Il me désespère à un point inimaginable ...

C'est fou, lui et Malo sont comme cul et chemise, mais dès qu'ils en ont l'occasion, ils se lancent dans des petites compétitions. Celui qui draguera le plus de filles lors d'une soirée ; celui qui mettra le plus de mecs K.O lors d'une bagarre ; celui qui gagnera le plus de Runs etc. Leur amitié est étonnante.

Difficilement, je pousse de toutes mes forces sur le caddie bien rempli, tandis que Tristan me regarde galérer, en enfonçant ses mains dans les poches de sa veste en jean. Tant bien que mal, je me dirige dans l'allée en évitant au maximum de rentrer dans les rayonnages. Dans la poche de mon manteau, mon portable se met à vibrer, mais je ne le sors pas tout de suite. Si j'enlève ne serait-ce qu'une main du caddie, je fonce tout droit dans les bouteilles de vin. Et je ne peux pas compter sur mon cousin pour m'aider : à un mètre devant moi, il lève le nez comme s'il était dans les nuages. Pour la galanterie, on repassera.

-Tu as invité tes copines ?

Il ne se retourne même pas pour vérifier que je suis bien derrière lui.

-Oui, elles arrivent vers vingt et une heure et je leur ai donné l'adresse.

Il acquiesce et gratte sa barbe de trois jours, comme s'il réfléchissait. Je le trouve plus viril quand il a ce côté négligé. Certes, en temps normal avec ses tatouages et sa silhouette un minimum musclée, il en impose assez. Mais j'ai toujours trouvé que ses yeux bleus, ses traits fins et son sourire enfantin cassaient l'image qu'il voulait donner. Sa petite barbe et ses cheveux en bataille ont tendance à lui redonner un peu d'aplomb.