Ascendant. ~ [Publié chez Nisha Et Caetera]

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Dormir n'est pas une tâche facile lorsque ton esprit a décidé de remettre en question toute la nature humaine, mais aussi, de passer en revue toutes les réactions de tes parents face à tes erreurs. Voilà pourquoi je me retrouve épuisée et prête ni physiquement ni mentalement à aller chez ma grand-mère, pour un repas de famille. Surtout que le pire n'est pas encore arrivé : mes parents n'ont pas encore découvert pour la voiture. Du moins, c'est ce que j'en déduis puisque je n'ai entendu ni injures de la part de Papa, ni cris de désolation de la part de Maman. Du coup, la boule de stress qui s'est installée dans mon ventre cette nuit devient de plus en plus grosse.

Assise par terre devant le miroir de mon armoire, j'essaye de faire quelque chose de mes cheveux mouillés. Mon carré commence déjà à friser et à remonter au niveau de mon menton, pour former une touffe ignoble sur ma tête. Je ne peux décemment pas rester comme ça. Je décide donc de me faire un chignon, puis me maquille pour cacher toutes ces traces de fatigue. On me croirait tout droit sortie de The Walking Dead, c'est affolant.

Une fois que le maquillage et la coiffure sont fais, je me relève et me regarde une dernière fois dans le miroir. J'ai beau avoir opté pour un legging noir confortable, j'ai tout de même fait un minimum d'efforts en l'accordant avec un pull beige ample sur une chemise en jean. Et j'espère bien que ma grand-mère le remarquera cet effort, parce qu'avec la fatigue, je ne crois pas que je serais capable d'encaisser une critique.

Sans grand enthousiasme, j'enfile mes bottines, attrape mon portable et ouvre la porte. En arrivant sur le pallier, je manque de rentrer dans mon frère qui s'apprête à descendre les escaliers. Il n'a pas l'air d'avoir bien dormi lui non plus, au vu des cernes sous ses yeux, mais il ne semble pas aussi mal qu'hier.

-Comment tu te sens ?

Noé hausse les épaules et continue son chemin jusqu'à l'escalier.

Ok, il a repris son attitude d'adolescent "je m'en foutiste". En soufflant, je le rattrape par le bras.

-Tu as le droit d'être stressé, tu le sais hein ?

-J'ai plus envie de parler de ça Calliope.

Je lève les mains en l'air et acquiesce.

-D'accord. Je comprends. Mais quoi qu'il arrive, n'oublie pas que je ne dirais rien aux parents.

-Ouais je sais.

Sans se retourner, il descend les marches. Je sens qu'à l'intérieur, il est une vraie tornade, bien qu'il ne veuille pas le dire. Et dans le fond, ça me fait un peu mal qu'il ne me remercie pas pour ce que je fais pour lui. Je sais que c'est mon frère et que c'est mon rôle, mais un merci, c'est juste un simple petit mot. En y réfléchissant, je devrais aussi penser à le remercier pour ce qu'il fait pour moi. Après tout, cela fait déjà plusieurs années qu'il garde mon secret, bien que ça le démange de tout révéler.

-Calli dépêche-toi, on va être en retard !

La voix de Maman me sort de mes pensées. Il est temps d'aller mentir !

Je respire un grand coup et rejoins tout le monde au rez-de-chaussée. Maman s'est légèrement pomponnée et tient un bouquet de fleurs, alors qu'à côté d'elle, Papa est boudiné dans un vieux pull bleu marine, une bouteille de vin à la main. C'est toujours surprenant de les voir l'un à côté de l'autre. Autant psychologiquement ils sont très complémentaires, autant physiquement, personne ne les aurait jamais imaginés ensemble. Du moins, maintenant, parce qu'apparemment, mon père était un très bel homme avant qu'il ne prenne tout ce poids et qu'il ne commence à perdre ses cheveux.

-Tout le monde est prêt ? On peut y aller ?

« Non, Maman. » C'est ce que j'ai envie de répondre, pourtant, j'esquisse un sourire et acquiesce.