Ascendant. ~ [Publié chez Nisha Et Caetera]

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J'ai l'impression d'être une gamine qui se fait disputer par son père. J'ai toujours su que Paul était quelqu'un de très protecteur et responsable, mais à ce point c'est surprenant. Ça me force au respect et je n'ose même pas ouvrir la bouche pour protester. Aujourd'hui, il endosse le rôle de l'adulte.

Assise dans le canapé à côté de Tristan, je regarde les pieds de Paul, qui fait les cent pas devant nous. On dirait un lion en cage, je n'aime pas ça. A l'inverse de lui, Malo est impassible et reste calmement appuyé contre le mur, les bras croisés sur la poitrine.

-Vous êtes des vrais gamins sérieux. Vous vous êtes comportés comme des adolescents et il n'y en a pas un pour rattraper l'autre.

Son ton beaucoup trop fort me fait mal au crâne, mais je ne dis rien. Après tout, je n'ai que ce que je mérite.

-Déjà toi Calliope, je croyais que tu connaissais tes limites ? Tu avais quoi dans la tête hier soir ? Tu voulais faire un coma éthylique ? Tu crois que jouer avec ta vie c'est marrant ? Tu n'imagines même pas comment j'ai flippé quand j'ai vu que tu étais plus dans le salon, heureusement qu'Halard veillait sur toi.

Je me mords l'intérieur de la joue et relève les yeux sur Paul, sans répondre.

-Et toi Tristan, quand tu as vu qu'elle était mal, plutôt que de la pousser à continuer, tu n'aurais pas pu l'arrêter ? C'est ta cousine, je pensais que tu tenais assez à elle pour faire attention à son état. Parce qu'en admettant qu'elle était trop saoule pour avoir les idées clairs, toi tu les avais un minimum. Tu aurais pu dire stop à ce jeu idiot. Vous n'y gagnez rien en plus !

Paul fait des grands gestes avec ses mains et je grimace à chaque fois que sa voix monte d'une octave.

-T'étais même pas avec nous Paul, alors calme toi !

-J'ai vu une partie de ce qu'il s'est passé, Tristan. Le temps que j'aille prévenir Maïly que j'allais revenir, Calliope avait disparu. Mais crois-moi, rien qu'en la voyant pendant deux secondes, je me suis rendu compte qu'elle allait mal et qu'il ne fallait pas la laisser seule. Mais toi, ça tu t'en fous !

Les yeux de Paul sont noirs de colère. À côté de moi, Tristan souffle et se redresse un peu dans le canapé. D'une voix détachée, il dit :

-Écoute mec, j'ai vingt-trois ans, elle en a presque vingt. Je pense que l'on a pas besoin de ton sermon. On gère nos vies comme on veut et si d'après toi on est pas assez mature, rien ne te retient avec nous. Elle savait ce qu'elle faisait et moi aussi. T'es pas notre père, t'as pas à nous dire ce qu'on doit faire. Et ok, elle était mal, mais si elle est là aujourd'hui, c'est bien qu'elle avait un minimum conscience de ce qu'il se passait.

Mon ami s'arrête en face de Tristan, les bras croisés sur la poitrine et les sourcils levés. Ça va partir en cacahuète entre eux.

-Visiblement, ce n'est pas le cas. Regarde son état !

Les trois paires d'yeux se braquent sur moi et je regarde les garçons chacun leur tour, en déglutissant difficilement. Je me sens vraiment de plus en plus comme une gamine prise en faute.

-La seule raison pour laquelle elle est là aujourd'hui comme tu dis, c'est parce que Halard a été le seul à agir correctement et à prendre soin d'elle.

-J'ai peut-être été un peu entraînée par l'euphorie du moment.

Ma voix est encore rauque et on dirait que ça fait des années que je fume. Malo secoue la tête, alors que Paul serre les mâchoires et tourne la tête vers moi, avant de dire :

-D'habitude, tu finis saoule au point d'être joyeuse, mais pas au point de tomber dans les vapes. Je parie que tu ne te souviens même pas de ta soirée.