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J'ai l'irrésistible envie de lui raconter toute mon histoire. Peut-être que c'est un vrai psychopathe et qu'il a atteint son but en gagnant ma confiance, mais j'ai vraiment envie de lui parler. Les mots me brûlent la langue et les idées se bousculent dans mon esprit. Je ne sais pas pour où commencer. Le commencement serait certainement une bonne idée. De toute façon, une fois que j'aurai commencé à parler, les paroles s'enchaîneront et je n'aurai plus besoin de réfléchir. Autant me jeter à l'eau !

Immobile au milieu du trottoir, mes yeux sont toujours plongés dans ceux gris de Simon. Il a arrêté de parler et semble attendre une réaction de ma part, alors, doucement, je déglutis et baisse le regard sur le sol. Nerveusement, je joue avec l'ourlet de mon manteau et prends une grande inspiration.

-J'avais un peu plus de quinze ans quand j'ai accompagné Tristan à son premier Run. Dès le départ, j'ai été séduite par l'ambiance, les voitures et surtout le côté Bad Boy du grand Perez. J'étais genre émerveillée.

Je relève les yeux sur Simon qui m'écoute attentivement et me remet à marcher.

-Comme j'étais qu'une gamine, on ne m'a pas pris pour "une fille objet". J'étais juste la cousine du nouveau, celle qui restait sur le côté de le route pendant qu'il faisait ses Runs, en fait, j'étais limite invisible.

Je fronce les sourcils et me sens obligée de préciser :

-Malo et Paul ne connaissait pas encore tout ça et on n'avait pas d'amis là-bas.

Poliment, Simon acquiesce et enfonce ses mains dans les poches de son pantalon.

-Enfin, je suis partie pour tout te raconter en détails, mais tu n'en as peut-être rien à faire.

-Non, continue, ça prouve que tu as confiance en moi si tu me dis tout de A à Z.

Gentiment, je lui souris et le regard gris de Simon me réconforte. C'est vraiment un type bien.

A nouveau, je prends une grande inspiration et reporte mon attention sur la rue devant moi, en serrant les bras autour de mon buste.

-Tous les samedis, j'allais aux courses juste pour fantasmer sur ce mec de cinq ans de plus, dont le côté dur à cuire me vendait du rêve. À cet âge-là, les filles rêvent de pop star et moi je rêvais d'un branleur qui faisait des courses de voitures illégales.

En secouant la tête, j'affiche un sourire désolée alors que l'on continue d'avancer. Je ne ressens plus vraiment les effets de l'alcool, mais maintenant que j'ai commencé à parler, j'ai besoin de continuer.

-Un an plus tard, Tristan a gagné son premier Run et en même temps, l'estime de Kevin. Ils sont devenus amis et faisaient les quatre cent coups ensemble, je les suivais comme leur ombre, je les trouvais cool. C'est de cette façon que j'ai appris à le connaître et que mon fantasme s'est transformé en amour d'adolescente. J'en devenais pathétique, à toujours tout faire pour aller dans son sens et être près de lui alors qu'il ne me remarquait même pas. Je connaissais tout sur lui, alors qu'il ne savait même pas mon prénom.

Les images des soirées et des Runs où je riais bêtement à ses blagues me reviennent à l'esprit. Je trouvais ça cool et je croyais que c'était la seule solution pour attirer son attention. Quelle idiote je faisais.

-Tristan m'avait prévenu de faire attention à lui, que je ne devrais pas m'attacher comme ça, que ce n'était pas un type bien mais c'était plus fort que moi. Je me faisais des films à son sujet, je l'imaginais comme je voulais qu'il soit et ça ne faisait qu'attiser mon amour pour lui. J'étais amoureuse de l'idée que je m'étais faite.

La déception transparaît dans ma voix et du coin de l'œil, je vois Simon me couver du regard.

-Et puis un soir, alors que j'allais avoir dix-sept ans, il est venu me voir pour commenter le Run de mon cousin. J'étais aux anges, moi qui croyais qu'il ne savait pas que j'existais.

Ascendant. ~ [Publié chez Nisha Et Caetera]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant