Chapitre 2

46 11 11
                                    

Pdv Matthew

Un bruit, et mon esprit replonge là où il ne devrait pas.

C'est avec le cerveau embué par plusieurs bières, descendues hier soir avec Lucas et Ellie, que j'ose ouvrir un œil pour tomber sur ce vieux poster qui me suit depuis mes dix- huit ans. Relire ce qu'il y a d'inscrit dessus, me permet de me remettre un peu les idées en place, me levant pour aller prendre un verre d'eau et une aspirine. Des voix peu discrètes émanent du couloir, les gens ne connaissent visiblement pas le respect du sommeil des autres. L'horloge de mon four me nargue en m'indiquant déjà dix heures trente, effaçant par la même occasion mon agacement naissant.

Prendre une douche me parait la meilleure solution pour réveiller mes muscles, mais au moment où je m'apprête à finir de me déshabiller, un énorme bruit se fait entendre sur le palier. Sans réfléchir, je me précipite, ouvrant ma porte d'entrée pour voir ce qu'il se passe. Mes deux nouvelles voisines sont dans le couloir avec deux hommes, qui semblent leur apporter tout l'électroménager, l'un deux se frottant la cheville. Quatre regards se braquent sur moi, suite à mon intrusion dans le couloir. Katarina, si je me souviens bien, me dévisage avec un air réprobateur.

- C'est bon maman, il n'est pas à poil non plus, s'amuse sa fille, à ses côtés.

- Emma !

- Oui pardon, il a eu la décence de sortir, en nous cachant ses attributs d'un bout de tissu !

Trente secondes, ce sont trente secondes de trop, avant d'enfin comprendre, que dans ma précipitation j'ai ouvert en caleçon. Et au lieu de retourner dans mon appartement pour enfiler un pantalon, je préfère rire avec Katarina de la phrase de sa fille. Celle-ci regarde d'ailleurs sa mère avec une tendresse particulière, le sourire aux lèvres.

- Bonjour à tous, désolé j'ai cru qu'il y avait eu quelque chose de grave dans le couloir.

- C'est gentil Matt, me répond Katarina.

Les yeux d'Emma se lèvent au ciel, comme si cette conversation l'ennuyait déjà profondément.

- Bon, nous on va devoir y aller ma petite dame, vous arriverez à tout porter jusque dans votre appartement ? demande l'un des techniciens, avant d'aider son collègue à se relever.

La mère d'Emma répond par l'affirmative, pendant que sa fille commence déjà à essayer de pousser seule la machine à laver.

- Vous voulez que je vous aide ? proposai-je.

- Avec plaisir ! s'exclame Katarina.

- Non merci, énonce Emma en même temps.

Le contraste entre la mère et la fille est assez saisissant, l'une a l'air d'aimer la compagnie des autres pendant que l'autre semble la détester au plus au point. Je me dépêche d'aller passer un pantalon de jogging et un tee shirt blanc pour aller donner un coup de main. Lucas et Ellie passent leur temps à me dire que je suis un peu trop serviable pour mon bien, mais pour moi c'est juste normal d'être là pour aider des personnes qui peuvent en avoir besoin. En revenant dans le couloir, Emma et la machine à laver n'y sont plus pendant que Katarina m'attend près d'un gros carton qui semble être un frigo.

- C'est vraiment très gentil de ta part Matt ! J'ai un petit souci au niveau du poignet, donc il faut attendre Emma pour déplacer le frigo, déclare-t-elle avec une pointe de tristesse dans la voix.

Donc la fille est la seule à pouvoir transporter l'électroménager et des cartons de meubles, et elle a refusé net ma proposition ? Pourtant en la voyant revenir, sans vouloir être méchant ce n'est pas avec son petit mètre cinquante-cinq et son poids plume qu'elle peut porter un frigo à l'aide de ses deux bras. D'ailleurs même moi je ne pourrais pas le faire, il faut être réaliste.

Sans finOù les histoires vivent. Découvrez maintenant