Chapitre 19

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Pdv Matthew

Mon coeur cogne toujours à un rythme effrené contre ma cage thoracique, alors qu'Emma est partie s'enfermer dans ma chambre depuis seulement quelques minutes. Ma neutralité apparente se fendille peu à peu dans cette douce pénombre dans laquelle je me suis plongé.

Son cri de desespoir tout à l'heure, a tout brisé en moi en une fraction de secondes. Elle a perdu son monde et j'étais là pour le constater, j'ai été celui qui assiste malgré lui à son enfer personnel. Et je n'ai pas su trouver les mots.

J'aurai voulu faire plus, mais les souvenirs m'ont assailli en voyant Katarina étendu au sol. Revivre ce jour-là, celui où, tout comme Emma, mon monde s'est écroulé m'a paralysé. C'est seulement quand elle a pointé la lame de ce couteau contre elle que mon esprit est revenu dans l'instant présent, afin de l'empêcher de commettre l'irréparable.

Alors que mes mains subissent les affres de ma tension qui ne cesse d'augmenter d'heures en heures, le grincement de la porte de ma chambre me stoppe net. Emma s'extirpe discrètement de celle-ci, se dirigeant vers la porte d'entrée.

- Emma ?

Elle se fige, avant de se tourner brusquemment dans ma direction, le flash de son téléphone m'aveuglant à moitié.

- Pourquoi je suis chez toi Matthew ? Je vais rentrer, ma mère va s'inquiéter sinon, chuchote-t-elle.

Sa confusion m'arrache le coeur. Je me lève doucement tout en allumant la petite lampe à l'extremité du canapé. Son visage apparaît sous la lumière jaunâtre. Les vestiges de ses larmes me percutent violemment, mais ce n'est rien comparé au regard vide qu'elle me lance. Plus rien ne semble animer son âme.

- Je suis désolé...

Ma gorge se noue, ne parvenant pas à lui infliger de nouveau cette perte avec mes paroles. Pourtant c'est bien l'effet que semble avoir mes mots. Sa respiration s'accélère d'un coup, son corps se recroquevillant pour tenter d'encaisser de nouveau cette information cruelle. Son portable se fracasse au sol, en même temps qu'elle tombe à genou secouée par un sanglot violent mais silencieux.

Sans réfléchir, je viens m'agenouiller face à elle, lentement ma main gauche se colle à son dos. Ne voulant pas la brusquer j'attends un geste de sa part. Celui-ci ne se fait pas attendre, Emma venant se blottir contre moi, sa tête se plaque de nouveau contre mon pectoral gauche, troublant mon rythme cardiaque. De ma main droite, je caresse doucement ses cheveux pour tenter d'apaiser le temps d'un instant sa souffrance.

D'une faible voix, je l'entends se murmurer qu'elle n'y arrivera pas. Mon menton se pose sur le haut de son crâne, pour tenter de masquer mon impuissance face à sa douleur.

Lorsqu'elle prend une grande inspiration, je reprend mes distances pour ne pas l'etouffer de ma présence. Son regard s'accroche au mien, sa tempête intérieure rencontrant la mienne. Je devrais pouvoir apaiser la sienne ayant vécu l'horreur aussi, pourtant je suis tout autant démuni que n'importe qui. Si je ne trouve pas les mots c'est peut-être que rien ne peux adoucir la perte aussi brutale de son pilier de vie.

J'aide Emma à se relever, alors qu'elle garde la tête baissée, visiblement honteuse d'avoir montrer ce qu'elle doit considérer comme une faiblesse.

- C'est dur la prison ?

Sa question, sortie de nulle part, me prend au dépourvu quelques secondes. Qu'est-ce qui se passe dans sa tête pour me demander ça maintenant.

Sans finOù les histoires vivent. Découvrez maintenant