Chapitre 27

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Le blanc envahit tout mon espace, le temps que mes yeux s'habituent à ce qui s'apparente à une chambre d'hopital. Ce lieu ravive les sensations du passé dans ma chair, avec la précision d'une lame aiguisée.
Comment va Matthew ? Je n'ai strictement aucun souvenir du trajet jusqu'ici. Savoir si lui aussi est en vie est la seule chose qui m'importe. Seul mon bras gauche semble touché donc je peux me relever sans mal. Pourtant, tout se met à tourner lorsque mon corps se tient enfin debout. Je me rattrape in extremis au lit.
C'est ce moment que choisit le medecin pour faire son entrée. Il se précipite sur moi pour m'aider à m'asseoir sur le bord du lit, non sans froncer exagerement les sourcils.

- Qu'est-ce que vous faites debout ?
Son ton sec, me paralyse immédiatement me sentant comme la petite fille idiote qu'on prend à faire une bêtise plus grosse qu'elle.

- Je voulais chercher mon copain, c'est lui qui conduisait. Est-ce qu'il va bien ?

Le visage du docteur change d'expression, mais l'épuisement m'empêche de comprendre l'émotion qui l'anime en cet instant. Est-ce que c'est grave? Oh mon Dieu, et s'il n'avait pas survécu, m'abandonnant lui aussi dans ce bas monde ?

- Oui c'est le jeune homme qui vous a amené ici, il paraissait en bonne santé.

Un long soupir de soulagement m'échappe, heureuse que lui n'ait rien.

- Vous pourrez lui dire de venir après ?

- Désolé jeune fille mais il est reparti et n'a pas souhaité nous laisser son numéro pour le rappeler à votre réveil.

Des sons sortent de sa bouche, mais je ne parviens pas à en comprendre le sens. Ce n'est pas Matthew, c'est sûr.

- C'est pas possible, moi je parle d'un grand brun musclé.

- Il s'appelait Matthew.

Mon coeur se serre à cette confirmation. Peut-être qu'il devait retourner chez lui et qu'il va revenir dès que possible. Mes yeux se posent vers la petite tablette à mes côtés afin de reperer rapidement mon téléphone. Il est bien là, mais il semble tellement abimé qu'une fois en main, son écran reste désespérément noir.

- Mis à part votre bras droit que l'on a dû platrer, vous n'avez que de légères contusions qui se resorberont d'elles-mêmes. Je vous signe la feuille de sortie. Ménagez-vous, bonne journée.

De nouveau seule, plusieurs émotions s'entrechoquent violemment. Est-ce que le seul être en qui j'ai donné toute ma confiance m'a vraiment abandonné ? Ce sentiment perfide qui me répond par l'affirmatif se fait une place de choix dans mon coeur, l'assombrissant instantanement.

Bien sûr qu'il ne veut pas troquer sa vie paisible pour celle totalement décousue que je ne peux que lui offrir. Et si maman avait raison et qu'il était temps pour moi de partir loin de tout ? Oublier cette vie et m'en construire une nouvelle?

Mon rire me surprend, incapable d'envisager une belle vie. Je ne sais pas ce que c'est de vivre sans cette peur constante, celle qui te ronge chaque soir qu'importe si ta journée s'est passée avec ou sans accrocs.

En passant les portes de l'hopital, mon corps entier se crispe en ne sachant plus vraiment où aller. Je n'ai pas la force d'aller voir Matthew si c'est pour confirmer le mauvais pressentiment qui ne me quitte plus depuis mon réveil.

Chaque pas déclenche une douleur à la hanche, me donnant une allure fragile que je deteste. En passant devant une vitrine, le reflet qu'elle me renvoie détruit le peu d'estime qu'il me restait. Actuellement mon physique n'est que le pâle reflet de ce que mon esprit subit. Plus rien ne semble freiner ma descente aux enfers.

Arrivée devant mon hôtel, mon coeur s'emballe légèrement craignant qu'une nouvelle fois quelqu'un se soit introduit dans ma chambre. Mais en penetrant à l'intérieur, seule l'odeur du propre m'agresse les narines. L'envie de prendre une douche chaude devient d'un coup l'unique pensée qui s'impose dans mon esprit.

Sans finOù les histoires vivent. Découvrez maintenant