Chapitre 22

10 5 8
                                    

PDV Matthew

Passer devant les scellés de cette porte d'entrée qui a vu l'horreur, me rappelle à quel point, bien que ce ne soit pas la solution, Emma est assez forte pour continuer à se battre pour sa mère. J'espère juste être à la hauteur pour la protéger de la dérive que peut entraîner un trop grand besoin de vengeance.

En pénètrant dans mon appartement, un sentiment étrange m'envahit d'un coup, le silence qui y règne est trop pesant. Mais c'est en découvrant des vêtements par terre, que je reste figé un instant en reconnaissant le pantalon d'Emma. Il y a également un teeshirt et un jean mais d'homme cette fois.

Mon esprit tente de rejeter l'idée qui s'insinue en moi, mais lorsque mon regard se porte sur le sous vêtement d'Emma, il n'y a plus de doutes possible. Mon rythme cardiaque fait une embardée quand la porte de la chambre d'amis s'ouvre sur elle, seulement vêtue d'un de mes teeshirt et les cheveux légèrement en bataille.

Le temps se suspend, quand mes pensées s'entrechoquent entre celles l'a trouvant si belle, et celles m'indiquant qu'elle vient de refermer le cadenas qu'elle avait elle-même entrouvert.
Putain mais quel con ! Comment j'ai pu autant baisser ma garde alors que je sais que l'amour n'existe pas.

Son regard ne soutient pas le mien, se baissant rapidement pour récupérer son pantalon. Je suis incapable de dire quoi que ce soit. Je me concentre seulement pour que la colère qui vient de carboniser le reste de coeur que j'avais, reste simplement en moi.

- Je... Désolée Matthew je ne pensais pas que tu reviendrais si tôt...

Mon rire la surprend. Alors la seule chose qui l'embête c'est d'avoir été grillée ? Mon poing se serre fortement pour ne pas plonger dans un abîme de haine. Face à moi, Emma se fait craquer les doigts dans un geste qui pourrait ressembler à de l'anxiété, mais elle m'a montré qu'elle était une très bonne comédienne. Elle se dirige maintenant vers ma chambre, probablement pour récuperer sa valise.

- Dégage immédiatement de chez moi.

Mon ton est si dur, qu'Emma sursaute légèrement à mes paroles. Le bruissement des draps me rappelle soudain qu'un connard c'est fait plaisir dans mon propre appartement.

- Je vais prendre ma...

- Non, tout de suite.

Elle se fige puis s'execute sans attendre. Lorsque la porte claque, je n'ai pas fait un pas que la silhouette de Lucas apparaît dans l'encadrement de la porte. Il est en boxer, les cheveux en pagaille, comme Emma quelques minutes plus tôt.

Tout déraille d'un coup, incapable de valider ce qui est pourtant sous mes yeux. Il n'y a plus que le battement de mon coeur cognant violemment contre ma cage thoracique, qui me confirme que je suis bien vivant. Tout vient de pourrir en une seconde.
Sans m'en rendre compte je viens de le plaquer fermement contre le mur, mon bras lui entravant la gorge.

- Wouah Matt, qu'est-ce qui te prend ?

Son regard perdu me fait douter une seconde, ce qui lui permet de se dégager.

- C'est bon, il n'y a pas mort d'homme !

L'indulgence que j'étais prêt à lui accorder s'explose en vol.

- Dégage.

Tout se brouille, n'arrivant plus à gérer la rage qui s'est étendu dans tout mon corps. Ma mâchoire se crispe violemment, quand il ose froncer des sourcils face à ma directive. Pourtant il a la sagesse de vite se rhabiller et s'en aller sans un mot.

Alors qu'il y a encore une minute, une multitude d'émotions contradictoires m'envahissaient, c'est le néant qui prend maintenant place dans le silence qui règne. Mon meilleur ami avec celle qui a fait vibrer mon coeur, c'est d'une banalité pathétique. On peut dire que je n'ai jamais su m'entourer visiblement.

Sans finOù les histoires vivent. Découvrez maintenant