Chapitre 28

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Pdv Matthew

Son visage s'illumine à ma phrase, et j'oublie l'espace d'un instant que nous sommes toujours coincés dans cet amas de tôles. Personne ne s'est arrêté, dévoilant clairement leur objectif. Ils ne vont pas s'attaquer à nous de manière frontale.

Mon ancienne douleur à l'épaule s'est ravivée mais c'est heureusement la seule blessure un peu sérieuse. L'état d'Emma m'inquiète beaucoup plus. Elle est restée inconsciente durant de trop longues minutes.

- Est-ce que tu peux me dire ton nom ton prénom et ta date de naissance, Emma ?

Ses yeux se braquent sur moi, apercevant une lueur de sarcasme dans ceux-ci.

- Je dirais Emma pour le prénom déjà.

En sa présence j'ai vraiment le cerveau qui se ramollit c'est affligeant.

- Sinon c'est Millers et pour la date de naissance ça se fait pas de demander l'âge d'une dame, s'amuse-t-elle.

- De toute façon je la connais déjà, c'est le 30 mars 2004.

Un abruti fini, c'est la seule définition qui me vient. La surprise se dessine sur son visage, elle doit trouver ça bizarre que je la connaisse. Et ça l'est car d'habitude j'oublie toutes les dates d'anniversaire. Mais pas le sien.

- Non mais c'était sur ta fiche d'inscription et puis j'ai une bonne mémoire.

- C'est quand celui de Lucas ?

- Le 15 juin.

Mon assurance parait la convaincre assez pour qu'elle me sourit tendrement, avant d'essayer de bouger. La douleur se peint sur son visage, réveillant toutes mes inquiétudes.
Ma main s'active rapidement pour tenter de trouver mon téléphone. Lorsque je le retrouve enfin, l'ecran est brisé mais il semble toujours fonctionner.
Pourtant impossible de taper le numéro 911, c'est seulement après plusieurs manipulations que je parviens à appeler le premier contact.

- Lucas, tu peux venir nous chercher, regarde ma localisation, on a eu un accident.

Mon portable s'éteint sans avoir pu entendre une quelconque réponse de Lucas, pas certain qu'il ait compris ma demande.

- Mon coeur s'est brisé à la mort de ma mère et j'ai cru que j'y survivrai pas, mais j'ai l'impression que tu as mis des centaines de petits pansements pour qu'il continue de battre Matthew.

Sa déclaration se loge directement en moi, chaque mot s'imprégnant sur les parois de cet organe qui ne croyait pas à ce genre de sentiments, avant de la rencontrer.
Ses yeux me fuient, mais d'un geste j'emprisonne avec douceur son menton pour que nos visages se retrouvent face à face.
Ce n'est pas du tout le moment et pourtant mes lèvres ne demandent qu'une seule chose, se sceller aux siennes. C'est elle qui franchit le dernier souffle nous séparant.

Ce baiser est le besoin vital d'être sûrs que tout cela est bien réel. Que ces sentiments, totalement nouveaux, sont réciproques. Nos mains s'enlacent, se raccrochant l'un à l'autre et c'est à cet instant que je comprends que je ne veux plus de ma vie si elle ne la partage pas.

Le temps s'égare certainement, car soudain la voiture de Lucas apparait dans mon champ de vision. Le connaissant il n'a pas dû rouler doucement, quand mon telephone a raccroché.

- Oh putain, mais tu sais plus conduire Matt ou quoi ? Vous allez bien ? Qu'est-ce qui s'est passé? Je peux pas vous laisser seuls une journée vous faites n'importe quoi !

Sa voix trahi son angoisse. Et sa dernière phrase qui se veut humoristique n'est qu'une façade pour tenter de reprendre le dessus.
Le léger rire d'Emma à mes côtés me tire néanmoins un sourire également.
Lucas se dirige directement vers la portière d'Emma pour tenter de l'ouvrir mais l'enfoncement est tel qu'il n'y parvient pas.

Sans finOù les histoires vivent. Découvrez maintenant