Chapitre 3

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Pdv Emma

Mon insociabilité m'a valu une bonne douche froide, grâce à la pluie diluvienne qui s'est abattue dans les rues de New-York, juste après le départ de Matthew. D'ailleurs, j'espère qu'il n'a pas perçu mon sursaut de peur lorsqu'il s'est arrêté à mon niveau. Il y a des réflexes qui s'ancrent à vie en soi, et malgré ma carapace, je suis bien loin d'être infaillible. Tout en montant les escaliers pour rejoindre enfin la chaleur de l'appartement, mon esprit s'égare dans des souvenirs qui arrivent immanquablement, à faire plonger dans les abîmes, ma relative bonne humeur.

- C'est moi ! criai-je, en franchissant le seuil de notre porte d'entrée.

Ma mère passe sa tête dans l'encadrement tout en me souriant, et l'odeur qui flotte dans la pièce principale, indique qu'elle est en train de nous préparer notre pizza d'emménagement. Il s'agit de notre petit rituel, une fois que tout est monté et installé, on vient s'asseoir sur des coussins à même le sol autour de la table basse, qui fait office de table, pour manger le repas le plus gras et sucré. Je me dépêche d'aller prendre une bonne douche chaude, enfiler le premier pyjama qui me passe sous la main et rejoins ma mère qui a déjà tout disposé.

- Alors mon poussin, ce premier entraînement ?

- C'était sympa, commençai-je, tout en prenant une grosse poignée de biscuits apéritifs. Ils ont un super niveau, donc je vais pouvoir apprendre ! Il n'y a qu'un seul bémol, terminai-je avant de boire une énorme gorgée de coca.

- Laisse-moi deviner, ils ont osé essayer de communiquer verbalement avec toi ? se moque-t-elle.

Je ne peux m'empêcher de rigoler légèrement avec elle, assumant totalement cette partie de ma personnalité.

- Ha Ha Ha ! Non encore pire que ça ! Le professeur n'est autre que le voisin !

- Mais c'est super ça, vous pourrez faire du covoiturage, d'ailleurs il aurait pu te proposer de te ramener, quand même, vu le temps !

Elle scrute mon visage assez longtemps pour comprendre d'elle-même, qu'il l'a bien fait et que j'ai refusé. Ses yeux se lèvent tout en secouant la tête avec dépit. L'air grave qu'elle prend ensuite annonce déjà que la suite de la discussion ne sera pas plaisante.

- Mon poussin, il faut que tu te fasses des amis, je ne serais peut-être pas touj...

- Stop, pour le moment tu es là et ça me suffit amplement, donc on ferait mieux de faire notre programme pour demain, non ?

Ma voix n'est pas aussi assurée que d'habitude, et les quelques larmes qui tentent vainement de s'agglutiner aux coins des yeux y sont pour beaucoup. Parler de l'éventualité qu'elle puisse ne plus être là, c'est ouvrir beaucoup trop de portes sordides dans mon esprit. Ma mère le comprend rapidement, et m'adresse un large sourire en signe d'abandon sur cette discussion. Après avoir tout planifié, on part toutes les deux se coucher avec une petite excitation.

Une fois allongée, je visse mes écouteurs dans les oreilles pour tenter de m'endormir rapidement. La musique me permet de couvrir les souvenirs auditifs qui m'envahissent chaque fois que la nuit reprend ses droits. Et lorsque les premières notes de la chanson Zombie de The Cranberries retentit, comme tous les soirs, mes larmes coulent dans le silence de la mélodie, m'emportant petit à petit loin de tout.

La sonnerie de mon réveil résonne sous mon crâne, comme tous les matins, et comme tous les matins je peste contre ce réveil trop brutal. Étant la première debout, j'en profite pour préparer un bon petit déjeuner à ma mère, mais bien évidemment au moment de l'allumage de la machine à café le bruit la réveille, émergeant visiblement avec peine de son sommeil.

Sans finOù les histoires vivent. Découvrez maintenant