Chapitre 18

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Pdv Emma

Son bras tente de faire barrage, en constatant que la porte d'entrée de l'appartement est légèrement entrouverte. Mais il ne me faut qu'une fraction de secondes pour le contourner et me précipiter vers la porte. Mon coeur cogne si fort dans ma cage thoracique que j'en ai presque le souffle coupé quand je m'engouffre sans attendre chez moi.

- Maman ?

En allumant la lumière, mes muscles se crispent fortement en constatant le désordre qu'il regne dans le salon et la cuisine. Une larme s'échappe devant ce décor qui n'est plus celui de mon appartement mais d'un souvenir du passé. Mon corps tente de faire le moins de bruit et mouvement possible, essayant visiblement de se faire petit.

Matthew est derriere moi, attendant sans un mots. C'est bien ça le pire, ce silence glaçant qui m'entoure maintenant, me paralysant de peur. Elle s'infiltre en moi par tous les pores de ma peau, provoquant un léger tremblement de mes mains. C'est celui-ci qui me fait reprendre la maîtrise de mon corps.

- Maman !

C'est à peine perceptible, mais je l'entends. Ce petit râle de douleur, qui vient mettre en alerte tous mes sens, me précipitant vers celui-ci. De loin il me semble entendre Matthew sortir son téléphone, mais je n'en suis pas certaine.

C'est lorsqu'on se trouve au bord du précipice, qu'on se rend compte que la montée n'était pas le plus dur.
Maman est étendue derrière le canapé, une mare de sang l'entourant tel un halo de l'enfer. Ma vue se trouble en me jetant à ses côtés pour tenter de réduire cette hémorragie dont je ne vois pas l'origine, tant les blessures sont nombreuses.

- Maman, ça va aller, Matthew a prévenu les secours, accroche-toi !

Ma voix n'est pas assurée, et j'espère que Matthew a vraiment appelé car mon regard n'arrive plus à se détacher de la seule personne qui me raccroche à la vie.
Ses paupières papillonnent légèrement, me redonnant un souffle d'air dans mes poumons qui s'asphyxiaient depuis mon entrée ici.

Ma main vient serrer fortement la sienne, pour tenter de lui insuffler toute la vie qui circule encore en moi. Ses lèvres s'entrouvrent légèrement à mon contact, me rapprochant immédiatement de son visage tuméfié.

- Je... t'aime... poussin...

Sa voix n'est qu'un murmure mais j'ai l'impression d'avoir reçu un énorme coup de poing en plein visage. Je ne veux pas entendre ces mots-là maintenant, je veux les entendre à l'hopital quand les médecins m'auront affirmés qu'une nouvelle fois elle a réussi. Que son envie irrépressible de vivre a été bien plus fort.

Son visage se déforme un peu plus de douleur, et même si tout en moi veut réfuter cette hypothèse qu'elle n'y parviendra peut-être pas, mon esprit fait le chemin à ma place.

- Je t'aime au delà de tout maman, mais s'il te plaît ne me quitte pas, je t'en supplie...

Mes larmes inondent mes joues, alors qu'un petit sourire vient étirer faiblement son visage.

- La...vie est...belle...poussin...mon tiroir, commode... je...t'aime...

Sa main se relâche doucement, et ses yeux si expressifs d'habitudes fixent maintenant le plafond sans une once de vie. Non, maman ne fait pas ça, m'abandonne pas ! Je la secoue légèrement, lui ordonnant de se réveiller ! Mais son corps reste irrémédiablement immobile.

Le goût du sang dans ma bouche, stoppe ce cri qui me déchire les entrailles. Ce n'est pas en train d'arriver ce n'est pas possible.

- Maman, réveille toi s'il te plaît, je peux pas vivre sans toi...

Sans finOù les histoires vivent. Découvrez maintenant