«𝗖𝗵𝗮𝗽𝗶𝘁𝗿𝗲 15» : 𝗆𝗈𝗇 𝗁𝖾́𝗋𝗈𝗌

52 5 14
                                    

La petite fille s'était retrouvée confrontée au reste du monde, seule.

Elle marche dans les grandes ruelles complètement effrayée, devrait elle demander de l'aide à ces simples inconnus, ou se cacher jusqu'à ce que celui qu'elle recherche vienne à elle ? La première option semble la plus raisonnable, et pourtant, l'orpheline n'en fit rien. Elle s'est contentée de marcher, de suivre la foule sans savoir où elle se dirigeait.

Et au bout d'un moment, elle ne savait même plus où elle se trouvait.

C'est clair, AFO m'a abandonnée.

Non, la brune ne peut pas s'autoriser à envisager cette hypothèse. Alors elle se reprend rapidement, et puis, munie d'un arrière goût amer, elle se dirige vers une ruelle. Elle est étroite, jonchée d'ordures et les odeurs entremêlées sont toutes bonnement nauséabondes.

Au crépuscule, alors qu'elle continuait son escapade dans ce coin perdu et empli de sans-abri, baissant la tête, elle constatait que ses belles paires de chaussures blanches neige, étaient lamentablement usées. Elle restait là à les contempler, et elle ne vit pas la personne qui l'avait bousculée.

Elle tomba au sol, son crâne heurta brutalement la grande poubelle derrière elle. Poussant des gémissements de douleur, elle se frotta l'arrière du crâne en se retenant de pleurer, espérant ainsi, dissiper l'atroce douleur qui la submergeait.

— Hé, fais gaffe, tu lui as fait mal, la pauvre petite.

Cet homme qui avait parlé, sa voix ne détonait pas de la pitié mais de la pur médiocrité. L'enfant grinça des dents, sa tête est penchée vers l'avant, personne ne pouvait voir ce regard noir qui se démarquait de ses sombres pupilles tremblantes.

— Une gamine ici.. t'es la fille de qui, toi ? La deuxième voix est beaucoup plus effrayante, la petite fille tressaille de tout son long.

— D... désolée... sa voix était aussi frêle que son corps endoloris, d'ailleurs, personne ne l'entendit.

— Quoi, qu'est-ce que tu jacasses ?

Elle s'était rapidement relevée, sans en dire plus elle s'enfuit, faisant fit de cette lourde douleur qui rongeait son être. Si elle avait levé les yeux, elle aurait reconnu ces cheveux noirs de la photo. Dans son évasion, elle avait trébuché à cause de plusieurs cannettes abandonnées au sol. L'enfant s'écorcha les mains jusqu'au coudes, son collant se troua au niveau de ses genoux. Elle s'assit, constatant l'ampleur de ses blessures.

Aïe aïe, ça pique !

Une larme s'écroula sur sa joue gauche, elle l'essuya rapidement à l'aide de sa main.

Elle aussi, elle piquote.

Ses lèvres tremblaient, sa gorge et son estomac se nouaient, ses yeux sont horriblement piquants. La brune aux longs cheveux défaits n'avait qu'une envie : pleurer à ne plus pouvoir. Ce besoin s'envole rapidement quand elle entendit, derrière son dos, suite à l'éclaboussement d'une goutte d'eau, le bruit de pas.

— T'aurais pas... une pièce ?

Elle s'était retournée, c'était le vieil homme qui avait abandonné ces canettes sur le béton sale de l'allée. C'est alors qu'à son tour, il remarqua le sang qui gisait à petite dose de son corps, tachant ses vêtements autrefois respectables. Une petite fille ne devrait pas supporter quelque chose d'aussi horrible, lui, qui a connu le bonheur avant la tristesse, la satiété avant la faim, la douceur des comptes de fées avant la dureté de la réalité. Il ne pouvait pas la laisser dans cette misérable situation. 

Alors, il lui tendit gentiment la main.

— Viens, j'ai pas grand-chose à t'offrir, mais j'ai de quoi faire un feu pour deux. Sa voix était lente, tremblante, mais bizarrement, elle parut rassurante pour l'enfant.

Humaine ⁱᶻᵘᵏᵘ ˣ ʳᵉᵃᵈᵉʳOù les histoires vivent. Découvrez maintenant