Chapitre 29

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CAMILLA






Mes talons claquent sur le sol en béton tandis que je bâille à m'en décrocher la mâchoire. Je suis épuisée, c'est le moins qu'on puisse dire. Mais je n'ai personne d'autre que moi à blâmer pour ça.

Hier soir, en rentrant chez moi à une heure du matin, j'étais irrésistiblement attirée par la machine à coudre que Dominik m'a offerte. Elle trône à côté de l'ancienne sur la solide table en bois qu'il nous a également donnée.

Elle est magnifique. Brillante et d'un blanc immaculé, elle offre tant de nouvelles possibilités.

Alors, je m'étais mise à coudre. Pendant trois heures, même si je devais me lever à sept heures trente pour aller travailler. Heureusement, notre emménagement dans le nouvel appartement a réduit mon trajet de moitié, mais malheureusement, je n'ai réussi à dormir que moins de quatre heures.

Et encore, je ne peux pas tout mettre sur mon dos, Dominik y est aussi pour quelque chose. C'est sa faute s'il bouleverse mon rythme de sommeil et me donne envie de créer sans cesse de nouvelles choses.

Pourtant, son visage me revient sans cesse à l'esprit et je me surprends à sourire sans le vouloir.

Machinalement, je sors mon téléphone de mon sac à main, les yeux rivés sur l'écran tandis que mon doigt appuie sur le bouton d'accueil. Un petit pincement au cœur m'envahit quand je constate que je n'ai aucun message en attente, mais je me ressaisis vite.

Cela fait seulement quelques jours que je ne l'ai pas vu, mais il m'a surprise cette semaine en commençant à m'envoyer des petits messages comme "Bonjour", "Bonne nuit", ou encore "As-tu mangé ?".

Je ne peux pas oublier à quel point mon cœur a bondi quand il m'a envoyé des rouleaux de printemps et des sushis lundi à mon travail de réceptionniste, après avoir avoué que je n'avais pas encore mangé. Il a demandé à son chauffeur de les apporter, accompagné d'un thermos de thé vert bien chaud. Le fait qu'il se souvienne de mon thé préféré me touche beaucoup.

Un sourire tendre se dessine sur mes lèvres en repensant à ce souvenir, juste au moment où mes pensées se tournent vers Juan. Le sourire s'efface aussi vite qu'il est apparu.

Je n'ai pas oublié comment s'est terminée notre dernière conversation, et cela me laisse un goût amer. Je n'aime pas me sentir rejetée, alors j'ai tenté de lui envoyer un message hier pour prendre de ses nouvelles. Il n'a pas répondu, ce à quoi je m'attendais, mais cela me fait quand même mal. Pourtant, je sais que je ne suis pas la seule à ressentir un malaise dans notre relation. Nos échanges sont-ils agréables ? Oui. Mais la plupart du temps, notre relation se résume à nos emplois du temps incompatibles, son manque de clarté sur ses déplacements professionnels et moi, mon envie de fuir la réalité. Et Juanito... il n'est pas mon échappatoire à ma réalité stressante et sombre. Dominik l'est. Et cette réalisation est à la fois surprenante et effrayante.

Mais mes pensées sont brutalement interrompues par le freinage brusque d'une voiture à côté de moi.

Les yeux écarquillés, je plonge la main dans mon sac à main et j'attrape l'arme que Dom m'a donnée, en même temps que je me retourne et que je fais face à la voiture noire, qui est à deux doigts de me percuter.

Midnight SunOù les histoires vivent. Découvrez maintenant