Chapitre 12

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CAMILLA






Cinq ans auparavant,
Mai.






— Qu'est-ce qui te fait sourire ? me demande ma collègue Lydia en s'asseyant à côté de moi.

J'étouffe un rire, gêné, mais je continue à ranger les chemises qu'un groupe d'adolescents a dérangées quelques minutes plus tôt. Ils ont tout essayé dans notre collection de printemps avant de partir sans rien acheter. J'aurais pu être agacé, mais en travaillant à Manhattan, je suis habitué à remettre de l'ordre dans les rayons.

— Je ris à cause de ces chemises, je lui avoue en lui montrant la chemise que je tiens. C'est tellement laid que c'en est comique.

Elle suit mon regard et fait la moue, mais elle ne peut s'empêcher de sourire aussi.

— C'est affreux, acquiesce-t-elle.

— Les hauts graphiques sont à la mode, j'ironise, lissant les plis de la chemise avant de la mettre sur la pile avec les autres. Même s'ils sont laids.

Elle hoche la tête et met ses mains dans ses poches avant de lever les yeux au ciel. J'observe avec amusement son visage se contracter dans une expression de souffrance.

— Il me reste encore trois heures, soupire-t-elle en baissant les yeux vers moi. Et toi, tu finis quand ?

Je regarde l'horloge et souris de joie en voyant qu'il est presque dix-huit heures.

— Dans quelques minutes, en fait.

— Tu as de la chance, fredonne-t-elle.

Je secoue vite la tête en riant.

— Je suis là depuis l'ouverture. Ne sois pas jalouse.

Je plaisante, même si je suis contente d'avoir un long quart de travail. Un salaire plus élevé est toujours le bienvenu.

Elle fait une grimace de dégoût.

— Je suis là depuis à peine une heure, se lamente-t-elle, me caressant le dos avec compassion. Pauvre enfant.

— Tu as un an de plus, je lui rappelle en riant.

— Techniquement, un an et demi, gazouille-t-elle en attrapant le bout de ma chemise que je n'ai pas encore touché. Tu es né en octobre, non ?

J'acquiesce et étire mon dos. Le sept.

C'est ce que papa m'a dit. Mais j'ai l'impression qu'il ne se souvient même pas de l'année de ma naissance. Il était trop occupé à boire et à jouer pour s'en souvenir.

— Une Balance, affirme-t-elle.

Je souris en pensant aux signes astrologiques.

— Ma sœur est fan de ces trucs. Elle se dit Gémeaux. La Balance et les Gémeaux s'entendent très bien, et elle utilise ça pour justifier notre complicité.

Midnight SunOù les histoires vivent. Découvrez maintenant