Chapitre 41

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CAMILLA






Nous restons silencieux pendant un long moment.

Le bruit assourdissant qui résonne dans mes oreilles m'empêche de trouver un peu de réconfort, même dans un sourire, comme je le fais d'habitude.

Un nouveau sentiment m'envahit, me distrayant légèrement de ma douleur : la rage.

Comment Dominik ose-t-il me faire ça ? S'immiscer dans ma vie pour s'en détourner au gré de ses envies ? Comment peut-il manipuler mes sentiments si aisément ? Comment peut-il me blesser plus profondément que mon propre père ?

Tout le monde s'en va, je pense, accablée par cette idée qui me déchire le cœur.

— Tu devrais mettre du baume à lèvres maintenant que tu as fini de manger, dit-il d'une voix calme.

Cette remarque me fait monter les larmes aux yeux.

Dans un accès de colère, je saisis le premier objet qui se trouve à portée de main et le lance en direction de Dominik, sans réfléchir. Ce n'est qu'en entendant son gémissement que je réalise que je viens de lui balancer l'oreiller sur lequel je dormais.

J'aimerais rire en le voyant surpris, mais ma colère est trop intense.

Je prends donc la couverture, prête à la lui envoyer également.

Dominik réduit la distance entre nous en saisissant mes poignets bandés.

Je lâche un gémissement et laisse tomber la couverture au sol sous l'effet de la douleur qui irradie dans mes bras.

Il desserre rapidement son étreinte, sans toutefois me lâcher.

— Cesse de mettre de la pression sur tes poignets. Ils ne cicatriseront pas correctement, avertit-il.

— Alors relâche-moi ! je crie en tentant de me libérer.

Il fait simplement glisser ses mains jusqu'à mes coudes avant de me rapprocher de son torse.

— Tu ne peux pas me dire que tu me quittes d'un côté, puis essayer de faire semblant que tu tiens à moi de l'autre.

Ses ongles s'enfoncent presque dans ma chair, comme s'il lutte pour se retenir d'accomplir un acte qu'il regretterait.

— Tu crois que je fais ça parce que j'aime te voir souffrir ? Tu penses vraiment que j'ai envie de te quitter ?

Mon silence fait durcir son visage, trahissant la colère qui bouillonne en lui.

— J'ai toujours pensé que j'étais égoïste. Je t'ai désiré, alors je t'ai pris. Peu m'importait si tu n'étais pas intéressée, car tu m'appartenais. C'était à moi de prendre. À moi de posséder.

Il parle de son passé, et je m'abandonne dans ses bras, ressentant qu'il revit ses blessures.

Il écarte la couverture de nos jambes, libérant un de mes coudes. J'allais le repousser quand il me saisit le menton, m'obligeant à le regarder.

Mon cœur se serre en croisant son regard frénétique.

— Il y a seulement quelques jours, j'ai réalisé que, même si je peux être égoïste à ton égard, je ne peux pas être égoïste pour toi. Je suis prêt à tout. Je serais capable de commettre des actes violents, de mutiler, de torturer, d'incendier cette ville maudite pour toi, sans le moindre remords pour les innocents qui te sont chers. Mais je ne peux plus te forcer à rester avec moi. Je ne peux pas être égoïste en te retenant pour moi-même. Surtout quand ta sécurité est en jeu, car je t'aime. Je suis profondément amoureux de toi, Solnyshko. Je t'aime. Je suis amoureux de toi.

Midnight SunOù les histoires vivent. Découvrez maintenant