Chapitre 8

366 41 22
                                    

Je n'ai pas vraiment bien dormi, non seulement parce que les garçons ronflaient assez fort mais aussi parce que Bill n'a pas cessé de me prendre dans ses bras dans son sommeil. Je voulais juste qu'on me laisse tranquille. Je me sens fatigué, je ne sais pas vraiment quand tout le monde s'est décidé à aller se coucher, mais ce qui était sûr c'est que le campement s'est endormi rapidement.

J'attrape mes affaires en prenant soin de ne pas faire de bruit et je sors de la tente. J'ouvre mon téléphone et constate qu'il n'est même pas encore huit heure du matin. Le campement est calme, je suppose que tout le monde dort paisiblement.

Je prends mes chaussures et décide de m'éloigner un peu pour aller me « laver » dans la rivière. Je regarde un peu aux alentours pour vérifier que rien ni personne ne peut me voir puis je me déshabille et rentre dans l'eau. D'abord doucement, puisque l'eau est froide j'ai du mal à avancer, je grince des dents au fur et à mesure que je m'avance. Lorsque j'arrive au milieu du cour d'eau, avec la flotte qui ruissèle entre mes jambes au niveau des genoux, je m'assois. Ma respiration se coupe quelques secondes le temps que mon corps, saisit par la fraicheur, s'habitue. Je me mets assis dans l'eau sur un rocher et bascule ma tête en arrière pour me mouiller les cheveux. Je me sens bien, après une soirée arrosée, mais pas trop, et une nuit compliquée, rien ne vaut un bon bain frais. Je sens mes muscles se tonifier et mon énergie circuler dans mon corps. Je ferme les yeux, écoute le bruit de l'eau qui coule, le chant des oiseaux dans les arbres, le vent léger qui fait bouger les feuilles et le bruit d'un grognement. Mes yeux s'ouvrent subitement, je tourne la tête et me retrouve face à un ours brun qui est au bord du ruisseau. Mon cœur commence à s'accélérer, je dois me relever et me dépêcher hors de l'eau, mais je suis pétrifié. Ce n'est pas vraiment comme ça que je m'imaginais perdre la vie, dévorer par un ours en plein milieu d'une forêt du Montana. Je recule doucement dans l'eau en m'efforçant de ne pas hurler, mais la panique est en train de me saisir et ma vue commence à se brouiller de larmes.

— Ne bouge pas !

Je me fige et fais ce que la voix grave que je reconnais m'indique. Je reste face à l'ours qui n'est plus qu'à deux petits mètres de moi. Tekoa qui est dans mon dos commence à parler fort en direction de l'animal, il s'avance dans l'eau et me dépasse alors que je suis toujours assis dans l'eau. L'ours grogne mais ne se relève pas, il montre ses dents en ouvrant la gueule, mais quand il voit Tekoa se tenir droit devant lui en lui disant fermement de s'en aller, il fait demi-tour et court alors dans la forêt. Le noiraud, qui ne porte qu'un jean qu'il a remonté sur ses mollets et dont les ourlets sont désormais mouillés, se retourne vers moi, ses cheveux totalement détachés à moitié humides.

— Ça va ?

Je suis encore assis, nu, dans l'eau, mais à cet instant je m'en fiche, mon cœur bat la chamade et les larmes de terreur ne cessent de couler sur mes joues. Je tente un regard vers le haut pour regarder mon colocataire qui se tient debout devant moi, je lui fais un timide oui de la tête. Avant de me passer de l'eau sur la figure, j'essaie de reprendre mes esprits et je me décide enfin à parler, seulement la panique ne s'est pas totalement dissipée, ma voix sort comme un souffle léger.

— Merci.

Tekoa se pencha en avant et me tend la main pour m'aider à me relever. Je reprends peu à peu mes esprits, depuis quand le noiraud peut-il être gentil ? J'ai vraiment du mal à le cerner. Cependant, lorsque je me décide à accepter sa main, je me rends compte à ce moment précis que je suis complètement nu. Tekoa sourit en coin, faisant ressortir sa fossette, il a très bien compris ma gêne.

— Ne t'en fais pas j'en ai déjà vu d'autres, rien ne m'impressionne.

Qu'est-ce qu'il veut dire par « j'en ai déjà vu d'autres » ? Des cas désespérés comme moi, ou d'autres personnes nues ou d'autres hommes nus ? Son sourire ne s'efface pas, et je commence à penser qu'il est vraiment beau quand il sourit, c'est vraiment dommage qu'il ne le fasse pas plus souvent. Je finis par accepter sa main, en essayant de cacher ma nudité avec l'autre. Tekoa me relève aisément sans aucun effort et je me sens déséquilibré. Je me retiens contre son torse, chaud, caramélisé et musclé.

Ranch Rocket Creek [MM]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant