Chapitre 29

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— Ce n'est pas comme ça que ça fonctionne, je vous demanderai de partir.

— Pourtant, j'ai payé.

— Sauf votre respect monsieur, nous sommes un hôtel de luxe et non une maison close. Au spa nous servons à prodiguer des soins à nos clients, en aucun cas nous faisons ce genre de service.

L'homme en serviette sur la table de massages me lance un regard amer, je me suis reculé et malgré le fait que je garde mon sang-froid, je me sens totalement déboussolé à l'intérieur.

— Vous entendrez parler de moi à vos responsables !

— Je vous en prie monsieur, Abigail est à la réception et Bill à l'écurie. Ne vous gênez pas. Je ne manquerai pas d'en parler à votre femme également.

— Est-ce que c'est une menace ? Vous ne savez pas dans quoi vous vous embarquez jeune homme et je pense que si vous le saviez, vous auriez aimé que je continue.

— J'en doute fortement !

Kaya est malade et, en tant que responsable, je n'ai pas voulu pénaliser les clients qui ont réservé alors j'ai pris les rendez-vous déjà enregistrés pour que tout se passe pour le mieux. Cela fait plus de huit mois que je travaille au ranch et jamais pendant ces huit mois je n'ai eu affaire à des clients détestables. Bien sûr, il faut bien une première fois à tout, et ce genre de clients qui se pensent tout permis parce qu'ils ont payé, me rappellent ce que j'ai pu vivre au moins une fois par mois lorsque j'étais à Seattle. Mais dans un ranch de luxe avec un spa de cette envergure jamais je n'aurais pensé que je vivrais la même chose ici. Le client en question a une cinquantaine d'année, il est bedonnant et il a les cheveux poivre et sel. Alors qu'il était allongé sur le ventre et que j'étais penché sur la table pour lui masser son dos nu et velu, l'homme, qui est nu sous la serviette qui couvre le bas de son corps, a glissé sa main sur ma cuisse. Pensant qu'il n'avait pas fait exprès je me suis décalé et j'ai continué, jusqu'à ce qu'il revienne avec sa main baladeuse et qu'il la remonte rapidement le long de ma cuisse jusqu'à mes fesses. Je lui ai attrapé le poignet et je me suis offusqué.

J'ouvre la pièce et sors de la salle de massage, je m'assois sur la chaise derrière le comptoir de l'accueil du spa où Michelle attend son prochain rendez-vous.

— Tout va bien Cameron ? Je t'ai entendu, dit-elle inquiète.

— Le client a essayé de me tripoter, j'ai dit que je n'étais pas d'accord. Il a insisté, je lui ai demandé de partir et il s'est énervé, j'attends qu'il s'en aille.

Je croise les bras en fixant la porte. Elle s'ouvre sur l'homme désormais habillé, il me regarde de travers avant de s'avancer vers moi.

— Dites au-revoir à votre ranch, vous n'êtes pas prêt de rester longtemps ici.

Je l'observe s'éloigner sans qu'il ne me lance un regard en arrière. Un frisson de dégoût me parcourt, je ne me sens pas bien. Je suis habitué, même si on ne s'habitue jamais vraiment à se faire tripoter par des inconnus, mais c'est surtout le ton et les mots de l'homme qui me serrent l'estomac. J'ai peur de devoir quitter le ranch.

*

J'ai été convoqué dans le bureau de Stephanie avec Abigail et Bill. Le client a été se plaindre à l'accueil en disant qu'il avait été très mal reçu et qu'en plus de ça je lui avais fait des avances et qu'il trouvait que c'était très déplacé. Il souhaite que la direction prenne les choses en main, et par cela il implique qu'il demande à ce que je sois renvoyé.

— Mais vous ne pouvez pas me faire ça, c'est faux !

— Cameron, je te crois, on te croit. Mais c'est un client très important et la situation est très délicate, on ne peut pas risquer que ses critiques soient mauvaises sur notre établissement, dit Bill.

Ranch Rocket Creek [MM]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant