Ranch Rocket Creek [MM]

Chapitre 27

Pendant le repas, Yahto n'arrête de me lancer des piques indirectes. J'essaie de faire bonne figure mais je peux céder à tout moment. Le reste du diner se déroule parfaitement, nous avons tous beaucoup discuté, beaucoup rigolé, mangé et bu. Nous sommes repus, la mère de Tekoa a préparé à manger pour un régiment, je suppose que c'est parce que nous sommes nombreux, mais il y a encore beaucoup de restes. J'aide Kaya à finir de faire la vaisselle avant de me diriger dans le salon vers la baie vitrée pour aller dehors. Les différents parents, ainsi que Paco sont assis dans le salon en train de discuter autour de la table basse sur laquelle des boissons sont encore disposées. Yahto, Wapi, Jay et Tekoa sont à l'extérieur sur la terrasse, assis sur une table de camping dehors à côté d'un réchaud en train de jouer aux cartes et de fumer pour les deux premiers garçons. Alors que je tends mon bras pour attraper ma veste, je m'arrête dans mon mouvement pour me concentrer sur la conversation en cours que j'entends au dehors.

— Ne me dis pas que tu as aimé Seattle, je ne te croirais pas, dit Yahto.

— C'était sympa, sa famille est vraiment cool.

— Pas à nous Tek', aller t'en as pensé quoi vraiment ?

— Sincèrement sa sœur et ses parents m'ont accueilli comme si j'avais toujours été là.

— Je ne te parle pas de sa famille, bien sûr que tu ne diras rien de mal sur eux, mais le reste ?

— Le reste ? Je n'aime toujours pas la ville, les gens sont tous stressés et c'est vrai que c'était chouette de monter en haut de la tour pour voir la vue de nuit, mais je ne m'émerveille pas devant des buildings.

— C'est vrai que les grosses villes c'est particulier, mais ça reste à voir en revanche ça doit être vraiment difficile d'y vivre, dit Jay.

— Et s'il te demandait de partir vivre là-bas avec lui ? demande Wapi.

— T'es malade ! Jamais, Tekoa ne changerait pour personne et encore moins pour un type comme lui. Il devrait se couper les cheveux et aller travailler dans un bureau, adieu la liberté bonjour l'angoisse.

Les rires qui suivent me serrent l'estomac, j'ai le sentiment d'étouffer, mes doigts se crispent sur le tissu de ma veste. Je n'entends pas la réponse de Tekoa mais il me l'a déjà donné ce matin de toute façon. Je n'entends pas mon petit ami me défendre et cela me blesse un peu plus. Je ne demanderai jamais à Tekoa de changer pour moi, mais le simple fait de savoir qu'il est capable de le faire pour moi, m'aurait rassuré. Je prends ma veste mais je ne me dirige pas vers la baie vitrée, je recule quelques pas et je passe à travers la cuisine où Kaya n'est déjà plus là. Je jette un coup d'œil par-dessus mon épaule et je passe la porte d'entrée. Mon cœur est serré et je me sens mal, une douleur dans la poitrine que je ne pensais pas revivre de sitôt, les larmes commencent à se former dans mes yeux. Je suis blessé, je suis en colère, je suis triste, je me sens perdu. J'ai l'impression que de toute façon je resterai à jamais le petit gars de la ville voulant s'insérer dans un groupe d'amis de toujours. Comme le pestiféré qu'on accueille par honte mais qu'on finit par rejeter à un moment ou un autre. Je presse le pas en m'éloignant de la maison. Mes affaires sont dans la chambre de Tekoa et je ne peux pas retourner les chercher. J'ai envie d'être seul et de m'écarter de tout ça. Heureusement, j'ai mon portefeuille dans ma poche ça me fera l'affaire pour la nuit. Je sors mon téléphone et j'appelle le premier numéro d'un taxi que je trouve.

Point de vue de Tekoa :

Kaya nous rejoint sur la terrasse alors que ces abrutis sont en train de rire, je lance des éclairs foudroyants à Yahto, il m'agace quand il cherche à reporter l'attention sur lui. C'est vrai, j'ai toujours dit que je ne changerai pour personne, mais depuis que je l'ai dit à Cameron ce matin, j'ai bien vu que je n'avais pas utilisé les bons mots.