Chapitre 12

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J'ai pris mes billets. Cette fois-ci, il est hors de question que je me refasse tout le chemin jusqu'à chez moi en bus. Je compte bien prendre l'avion. Je partirai à dix heures de Missoula et j'arriverai à dix heures trente à Seattle. En vérité, le vol dure une heure trente mais il y a une heure de décalage horaire entre les deux États. Je viens tout de même de dépenser six cent dollars pour mes billets d'avion mais grâce à mon travail au ranch j'ai aussi réussi à mettre pas mal d'argent de côté. C'est agréable de ne pas avoir à dépenser pour se nourrir, se loger et se laver et faire nettoyer son linge. Tout mon salaire rentre quasiment dans ma poche, en dehors de mon téléphone portable et de mon abonnement aux plateformes de streaming.

Je ferme mon sac à dos. Pour quatre jours, je compte voyager léger. Je jette un dernier coup d'œil à ma chambre, ce qui est sûr c'est que je suis content de retrouver mon immense lit chez mes parents, je vais pouvoir m'étaler comme bon me semble. Je ferme la porte et marche le long du couloir en souriant. Je descends au lobby et j'attends Abigail pour qu'elle m'emmène en voiture jusqu'à l'aéroport à Missoula.

— Cameron ! Je suis désolée ma voiture semble avoir un problème, Tekoa est en train de regarder ce qui cloche, mais ne t'en fais pas j'ai demandé à Bill et c'est lui qui t'accompagnera jusqu'à l'aéroport. Je te souhaite un bon voyage, profites en, mais reviens nous !

Elle me fait un sourire chaleureux avec une accolade. L'entente du prénom de Bill me noue l'estomac. Je vais devoir faire une heure trente de voiture en compagnie de l'homme qui a un béguin pour moi. Je suis gêné. Je me dirige à l'extérieur sur le parking où tous les salariés viennent se garer. Tekoa est penché sur une voiture le capot ouvert, en marcel blanc, en jean avec ses bottes en caoutchouc, sa tresse revient en avant. Les mains pleines de suie et aussi sur ses avant-bras. Il se redresse à l'entente de mon arrivée, et il passe son poignet sur son front en essayant de repousser ses petits cheveux de devant sa figure. A ce geste, une trace noire vient marquer son front, il attrape le chiffon qui pend sur la poche arrière de son jean pour s'essuyer les mains. Il me regarde et s'appuie contre la voiture.

— Alors prêt à retourner en ville ? Tu en avais marre de respirer de l'air pure et oxygénée ?

— Ne joue pas à l'arrogant. Tu as une trace noire sur le front, ça te fait perdre ta crédibilité. Surtout de parler d'air pure alors que t'as les mains pleines de produits nocifs.

Le brun me sourit et fait mine de tendre les mains vers moi quelques secondes. Je l'esquive et lève mon index vers lui.

— Ne t'avise pas de me toucher, je tiens à être propre pour prendre l'avion et arriver chez moi.

— Alors je n'ai même pas le droit à un baiser d'au revoir.

Je m'arrête quelques secondes, je fixe les yeux noirs et rieurs de mon interlocuteur. Certainement que Tekoa va me manquer pendant ses quatre petits jours. Mais est-ce que je vais lui manquer ?

— Cameron, c'est bon tu es prêt ?

Bill arrive, le chapeau beige, son regard océan, sa barbe impeccablement entretenue, une chemise bleu ciel à carreau sans manche, son jean brut et des bottes marrons au pieds. Il s'approche de Tekoa et l'un à côté de l'autre je me permets à cet instant de penser que l'indien l'emporte largement sur le cowboy.

— Je suis prêt, allons-y !

Je salue Tekoa qui me souhaite un bon vol et je prends place sur le côté passager dans la voiture de Bill. Ce dernier s'installe derrière le volant et il claque la porte. Il démarre la voiture et avance doucement sur le sol en terre. Je fais un sourire et un léger signe de la main à mon colocataire qui me répond en souriant également.

Ranch Rocket Creek [MM]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant