(III.3) L'artéfact

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Quatre jours plus tôt

Dimanche, 22h19.

Un anneau noir apparut dans le salon de l'appartement de Natzora et comme le lui permettait son hatsu Sekaiteki Mon, la jeune femme en sortit. La technique était extrêmement pratique et c'est la tête encore abasourdie par les derniers événements qu'elle s'empressa de sortir un grand sac de voyage de son placard avant de commencer à fourrer des affaires à l'intérieur. Les vêtements s'empilaient et en elle grandissait encore la douleur de sa mésaventure. Choisissant ses pièces au hasard, ses mains nerveuses agissaient presque sans qu'elle ne s'en rende compte, et le sac grossissait à vue d'œil. La réalité la rattrapa, elle n'en était qu'à la moitié quand elle s'effondra en larmes, le cœur anéanti.

« Il n'y a rien à attendre. »

Pourquoi cette phrase la faisait-elle tant souffrir ? Elle, qui le savait depuis déjà si longtemps, en quoi le dire à haute voix changeait-il la donne ? Son affection pour le chef de l'Araignée lui empêchait d'accepter ce que sa raison s'évertuait à enfoncer dans son crâne buté. Une faiblesse de l'âme qui lui infligeait des peines à répétition mais sur laquelle elle n'avait aucun pouvoir. Ce n'était pas faute d'avoir essayé.

Toujours bien décidée à quitter la ville pour quelques temps, elle attendit de s'être calmer pour appeler son meilleur ami et le prévenir de son départ avant de reprendre le remplissage de sa valise. L'esprit ailleurs, la femme négligea l'une des règles primordiales que lui avait enseigné l'homme à la croix inversée : « ne baisse jamais ta garde ». Et quand son sixième sens endormi se décida enfin à lui lancer un signal d'alarme, il était déjà trop tard.


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Ouvrir les yeux ne menait à rien, le bandeau sur ses yeux ne laissait passer aucune lumière et seules les secousses donnèrent à Natzora un indice sur le lieu où elle se trouvait. Elle entendit une porte s'ouvrir puis un bras l'agripper agressivement et l'extraire de ce qu'elle soupçonnait être un véhicule. La brutalité de son agresseur lui arracha quelques gémissements qui s'étouffèrent dans le bâillon coincé entre ses dents.

Après une marche maladroite qui dura de longues minutes, elle fut poussée en arrière et assise sur ce qui semblait être une chaise en bois. Elle sentit plusieurs mains la maintenir en place tandis qu'une matière rêche s'enroulait autour de ses poignets, ses cuisses et ses chevilles. Les personnes autour d'elle n'avaient pas prononcé une seule parole depuis qu'elle s'était réveillée. Elle sentait encore la douleur du coup qu'elle avait pris à la tête au moment de son enlèvement et n'avait aucune idée de la durée pendant laquelle elle avait été inconsciente.

La situation était critique et quand elle recouvra enfin la vue après que son bandeau lui fut retiré, la présence des trois hommes autour d'elle ne fit que le lui confirmer davantage. Natzora observa le visage de ces hommes qu'elle n'avait jamais vu puis inspecta la pièce comme elle le put. Les fenêtres rectangulaires placées en hauteur sur les murs indiquaient qu'elle se situait probablement dans un demi-sous-sol, et celui-ci avait tout de lugubre. Le sol y était poussiéreux et les murs noircis de salissures. Quelques étagères presque entièrement vides longeaient les murs et la pauvre ampoule au plafond qui pendait au bout de son fil faisait office de seule source de lumière.

Le grincement de l'unique porte se fit entendre, alertant Natzora qui détourna la tête dans sa direction. Un homme entra et la jeune femme resta ahurie par cette apparition. Avec toutes ces histoires, elle l'avait presque oublié. Cela ressemblait pourtant bien à ses méthodes et l'homme n'avait pas manqué de la menacer à de nombreuses reprises ces dernières semaines, alors finalement, sa situation était-elle si inattendue que cela ?

Nos cœurs alliés - Amor fati (Kuroro x OC)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant