(I.14) Le déroutant chef de l'Araignée

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Le meurtre d'Yvan Gonov n'avait pas apaisé le chef de la Brigade Fantôme autant qu'il l'aurait souhaité. Une sensation bien trop familière lui rongeait la poitrine et encombrait son esprit. La lune n'avait pas exhibé toutes les facettes de son cycle depuis leur dernière rencontre mais l'absence de Natzora le faisait pourtant bouillir de l'intérieur.

Kuroro voyait chez Natzora une sincérité profonde et une beauté naturelle si envoutante qu'y résister devenait de plus en plus problématique. Les amants ne s'étaient fait aucune promesse et n'avaient convenu d'aucun arrangement concernant leur relation mais cela ne les empêchait pas de s'écrire régulièrement des messages lorsque l'envie les en prenait.

Kuroro était un homme occupé. Entre la planification des missions de l'Araignée et leur réalisation, son cerveau travaillait sans cesse. S'il n'en montrait rien, le lancement d'une mission n'était jamais simple et certains membres de la Brigade avaient bien compris à quel point leur chef était un stratège hors pair, cherchant inlassablement à combler la moindre brèche dans ses plans. Cette débauche d'énergie avait un coût et c'était souvent sur son sommeil qu'il s'en faisait ressentir. Aussi éreintantes pouvaient être ses aventures, sa matière grise était sollicitée en permanence. Une ébullition perpétuelle qui ne trouvait même pas de vrai répit lorsqu'il se trouvait avec ses camarades et qu'il faisait tomber d'un fil le masque du rôle qu'il avait à jouer. Le rôle de l'imperturbable chef de l'Araignée.

Kuroro avait de plus en plus le sentiment qu'être à la tête d'un des groupes criminels le plus puissant de la planète ne lui suffisait plus, ou tout du moins, qu'il avait besoin d'autre chose. C'est ainsi que, sans trop s'en rendre compte, il se trouva posté sur le toit du bâtiment en face de celui dans lequel vivait Natzora. Il l'aperçut à trois ou quatre reprises passer devant la porte-fenêtre ouverte et qui donnait sur son salon. La fin de journée était chaude et les voilages qui encadraient sa fenêtre volaient doucement au rythme de la brise. La jeune femme portait un long t-shirt avec des dessins colorés sur le devant, si long qu'il cachait presque le short court qu'elle avait en-dessous.

Contenté par la vue mais aussi conscient de ne pas vouloir passer pour un voyeur, il décida qu'il était temps de tester la jeune femme. Il était en mode Zetsu depuis son arrivée et quels que soient les progrès de la jeune femme, il n'imaginait pas qu'elle puisse le détecter à une si grande distance tant qu'il y resterait. Il sauta facilement au-dessus du vide qui séparait les deux immeubles puis s'approcha de l'appartement discrètement jusqu'à arriver sur le balcon de l'étage supérieur au sien. Il s'accrocha à la rambarde et dans un silence ahurissant pour la manœuvre, il atterrit doucement sur son balcon. De là, il pouvait entendre Natzora chantonner et s'affairer dans la cuisine. Avec toujours autant de précaution, il écarta les rideaux clairs et pénétra dans le logement. Avec la délicatesse et l'assurance d'un prédateur, il traversa la pièce, marchant d'un pas expert entre le salon et le séjour pour atteindre la cuisine ouverte. Natzora était toujours de dos, occupée à préparer il ne savait quoi devant une planche en bois posée sur le plan de travail. Il contourna adroitement le bar et se trouva à moins de deux mètres derrière elle.

A peine eut-il fait un pas en avant que son instinct prît le dessus et lui ordonna de s'arrêter. Il avait eu un bon pressentiment, car en une fraction de seconde, Natzora pivota sur elle-même en envoyant un coup de pied renforcé sur son buste. Il accusa le coup et eut tout juste le temps de bloquer le couteau qu'elle tenait en main et s'apprêtait à planter dans son cou. Natzora ouvrit de grands yeux ronds de surprise quand elle reconnut son assaillant mais son cœur n'eut pas le temps de ralentir que d'un geste habile et d'une rapidité impossible à suivre, Kuroro récupéra le couteau, agrippa ses deux poignets d'une seule main et leva ses bras en l'air. Il se plaqua contre elle et les mains de la jeune femme cognèrent contre le meuble haut de la cuisine puis d'un geste brusque, il planta violemment la lame dans la planche en bois derrière elle.

Nos cœurs alliés - Amor fati (Kuroro x OC)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant