Nos cœurs alliés - Amor fati (Kuroro x OC)

(I.2) Le gala McCoy

Natzora avait noté dans un calepin tout ce que sa mère, ou belle-mère, ou mère adoptive – elle ne savait plus très bien comment faire référence à Dinnara – lui avait appris. Aussi désagréable avait été la rencontre, elle avait au moins obtenu une floppée de nouvelles informations et pas des moindres.

Elle retrouva le Kimjicho quelque temps plus tard et se confia à Yasu qui était le seul véritablement au courant de toute son histoire. Une larme avait échappée à son contrôle quand elle aborda la partie sur le décès de sa mère biologique. Elle se rendait compte qu'elle n'aurait même pas la chance de la connaître, Zyana resterait à jamais un mystère.

Sachant que Dinnara détestait Natzora et qu'elle avait gardé le secret de sa naissance pendant des années, Yasu avait suggéré que celle-ci avait peut-être menti sur la mort de Zyana mais Natzora n'y croyait pas. Cela concordait avec la période où son père avait été en dépression. De plus, si sa mère était toujours en vie, son père ne l'aurait certainement pas abandonnée à son propre sort et ne se serait pas installé avec Dinnara. Non, sa mère n'était plus de ce monde et espérer le contraire serait une torture sans fin.

Les jours avaient finalement adouci son amertume et l'événement à venir allait sans aucun doute faire office de bonne distraction. Un gala avait lieu le soir même dans le plus prestigieux hôtel de l'Atlas, cette île à mi-chemin entre les pays du Sahelta et d'Ochima. L'île en elle-même était la propriété d'un des hommes les plus puissants et riches de la planète : Sir Ignace McCoy. Un homme d'une élégance rarissime et dont les affaires légales comme illégales étaient monstrueusement florissantes. L'homme avait peu d'ennemi, ce qui était déjà un exploit en soi, et pour entretenir ses relations, il organisait une réception regroupant ses connaissances les plus méritantes tous les deux ans. Cette année, le Kimjicho avait eu l'honneur d'y être convié et il n'allait pas cracher dessus. Cette invitation, c'était la poule aux œufs d'or, l'occasion de rencontrer une ribambelle de potentiels clients aux poches bien remplies.

Sous la pression de Vera, Natzora et Lori s'étaient rendues chez un couturier trois semaines plus tôt pour que l'artisan prenne leurs mesures afin de concevoir les robes qu'elles porteraient pour la fête. La rousse n'avait pas trouvé au goût du jour la longue robe violette que Natzora avait achetée deux ans plus tôt et avait failli réduire en lambeaux le pantalon en cuir noir et le top grunge que Lori avait initialement prévu de porter. Après deux heures de rendez-vous que Lori avait comparé à une séance de torture digne des plus grands bourreaux de l'époque médiéval s'ils avaient été sous cocaïne, les trois femmes avaient finalement choisi leurs tenues et le couturier obtenu toutes les mensurations dont il avait besoin pour que ces tenues leur aillent à la perfection.

Vera avait récupéré les vêtements et les apportait à ses amies qui l'attendaient dans une chambre du Flower Resort. L'hôtel était entièrement réservé aux invités du gala pour la nuit ce qui était pour le mieux car s'offrir une nuit dans un palace tel que celui-ci aurait pu leur coûter un bras, voire deux. La plus jeune des trois déposa les housses dissimulant encore les tenues sur le grand lit double et laissa ses amies découvrir elles-mêmes le résultat du travail de maître du couturier.

Lori ouvrit la housse sur laquelle une étiquette à son nom était attachée et s'exclama presque aussi sec :

— Qu'est-ce que c'est que ce bordel ?!

Tranchant avec le ton furieux de Lori, Vera répondit avec légèreté :

— J'ai pris quelques libertés pour vos tenues. Trop tard pour changer quoi que ce soit.

— Je vais te pulvériser Vera. Du rose ? DU ROSE ?!

— Je t'en prie, tu ne vas pas en faire tout un plat ! rispota la grande rousse tandis qu'elle commençait à retirer ses vêtements. Seule le nœud papillon est rose, ce n'est vraiment pas grand-chose !