(I.12) Un coin de paradis

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Natzora et Kuroro roulaient depuis bientôt une heure sur une route qui les éloignait de plus en plus de York Shin City. Au volant, le chef de la Brigade Fantôme était serein tandis que sa passagère ne partageait pas le même sentiment. La veille, le beau brun lui avait envoyé un texto pour lui indiquer qu'il passerait la chercher le lendemain matin de bonne heure, sans s'encombrer d'une quelconque explication. Le seul indice se lisait en filigrane dans le second message qu'elle avait reçu à la suite du premier : « Prends des affaires, on part quelques jours ».

Une fois que son cerveau eut retrouvé ses moyens, elle avait immédiatement questionné le cachotier sur la destination, la durée et la raison de cette escapade improvisée mais le danchô avait éludé deux questions sur trois en répondant simplement « Pour bosser ton En ».

Si Kuroro avait mentionné ce point à plusieurs reprises lors de leur dernière rencontre, il n'avait plus donné de nouvelles pendant les deux semaines suivantes. Ainsi, Natzora s'était demandé s'il comptait réellement l'aider pour développer cette nouvelle aptitude ou bien si le "on" de son « On devrait bosser ton En » n'était qu'un sujet indéfini lancé en l'air et sans conviction. Malgré toute l'insistance de le jeune femme, Kuroro resta muet comme une carpe le reste de la soirée et elle prépara un sac de voyage sans trop savoir ce qu'elle devait y mettre. Elle se retrouva avec deux sacs de voyage remplis de t-shirt, pull de haute montagne, short, pantalons imperméables, maillots de bain et une quantité aléatoire de sous-vêtements.

Lorsque Kuroro frappa à sa porte et qu'elle se présenta avec les deux sacs dans les mains, il soupira, prit l'un des sacs et le jeta sur son canapé puis la tira par le bras en retournant vers sa voiture. Il la poussa à s'installer sur le siège passager alors qu'elle réfléchissait encore pour savoir si le sac qui lui restait contenait des culottes. Kuroro avait ensuite fermé la porte de la voiture puis s'était installé sur le siège du conducteur. Il avait dévisagé Natzora, un peu perdue par cet enchainement d'événements et un fin sourire avait courbé ses lèvres rosées. La jeune femme n'avait pu contenir un léger rougissement et, pour se donner de la contenance, s'était tortillée pour balancer son sac sur la banquette arrière.

Le trajet avait été presque totalement silencieux depuis et Natzora était sur le point de s'endormir, or, il en était hors de question. De façon tout à fait irraisonnable, elle accordait une confiance aveugle au chef de la Brigade Fantôme mais savait pourtant que depuis qu'il avait retrouvé ses capacités, elle devait rester sur ses gardes, lui-même lui en avait fait la remarque. De plus, Yasu lui avait rabâché ce détail assez souvent pour qu'il s'ancre durement dans sa caboche. Elle avait donc besoin d'une distraction pour empêcher Morphée de la prendre dans ses bras, ce pourquoi elle entama une discussion :

— Tu comptes me dire enfin où nous allons ?

— Nous ne sommes plus très loin, répondit-il.

— Ce n'était pas ma question, rétorqua la jeune femme.

Elle observa le paysage au travers de la fenêtre. Les buildings de la grande ville avaient peu à peu laissé place à un désert rocheux jusqu'à ce qu'ils atteignent finalement un coin plus vert où les prairies s'étendaient à perte de vue. Progressivement, ce qui n'était que des bois épars se transforma en une forêt touffue, offrant un climat plus frais. Natzora entrouvrit sa fenêtre et huma l'essence des pins qui semblaient peu affectés par la sécheresse débutante. Kuroro bifurqua sur un chemin visiblement peu emprunté. Il ralentit et conduisit prudemment sur le chemin de terre moins entretenu que la grande route qu'il venait de quitter et Natzora continua de s'émerveiller devant les quelques cèdres gigantesques qui longeaient la route, lui rappelant à quel point l'être humain pouvait être insignifiant face aux trésors de la Nature.

Ce n'est que lorsque le moteur s'arrêta qu'elle reposa les yeux devant elle et découvrit une belle maison construite avec goût et au style très moderne. Kuroro retira la clé du contact et s'apprêta à sortir du véhicule. Natzora le retint par la manche et d'un air déterminé lui demanda quel était ce lieu. Il lui renvoya un regard renfermant un brin de malice et répondit :

Nos cœurs alliés - Amor fati (Kuroro x OC)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant