(III.9) Amygdala

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Le cerveau est un organe fabuleux. Despote absolu de nos faits et gestes, il dirige l'Homme d'une main de fer ancestrale tout en le flattant d'un libre-arbitre en théorie tout-puissant mais en réalité si illusoire.

Comment un organe aussi fragile et d'à peine 3 livres peut-il constituer la structure biologique la plus complexe jamais connue ? Cet amas de neurones et de cellule gliales précieusement conservé dans son bocal osseux a pourtant été étudié maintes fois au travers des âges, et souvent par le biais de méthodes à l'éthique plus que discutable. Des siècles et des siècles d'acharnement pour qu'aujourd'hui, les efforts combinés des intellects les plus érudits se résument en un échec cuisant. Ces derniers annonçant ne comprendre qu'une partie infime de cette merveille de la Nature et rappellant à tous ce constat désolant de fatalité : le cerveau reste un grand mystère de la vie.

Celui de Natzora était justement en pleine démonstration et dans le dédale de ses limbes impériaux, un de ses éléments les plus minuscule était en ébullition. Témoignant de son héritage primitif, l'amygdale de la jeune femme jouait son rôle de lanceuse d'alerte. De sa fonction essentielle à décoder les stimuli potentiellement menaçants, celle-ci brandit vigoureusement ses drapeaux écarlates, diffusant avec totalitarisme un sentiment de panique incontrôlable chez la jeune femme.

« Ne dis plus rien... Et pose ta main sur ce livre. »

Natzora resta stoïque. Tout ce qui l'entourait semblait lui aussi figé dans la glace et elle se demanda si le temps ne s'était pas réellement arrêté.

- Natzora, le livre. Maintenant.

Les mots de son amant brisèrent son armure gelée et après une escapade cérébrale involontaire, le choc la fit revenir au moment présent. Elle répéta ses quelques mots dans sa tête mais une telle demande la part du danchô était inconcevable alors son cerveau se refusa à l'entendre.

Elle leva les yeux vers l'homme qu'elle portait dans son cœur mais celui-ci était devenu plus hermétique que jamais à son état de désarroi. Le regard de Kuroro se durcit quand il réitéra encore sa demande et soudain, le monde de Natzora se mit à trembler. Les briques qui maintenaient la forteresse de confiance qu'elle avait laborieusement érigée autour de l'homme en noir tombaient une à une dans un fracas assourdissant et meurtrier. Il y avait forcément erreur.

Natzora sortit de sa stupeur et regarda le sol, comme si la seule explication à ce désastre était là, dans la Terre qui s'ouvrait forcément sous pieds. Un sillon qui ne serait que de quelques mètres de long mais d'une profondeur monstrueuse et parsemé de ronces putrides et hostiles qui tenteraient de l'engloutir. Le parquet était intact et cette observation déloyale lui donna le tournis. Où était-il, ce gouffre ?

Face à l'inaction de Natzora, la main chaude du chef de la Brigade Fantôme s'empara de son poignet pour guider sa main sur la couverture de son livre.

- Non ! s'écria Natzora en récupérant sa main.

Elle lança un regard d'incompréhension en direction du jeune homme puis vers ses acolytes qui leur tournaient le dos.

- Qu'est-ce qui t'arrive ? Que se passe-t-il ?

- Je n'ai ni le temps, ni l'envie de te l'expliquer, alors fais ce que je te dis !

Il fit un pas en avant et elle recula de deux.

- As-tu perdu la tête ? Es-tu sérieusement en train de me demander de poser ma main sur ton livre pour me voler mes hatsus ?!

L'homme la dévisagea avec exaspération et répéta pour la énième fois son ordre qui n'atteignait définitivement pas sa cible.

- C'est hors de question ! Mais bordel qu'est-ce qui te prend ?! ragea la jeune femme.

Nos cœurs alliés - Amor fati (Kuroro x OC)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant