(III.11) Sans répit

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Le martèlement des gouttes d'eau sur le bitume diminuait à mesure que les nuages noirs s'éclipsaient vers l'Orient. Au sol, Natzora gisait à moitié nue. Dans le silence de cette campagne spectatrice d'un événement immonde, elle rouvrit les yeux avec peine. Pour éviter la pluie qui s'abattait sur ses yeux, elle voulût détourner son visage sur un côté mais son corps engourdi prit plusieurs secondes à obtempérer et quand il décida enfin à répondre à son appel, elle pivota sa tête puis son corps tout entier. Elle prit ensuite appui sur ses mains et se redressa en position assise.

Elle observa les alentours comme elle le put dans la pénombre de la nuit. Le paysage était désert. Comment se faisait-il qu'elle soit encore en vie ? Où Hisoka était-il passé ? S'était-il éloigné quelques instants seulement ? Si tel était le cas, elle devait se dépêcher de détaler.

Elle plia ses jambes pour se mettre à genoux et réajusta sa culotte qui n'était abaissée que d'une poignée de centimètres. Un détail loin d'être insignifiant qu'elle se refusa d'analyser pour l'instant. Elle attrapa son pantalon qui avait échoué un peu plus loin et se rhabilla. Elle tituba en se dirigeant vers la lumière que ses phares de voiture émettaient toujours.

Elle ouvrit sa portière et s'enfonça sur le siège conducteur en gémissant de douleur. Combien de temps était-elle restée allongée sur l'asphalte ? Elle zieuta vers l'horloge qui indiquait plus d'une heure du matin. Cela faisait donc environ 45 minutes qu'elle avait été arrachée de son véhicule. Une chance que la batterie de la voiture n'ait pas rendue son dernier souffle.

Natzora alluma la veilleuse au-dessus de son rétroviseur intérieur et partit à la recherche de son téléphone qui avait dû tomber quelque part lors de son freinage d'urgence. Une action qu'elle n'aurait pas effectuée si elle avait su qui s'était mis sur sa route. Ce n'est que lorsque la lumière s'alluma que la jeune femme constata la quantité faramineuse de sang sur ses bras. Elle paniqua et palpa son corps pour comprendre d'où provenait tout ce sang mais n'y détecta aucune blessure qui pourrait en être à l'origine.

D'où pouvait provenir cette marre vermeil ? Elle n'avait aucun souvenir d'une telle blessure, et si tant est qu'elle eût existée, comment aurait-elle disparu ? Elle ne se rappelait pas non plus avoir infliger à Hisoka des coups suffisamment puissants pour qu'il perde autant de sang. Que s'était-il donc passé après qu'elle avait perdu conscience ?

Ses questions étaient sans réponse et ce n'était pas son esprit embrouillé qui allait les lui apporter dans son état, alors sans plus attendre, elle mit sa voiture en marche et reprit sa route en direction d'Edo-Ado.



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Le soleil perçait timidement l'horizon quand Natzora pila sèchement devant la maison de sa grand-mère. Ne lui demandez pas comment elle était arrivée aussi rapidement dans son village d'adolescence, la seconde partie de son voyage n'était qu'un trou noir dont elle venait tout juste d'émerger. Elle se précipita vers la porte qui, comme souvent, n'était pas fermée. Une hérésie selon elle, mais sa grand-mère lui avait maintes fois répété que fermer à clé ne servait à rien. Tout malfaiteur digne de ce nom étant de toutes les façons suffisamment doué pour briser un simple verrou, ou à défaut, briser une fenêtre.

Elle fouilla la maison mais ne trouva aucune trace du Dr Jay. Elle appela son nom à multiples reprises, poursuivit ses recherches dans le jardin, la remise, mais rien. Il n'y avait aucune trace de lutte ce qui la rassura grandement. Aussi âgée était la grand-mère, elle ne se serait pas fait prendre sans avoir donné du fil à retordre à ses assaillants.

A force de tourner à toute vitesse dans la maison, Natzora commença à avoir le vertige. Sans nul doute était-ce dû à son choc à la tête contre le volant, suivi des coups généreusement offerts par Hisoka. Elle posa une main sur le comptoir de la cuisine pour garder l'équilibre. Elle ne pouvait pas s'offrir le luxe de se reposer ne serait-ce qu'une heure alors elle réfléchit. Il était encore très tôt. Si sa grand-mère était sortie de si bonne heure un dimanche, ce ne pouvait être que pour une seule raison : se rendre au dispensaire en périphérie du village pour soigner ceux que tous les hôpitaux refoulaient par manque de moyen.

Nos cœurs alliés - Amor fati (Kuroro x OC)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant