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PARTIE 17.

--- DANS LA PEAU DE JESSIM ---

Après qu'Azelya soit partie, mon père et moi, on continuait à se fixer sans la moindre raison. Avant j'interpretais ses pensées rien qu'à son regard, mais maintenant... Plus rien. Y'a plus de communication.

Baba : Sinon tu comptes te lever ? Allez, nodi.

Je me suis appuyé sur mon bureau pour m'aider, et je me suis réadosser contre, en étant debout cette fois.

Baba : t'as du travail à faire.
Moi : ouais ouais.

Je suis parti derrière mon bureau, et je me suis mis à travailler. En temps normal il serait sortit directement, mais là, il est resté, à me fixer. Je l'ai sentis. Alors j'ai relevé la tête.

Moi : Quoi ?
Baba : Rien Jessim. Qui était cette fille ?
Moi : Une bonne pote, c'est tout.
Baba : Hm. Aujourd'hui j'suis peut être plus en position de te le dire, mais si il doit y avoir quelque chose, officialise moi ça directement. T'es plus un gamin, t'es un homme.

Après ça il est sortit, franchement j'ai rien compris. Enfin, j'ai pas compris l'arrière pensée, parce que j'ai bien capté que y'en avait une. Bref, ma journée de travail est passée. Ce matin Jalil est passé me chercher alors il me redépose. Sur le trajet il a pas hésité à me mentionner Azelya bien sûr...

Jalil : Sinon avec ta Acelya ?
Moi : C'est Azelya Jalil.
Jalil, en riant : Tu chipotes pour une petite lettre ? Explique-moi ?
Moi : J't'explique quoi ?
Jalil : À quand l'mariage ?
Moi : Y'a pas.
Jalil : Comment ça « y'a pas » ?
Moi : Bah c'est pas ma copine.
Jalil : Ah ouais... ?
Moi : Ça y est à peine j'ai une pote fille ça veut forcément dire que j'sors avec elle ? Vous m'prenez la tête avec vos sous entendus là.
Jalil : Comment ça « vous » ?
Moi : Toi et ton père.
Jalil : Parles correctement Jessim. On a sentit un truc que même vous deux vous avez pas sentis c'est tout.

J'ai sortis mon telephone et j'ai commencé à défaire les nœuds que mes écouteurs avaient.

Jalil, en riant : Naaan, t'es pas sérieux ? Pourquoi tu l'prends mal ?
Moi : Vas-y laisse moi. Tu gonfles.
Jalil : Un bébé l'mec ! Vas-y, vas-y, mets tes écouteurs avant que j'te les fasses bouffer.

*

Ça faisait un moment déjà que j'étais rentré. J'étais dans ma chambre, à jouer à la console comme d'hab quand mon telephone a vibrer.

- « Bien jouer pour les sous, vraiment. C'est ma mère qui les a retrouvé dans la poche de mon gilet. »
Moi : « J'arrive souvent à mes fins, me sous estime pas trop Azé »
Azelya : « En tout cas ils font le bonheur de ma mère. »
Moi : « Tu les a donné à ta mère ?? »
Azelya : « Eh oui, je t'ai clairement dit que j'en voulais pas moi. »
Moi : « Ça m'dérange pas, j'espère qu'ils lui serviront bien alors. »
Azelya : « Ok bon salut. »

J'imagine même pas la tête que je devais avoir devant mon portable. Elle est incompréhensible. On parlait bien et d'un seul coup elle change d'humeur.

Moi : « Quoi ? Qu'est-ce que t'as ? »
Azelya : « Normalement je devrais même pas te parler »

Immédiatement je l'ai appelé.

Moi : Qu'est-ce que tu me jactes toi ?
Azelya : Non sérieux j'ai pas été contente tout à l'heure à l'arrivée de ton père dans le bureau, c'est pas bien ce que tu fais Jessim.
Moi : j'suis censé avoir fais quoi ?
Azelya : Arrête de lui répondre mal, c'est dans le cadre du travail et quand tu fais une faute il est pas censé être clément avec toi. En l'occurrence on était en faute, normal qu'on se fasse blâmer non ? C'est ton papa Jessim tu vas l'regretter. Étant proche avec mon père ça me fend trop le cœur de te voir comme ça avec le tiens.
Moi : J'remets pas en question le fait que j'ai déconné, ça je l'sais j'suis conscient. C'est pas par rapport au fait qu'il nous ai chopé et qu'il m'ai sermonné que j'ai répondu comme ça, je sais quand j'ai tort. Mais c'est devenu habituel sah, on a plus d'conversation normale. Et j'te le répète, j'dois pas être le seule à faire des efforts. Si le conflit à commencé c'est d'sa faute. J'avoue que des fois j'alimente le feu, j'assume. Mais si ça a débuté c'est pas à cause de moi.
Azelya : Je sais... Mais faites la paix. C'est toi le fils, va vers lui...
Moi : Ouais Azelya.
Azelya : Tu m'le promet hein ?
Moi : On dirait une gamine toi aussi là.
Azelya : J'm'en contre balance, c'est juste une façon de t'engager.
Moi : Comment tu parles Azelya ! Restes douce s'te plaît, ça t'vas pas. J'te l'promet princesse.

Après ça j'ai raccroché, j'sais même pas pourquoi j'lui ai dis ça mais au final c'est pas plus mal. Nan... J'regrette pas.

--- DANS LA PEAU D'AZELYA ---

Jessim : J'te l'promet princesse.

Bip...bip...bip.

Il venait juste de raccrocher. Un frisson m'a parcouru le corps entièrement. Mis à part mon baba personne m'a appelé comme ça, ça m'a fait trop bizarre. J'arrivais même pas à décrire exactement la sensation que j'ai eu, ça me parait impossible à faire. Mais en tout cas, une chose est sûre, c'est que je suis pas comme au début de la conversation.

--- QUELQUES JOURS PLUS TARD ---

J'attendais Kaïla dans sa voiture. L'endroit était glauque, il me donnait des frissons, j'étais mal à l'aise de me trouver ici. C'est seulement quelques minutes après qu'elle a fait son apparition, les pommettes rougies et les yeux gonflés. Elle venait de visiter la tombe de son père.

Moi : Alors ? Tu t'sens comment?
Kaïla, soufflant un grand coup : Libérée. Ça m'a fait du bien comme pas possible. J'ai parlé à sa tombe. Avant je voyais que ça dans les films, et je trouvais ça débile. Je me disais « genre il va t'entendre? Il est mort. Fais toi une raison. » Mais j'ai essayé et... C'est comme ci y'avait un poids en moins maintenant. Et j't'assure, j'avais vraiment l'impression qu'il était à mes côtés, et que je pouvais lui parler comme quand j'étais gamine, ou encore comme y'a deux mois de ça.
Moi : J'imagine que ça t'as soulagé.
Kaila : Et tu peux pas savoir comment... Bon... On y va ?
Moi : Ouais pas d'soucis, mais pourquoi t'as l'air si pressée ?
Kaila, démarrant : J'dois voir quelqu'un.
Moi : Quelqu'un ? Pas plus de précision ?

Elle s'est contenté de me faire un demi-sourire.

Moi : Ohhh... Cachotière ? Ok. Je comprends. Mais me demande pas de me raconter mes sorties en détails alors.
Kaila : Avec Jessim ?
Moi, arquant un sourcil : Hein ? Vas-y, conduis !

Elle a rit et m'a déposé chez moi avant d'aller à son rendez-vous "secret".

*

Jessim : « sinon tu fais quoi galérienne ? »
Moi : « je cherche de quoi me nourrir ! »
Jessim : « Comment ça ? Tu passes ta vie à manger toi. »
Moi : « Je sais bien. Bah j'ai faim mais y'a rien qui me dit quoi »
Jessim : « tu veux que j'te ramène quelque chose à manger ? »
Moi : « Ah non non merci. »
Jessim : « Ok j'arrive. »
Moi : « Jessim arrêtes, te déplace pas »
Jessim : « À tout de suite »

Je l'ai bombardé de messages, sans recevoir aucune réponse. Sincèrement je voulais pas qu'il se déplace pour moi, je veux pas que ce soit mon larbin. Ça me donne cette impression là.

*

Ça sonne à la porte. Je regarde par le judas et j'ouvre, sourire exprimant ma gêne sur mes lèvres.

Jessim : Vous avez commandé mademoiselle ?

En comprenant qu'il voulait faire référence au jour où je suis allée sur son lieu de travail, j'ai ris.

Moi : Vas-y entre...

Nous sommes allés dans le salon. Je me suis installée en tailleur sur le canapé, et il s'est positionné à mes côtés.

Moi : Sinon ça va toi ?
Jessim : Ouais ça va mais... Tu touches pas c'que je t'ai apporté ?
Moi : Je mangerai pas, j'ai l'impression de faire la peste et que toi, tu cèdes à tous mes caprices. J'aime pas, ça me met trop mal à l'aise.

Il s'est contenté d'hocher la tête, de se redresser sur le canapé, et de s'approcher de la table basse. Sur le coup j'ai rien compris. Il a ensuite attrapé le sachet, il a déballé la nourriture, il en a mit sur la fourchette en plastique, et il l'a approché de ma bouche.

Moi : T'es pas sérieux là ?
Jessim : Allez, laisse entrer le train dans le tunnel !

Je le regardais en arquant un sourcil, refusant catégoriquement d'ouvrir la bouche. Sauf que voilà, à cause des grimaces qu'il faisait j'ai été forcé de rire aux éclats. Il en a profiter pour mettre la fourchette dans ma bouche. Alors au final j'ai terminé le plat, et on a passé une heure et demi voir deux heures ensemble, avant qu'il parte.

--- DANS LA PEAU DE JESSIM ---

Je viens de sortir de chez Azelya. Je suis dans la voiture, mais beaucoup trop occupé pour démarrer. Trop occupé à penser... J'me rend compte de certaines choses, je fais le vide dans ma tête. Faut que je prenne une décision, et c'est pas quelque chose à prendre à la légère... Avant faut que je sois sûr de tout, faut que je sois sûr de moi. Et à partir de là, ma vie changera peut-être...

« Toi et moi, unis par cet incendie » - Reprise facebookOù les histoires vivent. Découvrez maintenant