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PARTIE 5.

Ses yeux... Je pourrai jamais les oublier, je suis persuadé que c'est lui. J'ai pas pu bien le voir la dernière fois à cause du casque et aussi parce que j'étais sur le point de m'évanouir, mais j'en mets ma main à couper ! Exactement la même barbe, taillée de la même façon, la peau légèrement basanée, tout était comme dans mes souvenirs.

Lui : Bonjour madame, qu'est-ce qu'il vous arrive ?

Sa voix... Ça confirme tout. Les trois mots qu'il m'avait prononcé me viennent en tête : « ça va aller ».

Sans m'en rendre compte, je le fixais, pendant que lui et son collègue s'occupaient de la femme, qui avait l'air d'aller de mieux en mieux d'ailleurs. On observait, Riham et moi, l'air fascinées, les soins qu'ils lui apportaient. Et sans mentir, j'étais quand même plus focalisée sur « mon sauveur », si je puis me permettre. C'était pas de l'attirance ou quoi hein... Mais... Je sais pas, fallait que je l'observe. Et c'était vraiment bizarre de me dire que là, juste en face de moi, se trouvait la personne qui a fait que je sois saine et sauve.

Pendant un court instant, il m'a fixé. Il m'a regardé en inclinant sa tête, tout en arquant un sourcil, comme pour essayer de se rappeler de moi. À sa tête on voyait bien que je lui disais quelque chose... Il a finit par détourner le regard, et retourner à son occupation.

Son collègue : Y'a rien de grave visiblement, mais on vous emmène juste histoire de faire des vérifications. C'est bon ?

La dame a accepté, et au moment de partir, elle nous a remercié.

--- DANS LA PEAU DU POMPIER ---

On nous a appelés pour quelqu'un qui avait des vertiges. Rien de grave vu l'état de la femme, mais ça, devait être un bon gros coup de fatigue. On l'emmène quand même à l'hosto par précaution, mais ça nécessite pas d'une hospitalisation ou quoi.

J'avais vu que c'était deux filles qui nous avaient appelé. Au début j'étais assez concentré donc j'ai pas vraiment fait gaffe, mais j'ai quand même été forcé de lever la tête à un moment donné. Et à partir de cet instant là, j'ai pas su la baisser immédiatement. Son visage me disait vraiment quelque chose, mais je me souvenais plus des circonstances dans lesquels je l'ai vu, pourtant j'suis certain qu'on s'est déjà croisé. Par jour je vois des tas et des tas de personnes entre deux endroits différents, c'est vraiment pas évident d'me souvenir de tout. Mais normalement ça me reviendra. Quand, je sais pas, mais ça arrivera normalement.

On dépose la femme à l'hôpital. Pas d'urgence signalée, on rentre à a caserne.

Au fait, je m'appelle Jessim, et j'suis marocain. J'ai 24 années à mon actif, et je suis issue d'une famille de quatre enfants, je suis le deuxième.

Pompier c'est pas mon vrai métier. J'veux dire... Pas à temps plein. J'suis un PV en fait (pompier volontaire). À côté de ça je travaille dans l'entreprise de textile de mon père, et pas parce que j'en ai eu envie non. Mon père y travaille, mon grand frère y travaille, j'y travaille, mon petit frère se doit d'y travailler et pour ma sœur... Je sais pas, mais y'a de grandes chances. Pour lui, on doit tous suivre le même chemin. C'est l'affaire de la famille et on se doit d'y contribuer pour assurer son développement. À cause de ça, y'a eu beaucoup de tentions dans ma famille. Mon frère a lâché ce qu'il voulait faire, malgré lui. Aucun de nous deux ne voulait faire ça, mais il nous l'a imposé. Le commerce c'était pas notre voie. Jalil voulait être architecte, et j'ai toujours voulu être pompier. La seule raison pour laquelle on s'est soumit c'est pour notre mère. Mon père est buté, il allait jamais se faire à l'idée que c'est pas notre destinée. Alors pour le bien de notre famille, elle nous a supplié, elle m'a supplié. Vous voulez faire quoi face à votre mère qui se met limite à genoux devant vous ? Que faire quand on voit sa mère sur le point de pleurer, sachant que son état est sous notre pouvoir ? J'ai cédé. Mais pas totalement. Mon père est buté, et moi aussi. Faut dire que ça a été héréditaire. Je suis dans l'entreprise, et à côté je suis PV. Il le supporte mal, il fait tout pour que je lâche mais ça n'arrivera pas. Faut bien qu'il se fasse à l'idée, parce que moi je lâcherai ce que j'aime faire pour ses caprices.

*

- Oh Jessim, faut que t'ailles à l'accueil.
Moi : À l'accueil ? Pourquoi ?

Il a haussé les épaules.

Sans savoir pourquoi et intrigué, je me suis rendu à l'accueil.

J'ai vu une femme, qui a un peu près ma tranche d'âge. La peau matte, les cheveux frisés, longs, et noirs... J'capte pas qui ça peut être.

Moi : Bonjour, on se connaît ?
Elle, en me souriant : Non, pas encore.

Ok...

Moi : Ouais heu... En quoi j'peux vous aidez ?
Elle : Si je viens c'est pas pour moi en fait, c'est pour une amie. Vous pouvez pas savoir à quel point j'ai galéré pour vous trouver ! Alors le truc c'est que... Ouahhh...

Elle me fixait étrangement, comme ci elle était fascinée par quelque chose. Honnêtement elle commence à faire khaf, on dirait qu'ils sont à trois mille dans sa tête.

Moi : Y'a un problème ?
- Elle avait pas tort... Vos yeux ils sont bleus mais genre bleus quoi ! C'est trop beau !
Moi, lui souriant : Merci.

J'étais amusé par la situation, elle me faisait plus rire qu'autre chose. Elle était pas méchante ça se voyait, et je pense pas qu'elle fasse exprès d'être comme ça, ça doit être dans sa nature. C'est une sacrée meuf.

Moi : Bref, on en revient au plus important ? Elle veut quoi votre amie ?
- Elle sait pas que j'suis là en fait. Je viens de sa part mais pas vraiment, vous voyez ?
Moi : Ouais... À peu près...
- Vous l'avez sauvé d'un incendie y'a presque un ou deux mois, je sais plus. Et elle veut vous remercier !
Moi : Ah ouais mais j'suis désolé, j'ai fais beaucoup d'incendie donc je vois pas d'qui vous m'parlez, va falloir être plus précise.
- Oh... Ça se trouve que c'est pas vous ! Imaginez que je me sois trompé ? Oh l'affiche !
Moi, en me retenant de rire : Dites toujours l'endroit, on sait jamais.
- C'était à ****, le 20 septembre.

Je me faisais répéter les infos sans cesse dans mon cerveau, ça me disait quelque chose mais fallait que ça me revienne.

Moi : 20 septembre, 20 sept...embre, 20 sept... Ahhhh je vois ! C'était dans la cité non ?
- Bingooooo ! C'était là-bas ouais ! Moi : Mais par contre j'me souviens pas de votre amie, va falloir me parler d'elle ou... Je sais pas.
- Alors déjà elle habitait au 5e étage, porte à droite ! Physiquement, sans mentir c'est une frappe ! Et c'est pas pour faire de la pub hein ! (J'ai souris) C'est une brune avec les cheveux raides qui lui arrivent là (en mettant sa main en dessous de sa poitrine), des yeux marrons et des longs cils ! Et tout à l'heure c'est elle qui a appelé pour la femme dans le parc.
Moi : Aaah, oui je vois...

Je me disais bien que je l'avais déjà vu. Son visage me disait trop quelque chose, et maintenant tout devient plus clair pour moi. J'étais loin d'imaginer que c'était elle que j'avais pris en charge. C'est clair que y'a une grande différence. La première fois, j'avais vu son corps inanimé, donc ça a pas été une évidence de la reconnaître. Y'a pas à dire c'est une jolie fille en tout cas.

- Venons-en droit au but. Demain... demain vous êtes là ?
Moi : Non malheureusement.
- Et après demain ?
Moi, en souriant : Non plus. Je reviens dans trois jours.
- On pourra revenir alors ?
Moi : Ouais, y'a juste a espérer que je sois là au bon moment.
- Ok, merci, au revoir !

Elle est partie, puis d'un seule coup elle est revenue en courant.

- Au fait, moi c'est Kaïla.
Moi : Jessim.

Elle est repartie en courant, et pour de bon je crois. Après son départ tout était redevenu très calme, limite si c'était pas ennuyant... J'ai passé ma main dans mes cheveux tout en rigolant, tout seul. Drôle de meuf en tout cas, mais elle m'aura bien fait rire. Avec elle c'est impossible de s'ennuyer. Ce qu'elle me disait c'était pas tout à fait clair mais mehlich, on verra bien.

« Toi et moi, unis par cet incendie » - Reprise facebookOù les histoires vivent. Découvrez maintenant