Trois Lattes, cinq Expressos, deux cafés au lait d'amandes et deux au lait d'avoine, récité-je sans prendre le temps de respirer.
- Comme d'habitude, me dit Patti, l'employée du café shop.
- Oui, répondis-je en reprenant ma respiration.
- Quand est-ce que tu vas enfin laisser ces imbéciles venir chercher eux-mêmes leurs boissons? me demande-t-elle en s'activant à préparer la commande.
- Je suis stagiaire, dis-je.
- Et alors, un peu de nerf, Lilya. Elle fait une pause pour me fixer comme pour me convaincre de son point de vue.
Je souris sans rien dire.
Quelques minutes plus tard, elle me tend la commande dans un petit carton accompagné de serviettes. Les bras chargés, je me dirige vers la sortie. Mais au moment où je m'apprête à franchir la porte, mon téléphone se met à sonner. Je tente de l'attraper dans ma poche arrière, seulement je percute quelqu'un — un homme baraqué, une véritable armoire à glace — et renverse tout sur son costume haute couture.
- Putain! L'homme recule, effaré.
- Oh non, merde! Je suis désolée!
- Qu'est-ce que j'en ai à foutre de tes excuses.
Je saisis un mouchoir et commence à nettoyer sa veste. Ses doigts tatoués s'enroulent autour de mon poignet, et ses yeux se fixent sur les miens.
- Ça suffit !
"Putain de bordel de merde !", je pense intérieurement, car si la beauté avait un dieu, ce serait certainement cet homme. Il a une carrure impressionnante, une aura indéniable de puissance, et son regard transperce.
- Lâchez-moi ! je lui hurle au visage.
Il a un rictus, comme s'il ne s'attendait pas à cette réaction d'une petite nana comme moi, nageant dans une saloperie de chemise deux fois plus large que ce qu'elle devrait porter.
- Tu sais combien coûte ce putain de costume ?
- Tu sais combien coûtent ces putains de cafés ! Je sais que ce n'est pas comparable, mais je tente le coup.
L'homme derrière lui en costume éclate de rire comme si j'avais raconté une blague.
- Dimitri ! rage-t-il.
- Oui, pardon, chef, mais c'était drôle.
- Donne-moi ton numéro.
- Quoi ? Je suis sur le point de m'évanouir, cet homme friqué semble déterminé à me faire payer ma maladresse.
- Monsieur Podolskaïa. Cette jeune femme ne voulait pas... prononce Patti, qui pense me venir en aide.
L'homme pose son index sur la bouche, lui faisant signe de se taire.
"Putain, quelle arrogance !" je pense intérieurement.
- Bon écoutez, donnez-moi votre adresse et je viendrai récupérer votre costume et le déposer au pressing personnellement. Je tente d'amorcer la situation.
- Oh si c'est "personnellement", je n'ai rien à redire. Il est sarcastique, mais je fais mine de ne pas comprendre. Il relâche mon poignet mais pas mon regard.
Il m'arrive de faire la sourde oreille ou d'entrer dans un mutisme soudain afin d'éviter les problèmes, seulement cet homme n'a pas l'air de vouloir lâcher l'affaire. Et son air arrogant et condescendant me chauffe les oreilles.
- Passe-moi ton téléphone.
Je m'exécute, la mâchoire serrée. Putain, cet homme me rappelle quelqu'un que je hais de toutes mes tripes !
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Tu diras oui
Romance- Vous, vous restez. Ordonne-t-il. - Je... Mon regard va entre lui et le directeur. Mes collègues s'arrêtent dans le couloir pour observer la scène. - C'est une assistante en stage, je ne vois pas... Prononce enfin le directeur. - Je sais, j'aimera...