Chapitre 18 : Lilya

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- Maman, ne me dis pas que tu as oublié que nous sommes invités chez Sacha.

- Je n'ai pas la tête à ça, Lili. J'ai mal au crâne. Vas-y avec Tomas et présente à monsieur Sacha toutes mes excuses.

- Si tu ne te sens pas bien, je ferais mieux de rester.

- Non, non, vas-y et surtout amuse-toi. Elle force un sourire crispé par la douleur, certainement. Tomas a besoin de se changer les idées aussi, ajoute-t-elle.

Le ciel commence à se voiler de nuages gris, et je me demande si l'idée du barbecue était judicieuse.

Il va pleuvoir, dit Tomas, le regard rivé sur le ciel.

- Il doit y avoir une cuisine couverte. Dis-je.

Nous nous frayons un chemin à pied jusqu'au manoir de Sacha. En chemin, je prends le temps de cueillir quelques fleurs sauvages, que je compte offrir avec un dessin que j'ai soigneusement dissimulé dans mon sac.

Nous nous présentons à l'entrée du manoir, où deux imposants videurs scrutent attentivement la liste des invités. Leur expression étonnée trahit notre arrivée à pied.

- Mademoiselle Lili, monsieur Tomas, suivez-moi s'il vous plaît, nous annonce Dimitri avec un sourire chaleureux, nous guidant à travers les vastes couloirs de la demeure.

Nous débouchons sur la terrasse couverte, où une cuisine américaine s'ouvre sur un salon extérieur, lui aussi abrité. L'ambiance est déjà animée, avec une foule majoritairement composée de jeunes de notre âge, certains en couple, d'autres célibataires. Je réalise alors que ma mère a pris la bonne décision de ne pas venir ; elle aurait sans doute trouvé le temps long.

Sacha est assis dans l'un des canapés, en pleine conversation avec une grande et belle blonde aux yeux bleus. Elle porte une jolie robe bleu ciel et un cardigan en laine très douce de couleur blanche. Elle ressemble à une poupée russe.

-Bonsoir, dis-je en m'approchant d'eux.

Sacha se lève pour me faire la bise. Ce léger contact et son parfum me donnent déjà des frissons.

- C'est pour toi, dis-je en lui tendant les fleurs, mais pas le dessin.

- Merci, j'adore les fleurs sauvages, son regard est d'une intensité déstabilisante. Lilya, je te présente Nathalia, une brillante femme d'affaires.

-Enchantée, dis-je.

-De même. Nous sommes des amis d'enfance. Nos familles se connaissent avant même notre naissance.

-Lili, tu veux boire quelque chose?

-Je ne sais pas, peut-être un verre de vin rouge. Sacha se lève en hôte agréable pour me servir.

-Ils veulent qu'on se marie d'ailleurs, dit Nathalia sur le ton de la plaisanterie, mais je sens qu'elle cherche à faire passer un message.

-Oui, les parents, toujours à vouloir contrôler la vie de leurs gosses, répond Sacha alors qu'il me passe le verre de vin.

-Et sinon, vous faites quoi dans la vie, mademoiselle Lilya? demande Nathalia.

-Je me suis inscrite aux cours du soir de l'académie des arts de St François.

-Elle reprend ses études pour devenir une grande peintre.

Je le fixe, agacée qu'il réponde à ma place.

-N'exagérons rien, je ne suis pas douée à ce point. Je serre le tissu de ma robe, gênée.

-Si, bien sûr que si. Faudrait que je te montre le dessin qu'elle a fait de moi, je l'ai dans le bureau.

Tu diras ouiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant