Tu diras oui

Chapitre 20 : Sacha

À l'heure du déjeuner, je rejoins Lilya à son nouvel emploi, au sein d'un modeste supermarché en périphérie de la ville.

Je la surprends rapidement dans le dernier rayon, affairée à disposer des boîtes de conserve sur une étagère. Me glissant discrètement derrière elle, je m'apprête à saisir une boîte en hauteur. Elle se retourne aussitôt.

- Sacha?

- Pourriez-vous me conseiller sur ces... Je ne suis pas sûr de ce que j'ai attrapé avant de me rendre compte qu'il s'agit de pois chiches. Ces pois chiches.

- Vous n'êtes pas du genre à cuisiner, n'est-ce pas? Elle lève les yeux au ciel.

- Comment le savez-vous?

- Arrête, tu es dans mon lieu de travail, Sacha! chuchote-t-elle.

- C'est justement pour cela que je vous sollicite pour un renseignement.

Elle essaie de se dérober, mais je lui coupe la route.

- Alors, qu'est-ce que tu veux? Elle croise les bras, légèrement exaspérée.

- Êtes-vous toujours aussi peu accommodante avec les clients, mademoiselle? Sinon, comme il est l'heure du déjeuner, je propose de nous rendre au restaurant.

- Vraiment? Elle jette un coup d'œil à sa montre.

- Je t'invite à déjeuner.

- Sacha, ne serait-il pas plus prudent de rester discrets, tu ne penses pas ?

- Lili, je me fiche de ce que pensent les autres, je déclare en déposant un baiser sur son front.

- Je n'ai qu'une demi-heure pour déjeuner, pas assez pour nous poser quelque part.

- C'est rapide ! Tu arrives à manger en si peu de temps ?

- Oui, as-tu déjà travaillé, Sacha ?

- Ne t'aventure pas sur ce terrain, Lili. De plus, ton beau-père est riche, ce n'est pas à toi de me parler des valeurs du travail.

Elle reste silencieuse, l'air agacée.

- Désolé, je sais que tu travailles dur et je respecte ton choix, même si je ne le comprends pas.

- Je dois retourner travailler, je suis lente et le patron n'aime pas qu'on discute avec les clients.

- Je viendrai te chercher ce soir pour aller dîner.

- Bon, d'accord, mais attends-moi dehors sur le parking, s'il te plaît.

- D'accord. Je veux l'embrasser, mais elle esquive et s'éloigne rapidement, puis se retourne pour tirer la langue dans ma direction.

- Tu ne m'échapperas pas longtemps, Lili. Des regards se tournent vers nous, Lili baisse la tête et se précipite pour aller dans un autre rayon.

Le soir, conduit par Dimitri, je viens la chercher. Lilya arrive dans dix minutes en compagnie de l'une de ses collègues. De la voiture, je la vois lui dire au revoir avant de se diriger vers son vélo. Je sors alors pour lui signaler ma présence, quand je vois une personne toute de noir vêtue, capuche sur la tête, s'approcher d'elle. Mon cœur bat si fort que je le sens dans mon torse. L'homme sort une arme et la pointe dans la direction de Lilya. Instinctivement, je sors la mienne attachée à mon torse et tire. La balle achève sa trajectoire dans son crâne.

- Lilya ! Je crie au même moment.

Elle se retourne alors que l'homme gît au sol. Son regard passe du cadavre au mien. Elle reste immobile, submergée par le choc. Je m'empresse de m'approcher pour la soutenir.