Chapitre 13 : Lilya

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La soirée prend son départ vers 18H00, et accompagnés de Tomas, nous nous acheminons vers le centre équestre de son internat. Cet espace, spacieux et majestueux, se trouve à une courte distance du château, avec une atmosphère harmonieuse et proche de l'élégance du lieu.

- Maman, j'accompagne Lili aux étables. Elle doit faire connaissance avec sa jument, annonce Tomas.

- Allez-y, approuve-t-elle.

- Je suis stressée, elle va le sentir, avoue Lili.

- Non, ça va aller. Tu te calmeras à sa rencontre. Elle est aussi douce que toi, me rassure Tomas.

- Tu trouves que je suis douce ? je réplique avec amusement.

- Oui, répond-il en fronçant les sourcils. C'est juste que je ne pensais pas l'être. On m'a souvent qualifié de froide.

- C'est parce qu'ils ne te connaissent pas autant que moi, explique-t-il avec assurance.

Lorsque nous arrivons aux boxes des chevaux, un instant suspend son cours lorsque je découvre Sacha, entouré d'un jeune homme et d'une dame qui semble être l'instructrice. Sa prestance est indéniable, revêtant avec élégance sa tenue de cavalier. Une aura séduisante émane de lui, et un frisson délicieux traverse mon bas-ventre à la contemplation de cette allure raffinée.

- Tomas, te voilà enfin, dit l'instructrice.

- Amber, voici ma grande sœur Lilya. Elle m'accompagnera. Bonsoir, Lev, déclare Tomas, paraissant reconnaître le jeune homme.

- Bonsoir, enchantée, réplique Lev, un sourire charmant.

- Bonsoir, de même, dis-je en évitant le regard insistant de Sacha.

- Lilya, tu as une seconde.

- Je dois faire connaissance avec la jument que je vais monter.

- Cela ne prendra qu'une ou deux minutes.

- Tu peux y aller, le cheval sera prêt à ton retour, me rassure Tomas.

- Bon, ok, allons-y.

Nous nous éloignons du groupe tout en restant dans les écuries.

- Pourquoi ignores-tu mes appels ?

- J'étais occupée.

- Ce n'est pas vrai, tu étais cloîtrée chez toi toute la semaine.

- Tu m'espionnes, je suis soudainement furieuse.

- Je m'inquiétais... Et il y a quelque chose que tu dois savoir, Lilya, tu m'écoutes ?

- Qu'est-ce qu'il fout là ? Mon regard se fixe instinctivement sur Lorenzo qui arrive en face.

- C'est ce que j'essayais de te dire, ton ex est ici. Il accompagne sa nièce. Tu penses faire quoi ? Fuir ?

- Quoi ? Non, je ne laisserai jamais tomber Tomas, je réponds malgré la vague d'angoisse qui vient de m'envahir. Je dois y aller.

- Attends, il me retient par le bras. Tu ne peux pas monter à cheval étant stressée de la sorte.

- Je refuse de laisser tomber Tomas. D'un regard acéré, je lui lance une expression presque furieuse. Comment peut-il penser que je sois si vulnérable ?

- Je suis là Lilya, tu peux compter sur moi, tu sais. Sa voix reste assurée, mais je sens une sincérité poignante s'y glisser.

Pourtant, en ce moment précis, je suis persuadée que je ne veux pas de cela.

- Je veux que tu me laisses tranquille Sacha, rien de plus ! Je balance sèchement et retourne auprès de Tomas.

- Tout va bien ? Tu es pâle.

- Oui, surtout laisse-moi parler, je montre du regard Lorenzo qui nous rejoignait.

- C'est toi qui l'accompagnes ? Dit-il sur le ton de la moquerie, sans bonjour ni rien.

- Tomas est sur le point de répondre, mais je place ma main sur son torse pour l'en empêcher.

- Oui, tu sais que j'ai toujours monté à cheval.

- Jusqu'à l'accident.

- Jusqu'à l'accident, je répète machinalement, mais cela ne s'oublie pas comme le vélo. Je m'efforce de maintenir une stabilité dans ma voix.

Pendant ce temps, Tomas et la jeune fille se lancent des regards discrets. J'espère que Lorenzo n'a rien remarqué. Cependant, un pressentiment me dit qu'il est déjà au courant de quelque chose, car il lance un regard froid et méchant dans la direction de Tomas, qui détourne le sien.

- Allons faire un tour avec la jument. Je dois me préparer, je propose à Tomas.

- Il est au courant de quelque chose, me confie Tomas une fois que nous sommes seuls.

- Oui, c'est ce que je pense aussi.

- Que dois-je faire ?

- Tu ne peux pas continuer dans cette relation, Tomas, je suis désolée. Je sais que ce n'est pas ce que tu voulais entendre, mais j'ai peur qu'il t'arrive quelque chose. Lorenzo, cet homme est très dangereux, il va te pourrir la vie. Tu as bien vu à quel point j'ai souffert dans cette famille, je ne souhaite pas qu'il t'arrive la même chose.

- Lili, je... Il prend une profonde inspiration.

- Écoute, discutons demain quand nous serons loin de toute cette agitation.

Il fait un signe de tête positif, mais avec une expression triste qui me brise le cœur.

Nous prenons place aux côtés des jeunes cavaliers sur nos chevaux respectifs. Ma jument est très calme et me fait confiance, ce qui m'apaise. Avec un rythme très calculé, Tomas et moi avançons lorsque nous entendons nos noms. On me présente comme sa grande sœur, ce qui me remplit de fierté. Tomas enchaîne ensuite ses exercices sous le regard attentif de nos parents et de ses camarades de l'internat. Le petit frère de Sacha se débrouille très bien, contrairement à la nièce de Lorenzo qui enchaîne les erreurs.

Après les épreuves, le vainqueur est annoncé. Sans surprise, le petit frère de Sacha rafle la première place, suivi d'une fille que je ne connais pas et en troisième place, Tomas.

- Je suis si fière de toi, dis-je en le serrant dans mes bras dès qu'il nous rejoint.

- C'est la troisième place, Lili, dit-il avec amertume.

- Et alors, c'est super aussi.

Je sais que je ne suis pas douée pour les encouragements, mais je fais de mon mieux.

Au même moment, je vois Sacha tapoter sur le bras de son frère et le serrer en parlant russe, l'air hyper fier. Leur complicité est très touchante.

- Mon chéri, nous sommes très fiers de toi, dit maman qui nous rejoint accompagnée de mon beau-père.

- Merci, répond Tomas, mais avec un air triste.

- Ton frère a toujours été premier dans cette discipline.

- Oui, on vous rejoint, je dis à l'intention des parents.

Tomas me confie ensuite, qu'il aurait voulu gagner pour impressionner Lorenzo. Je trouve cela vraiment naïf, mais ne dis rien. Il est difficile pour moi de lui expliquer que rien n'impressionne ce monstre, qu'il n'a de l'admiration que pour sa petite personne.

- Tu voudrais peut-être passer un peu de temps avec tes amis ?

- Oui, il y a une fête au château, mais je ne pourrai même pas parler à Héléna. Elle serra certainement surveillée par son oncle.

- Il vaudrait mieux que vous vous évitiez pour l'instant. Elle comprendra.

- J'espère bien, murmura-t-il, visiblement abattu.

Sa détresse me touche profondément. Les blessures amoureuses sont douloureuses, sans distinction d'âge.



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