Chapitre 45 : Lilya

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Aujourd'hui, une semaine après la mort d'Ethan, ma mère se prépare pour les obsèques du fils de son ex-mari. Elle enfile un tailleur noir élégant, ajustant soigneusement les revers, et coiffe ses cheveux d'un chapeau assorti, délicatement voilé. Je la regarde se préparer, chaque geste empreint de solennité. Elle se tient devant le miroir, son visage d'habitude si chaleureux maintenant marqué par une tristesse contenue. Le silence de la maison est lourd, comme si les murs eux-mêmes retenaient leur souffle. En fixant son reflet, ma mère semble puiser la force nécessaire pour affronter ce jour difficile, ses yeux bruns débordant de souvenirs qu'elle garde pour elle.

- Tu n'es pas obligée de faire ça, maman, dis-je en me plaçant derrière elle alors qu'elle se contemple dans le miroir, le visage pâle.

- Je le dois à ton beau-père, aux années vécues ensemble, à la vie merveilleuse qu'il m'a offerte... Sa gorge se serre. Elle se retourne pour m'enlacer et pleurer dans mes bras.

- Je suis là, maman, dis-je, la voix cassée de chagrin en la voyant dans cet état. Je t'accompagnerai, ajoutai-je avec détermination.

- Non, c'est trop pour toi, Lili. Ethan a voulu t'éliminer, c'est atroce !

- Thomas aura besoin de nous deux près de lui. Il restera mon petit frère quoi qu'il arrive, et nous devons rester fortes pour lui.

Je monte rapidement à l'étage pour me changer. J'ouvre mon armoire et choisis un pantalon ample noir qui tombe élégamment sur mes chaussures, ainsi qu'une chemise en soie à col V de la même teinte sombre. J'ajoute des lunettes de soleil noires qui dissimulent mes yeux rougis et attrape un sac assorti, chic mais discret. Je prends une profonde inspiration avant de descendre rejoindre Sacha dans son bureau.

- J'accompagne maman, dis-je en entrant.

- Lili ! Ce n'était pas ce qui était convenu ! s'exclame-t-il, visiblement contrarié. Sacha n'aime pas quand je change d'avis au dernier moment, mais il commence à me connaître et s'adapte peu à peu à cette imprévisibilité que je ne maîtrise pas.

- Thomas et ma mère ont besoin de moi. Je ne peux pas les laisser seuls dans ces moments difficiles.

Je me tiens droite, déterminée, malgré l'incertitude qui gronde en moi. Sacha me scrute, cherchant à comprendre mes motivations. Après un long moment de silence, il soupire, résigné.

- Très bien, Lili, fait ce que tu dois faire, dit-il finalement, sa voix empreinte d'une douce compréhension. Il se lève ensuite et vient me serrer fort dans ses bras.

- Je comprends. Ajoute-t-il

- Merci. J'enroule mes bras autour de sa taille pour le serrer à mon tour.

- Tu es belle en noir, mais tu le serais encore plus en blanc.

- Sacha ! Comment peux-tu parler de mariage en plein deuil ?

- Ce n'est pas mon deuil. Je suis content que ce fils...

- Sacha !

- Bon, d'accord, soit prudente. Je ne sais pas exactement ce que ton beau-père pense de ce qui s'est passé et s'il nourrit désormais de la rancune envers toi.

- Je n'en ai aucune idée. Je n'ai pas pu lui parler depuis l'incident. Et Dimitri ?

- Il va bien. Ce n'est pas la première fois qu'il tue quelqu'un, tu sais ! se marre-t-il.

- C'est précisément ce qui m'inquiète. Sa relation avec ma mère devient de plus en plus sérieuse et elle ne sait rien de lui, ni de la vraie nature de son travail.

 - Il vaut mieux qu'elle n'en sache rien.

 - C'est tout ? dis-je en le regardant, les sourcils froncés.

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