Chapitre 25 : Sacha

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- Tu dois manger quelque chose, Lili, murmure-je derrière la porte.

- Laisse-moi partir.

- Je rentre, je préviens.

Elle verrouille la porte de l'autre côté, mais j'ai la clé.

- Tu es plus obstinée que je ne l'imaginais, je souffle avec un sourire en coin.

Je dépose le plateau de nourriture et m'installe près d'elle sur le lit.

- Laisse-moi rentrer à San Francisco, j'ai un projet à rendre.

- Nous rentrons ensemble alors.

- Sacha, je ne peux pas faire face à la horde de journalistes people qui risque de se rassembler à l'aéroport et chez toi. Sans parler de ta fiancée, qui doit  m'attendre avec un flingue en ce moment même.

- Un flingue ? J'ai du mal à réprimer un sourire.

- Ne joue pas les imbéciles, Sacha, tu sais très bien de quoi je parle.

Son téléphone se met soudainement à sonner, mais elle ne prend même pas la peine de regarder qui l'appelle.

- Tu ne réponds pas ? L'interrogè-je finalement.

Son refus résonne dans l'air, coupant comme un couteau.

- Peut-être est-ce urgent ? insiste-je malgré moi.

- C'est ma mère. Elle veut savoir si ce qui se dit dans les médias est vrai. Et je suppose que les journalistes bloquent l'entrée de sa villa. Tu sais, plus je réfléchis, plus je me dis que tu m'as séduite pour te débarrasser de ce pacte. C'est vrai quoi, il n'y a pas mieux qu'un scandale pour tout mettre à l'eau. Tu élaborais ce plan depuis quand ? sa voix résonne, mêlant suspicion et déception.

- Tu es vraiment à côté de la plaque. Je fais ça pour nous ! Je veux me débarrasser de ce pacte, certes, mais uniquement pour être avec toi ! Je m'efforce de la convaincre.

Mais elle détourne le regard, son silence un mur entre nous. Une frustration tenace s'installe en moi, alimentant la flamme de ma colère.

- Prépare tes affaires, tu seras déposée à l'aéroport ce soir. Dimitri t'attendra à San Francisco et veillera à ta sécurité jusqu'à ce que tu sois chez ta mère, je lâche avant de claquer la porte derrière moi.

Dans le couloir, mes émotions me submergent, une colère bouillonnante monte en moi, faisant vibrer chaque fibre de mon être. Mes poings s'abattent avec force sur le mur, un déferlement de frustration et d'impuissance se libérant dans chaque coup.

Le soir venu, deux de mes hommes escortent Lilya jusqu'à l'aéroport le plus proche. Un jet privé l'attend, prêt à l'emmener vers San Francisco.

- Tu... tu ne viens pas alors ? sa voix tremble d'incertitude.

- Bon voyage, Lilya, je murmure, refusant de me retourner.

De ma fenêtre au deuxième étage, je regarde sa voiture s'éloigner entre les vignes, laissant échapper un juron impuissant tandis que la colère serre mon cœur.

- Putain ! Fait chier!  Je m'exprime à voix haute, laissant échapper ma frustration. Ma main serre le verre de whisky avec une telle force qu'il finit par éclater entre mes doigts. Après avoir soigneusement débarrassé ma main des éclats de verre, je la rince rapidement, ressentant la piqûre douloureuse des petits morceaux. Une fois désinfectée, je m'affaisse sur le canapé du bureau, le regard fixé dans le vide du plafond. Malgré la tension qui m'habite, la fatigue m'envahit étrangement vite, m'emportant dans un sommeil agité.

Plus tard dans la nuit, je suis réveillé par un coup frappé à la porte.

- Oui ?

- Monsieur, un certain Lorenzo souhaite vous voir. Devrais-je lui permettre l'entrée dans le domaine ?

Un soupir s'échappe de mes lèvres, accompagné d'un sentiment de lassitude supplémentaire.

- Putain, il ne me manquait plus que ça. Oui, laissez-le entrer.

Après avoir rapidement rafraîchi mon visage et changé de chemise pour paraître plus présentable, je descends dans le salon où Lorenzo semble s'intéresser à l'une des armures exposées.

- Jolie décoration, et très beau domaine. Tu as obtenu ce que tu voulais ? Enchaine-t-il.

- Tu es là parce que j'ai gâché tes plans ? Je balance à mon tour.

- Tu ne fais que lui causer de la peine, et tu crois vraiment avoir remporté la victoire. Il me fait face, arborant un sourire narquois.

- Tu te moques de moi, Lorenzo. C'est toi qui l'a poussée au suicide !

Mon poing serré me démange, et j'ai envie de lui briser la mâchoire. Je sens que lui aussi.

- Nous avons eu notre lot de problèmes en tant que couple marié, mais je n'ai jamais utilisé Lili pour arriver à mes fins ! J'exige de la voir, tu ne peux pas la garder prisonnière.

- Elle est dans un avion en ce moment même, direction San Francisco.

- Je vois. Il recule d'un pas.  Par contre, sache que je compte bien la récupérer, et ce n'est pas un minable dans ton genre qui va se mettre sur mon chemin.

Le choc de mon poing contre sa joue résonne aussitôt dans la pièce, et je ressens une satisfaction momentanée, mais elle est rapidement remplacée par l'anticipation de sa réaction. Dans un mouvement presque instantané, il riposte avec la même violence, déclenchant une bagarre qui semble inévitable.

Nos poings s'entrechoquent dans un ballet chaotique de colère et de frustration. Chaque coup porté est chargé de toute la tension accumulée entre nous, chaque mouvement dicté par le désir de faire ressentir à l'autre sa rage intérieur.

Finalement, épuisés et respirant difficilement, nous nous séparons, laissant derrière nous un silence lourd de tension. Nos visages sont marqués par les marques de la bataille, mais aussi par une certaine résolution. La confrontation physique peut avoir pris fin, mais les tensions entre nous restent palpables, attendant peut-être la prochaine étincelle pour s'enflammer à nouveau.

- On se reverra ! Lorenzo me pointe du doigt avant de quitter ma maison.

Quand je me retrouve enfin seul, l'agitation m'envahit et je me mets à arpenter mon salon de long en large, mes nerfs toujours à vif. Chaque pas résonne dans la pièce, rythmant mes pensées tourbillonnantes, tandis que je lutte pour apaiser le tumulte qui bouillonne en moi.

Putain, j'ai envie de le butter ! Je rage. Mais déclencher une guerre, tu es plus intelligent que ça, Sacha. Je tente de me ressaisir.




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