IX | Eyeliner

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J'ai pensé à elle rien qu'une seconde.

Il est huit heures trente du matin et je la vois passer, espérant un regard en vain. La pièce plongée dans un triste gris, la lumière se réveille doucement et mon cœur crie. Il tente désespérément d'attirer son attention. Que dois-je faire pour maîtriser ma tension ? Ses cheveux bruns relevés en chignon, des yeux marrons m'enchantent comme une belle chanson. Personne ne la regarde mais moi, je ne vois personne d'autre qu'elle.

Ses yeux s'endorment et j'ai l'impression de rêver. Qu'est-ce qu'elle renferme ? Qu'est-ce qui lui est arrivé ?

J'aimerais oser lui parler. Quelques mots entremêlés. Faire disparaître nos peurs voilées. Une douceur dans le cœur contre ce malheur qui l'écœure.

Visage mielleux et ses traits comme des coups de pinceaux. Sage ciel et ses tendres jeux comme un doux tableau. La plus jolie des filles dans le paysage le plus commun, une anomalie.

L'aimer sans avoir percé ses mystères. Être attiré sans la connaître. Une raison qui vient de naître. La faire enfin respirer et faire s'envoler cette douleur qui la lacère.

L'amour papillon quand elle s'assied près de moi. Mon corps tremble et j'entends ses battements d'ailes. Un souffle qui me parcourt, glaçante joie ; mes muscles qui se gèlent.

Le cours vient de commencer et elle lève déjà la main. Brillante par ses mots et ses idées ; je pense ici à elle et probablement aussi demain. Centaines de têtes mais rien ne brille plus que cette fille pour qui je ne suis qu'un inconnu. J'écris des poèmes sur mes feuilles qui lui sont destinées, l'impression de découvrir ce que c'est d'aimer, d'être mis à nu.

Y a t-il dans ce monde une clef qui me rendrait ma liberté ? Celle d'admirer la vie par un autre prisme que celui de tes yeux ?

Si un jour penser à elle me tue, ne pleurez pas, parce que je souriais.

L'amour en noir [Poésie]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant