La vallée, tout comme ce pays, est embaumée,
D'un souffle lent, tel un voile épais, une fumée.
Ce parfum s'étend, recouvre chaque recoin,
L'ivresse des fadets se répand au loin.Les Muses, mutines, jouent avec les poètes,
Et ceux-ci livrent des vers, sveltes silhouettes,
Où la plume, tremblante à chaque battement,
Vogue, hésitante, sur la vague et le vent.Nos âmes, heureuses à l'aube, glissent éphémères
Dans l'illusion d'un amour, qui voile tout le reste.La peau ambrée du ventre de Vénus éblouit,
L'œil du plus fier captif à sa muse s'unit.Aucun secret ne dure, quand l'âme est si pure,
Quand le cœur, fin, s'abandonne sans murmure ;
Les amants, dans leur vérité, ne se mentent jamais.La voix grave et élégante de cette femme inconnue,
N'existe pour lui que dans de reflets confus.La maladie, spectre sourd de l'imagination,
Tisse un voile opaque sur ses visions,
Son esprit se perd dans des labyrinthes d'oubli,
Où chaque pensée se fige en écho flétri.
Des mirages le sauvent ; que l'on nomme photographies,
Son cœur tressaute, l'instant est pris,
Mais derrière ces images figées et précises,
Il ne voit qu'un monde de brumes indécises.
Le mal lui fait perdre toute clarté,
L'imaginaire se noie dans une brume enténébrée.Le poète n'ose parler, ni répondre, ni fuir ;
Il se surprend à se taire, à espérer, à frémir.Pensait-il qu'une dame pouvait, telle Méduse,
Changer son corps en pierre par quelque ruse ?Si elle vivait dans un roman, il l'aurait lu mille fois,
L'éternité ne suffirait pas à épuiser son émoi.
Il aurait voulu l'écrire, la voir rire, sourire,
Frémir de bonheur, et son cœur en soupir.
Le poète voulait voir sa muse heureuse,
Brûler d'un feu dont l'ardeur est précieuse.Il la rêvait dansant, loin, et pourtant près de lui,
Son regard sur lui fixé, jusqu'à ce qu'il s'évanouît.
Expirant comme un condamné avant l'échafaud,
Il voulait brûler de ce désir, tel un fardeau.
Cela lui semblait une mort digne, un ultime sursaut.Cette fée ! Ses cheveux d'ébène, presque d'or,
Ondoyaient sur sa peau, claire comme l'aurore,
Grêlée de grains précieux, sertis de perles fines,
Ses yeux, noisettes, éclipsaient les vitrines.
Il se répétait ce mantra, portrait fugace,
De cette belle fadette aux sourires tenaces.
L'air lui-même se pare de ses instants perdus,
Les moments s'échappent, mais elle demeure, suspendue.Elle disait qu'elle ne voulait d'attention,
Sans savoir qu'il pouvait mourir, en pleine affliction,
D'une simple brise portant son parfum enivrant,
Ce souffle léger qu'il respirait, troublé, tremblant.Il ne l'aimait pas comme on aime une fièvre amère,
Ni comme une obsession qui vous plonge dans l'enfer.
Non ! Il l'aimait sans savoir, avec cette innocence
D'un rayon de soleil qui, en silence,
Dégèle un glacier prisonnier ; timide et caché,
L'amour en lui se faisait discret, mais sincère, exalté.Il voulait être prudent, mais ne savait comment,
L'aimer sans la troubler, sans effaroucher l'instant.
Elle lui semblait si merveilleuse, éclatante d'esprit,
Son regard, vif, presque animal, l'avait pris.
Mais plus que tout, sa sagesse infinie
Rayonnait comme une source, un puits de magie.Autour d'elle, des Nixes, mais lui ne voyait qu'elle,
Cette lumière parmi les ombres éternelles.Parfois, son cœur sombrait, assombri par les doutes,
Traversé de mille douleurs, prenant mille routes ;
Il lui suffisait d'un souffle de sa pensée,
Pour que mille soleils viennent le bercer.Il aimait sacrifier mille trésors pour elle,
Sans qu'elle sache, qu'elle devine cette flamme fidèle.
Son amour était si grand qu'il en devenait secret,
Invisible, et pourtant si vrai.Un jour, il rêva d'un baiser, doux et furtif,
Cette idée faillit l'étouffer, tant le désir fut vif ;
Ses joues s'empourprèrent, il se sentit enfant,
À la simple pensée de ce baiser hésitant.Un soir, il crut la voir parmi les astres funèbres.
Un soir, il voulut figer son éclat dans les ténèbres.
Pris dans les rets d'un amour antique et fatal,
Il errait dans la nuit, libre sous ce joug royal,
Rêvant leurs âmes s'unir dans l'éclair d'un regard,
Mais l'amour s'évanouit dans les cœurs lassés ; et il est parfois trop tard.
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L'amour en noir [Poésie]
PoetryL'amour que je cherche, le noir que je trouve. La solution à tous mes problèmes que je pensais cachée partout sauf en moi-même ; j'ai navigué près des autres, dans des eaux troubles. C'était sans compter la noirceur du monde et celle de l'humain. J'...