I.Tu ravives l'âme,
Un regard d'or, divin,
Ton ombre éclatante.II.
Disparue sans un regard, pire qu'un poison impie, avez-vous jamais connu une telle agonie ? Je ne savais pas que l'amour pouvait être une lame sanguinaire, sourd orage; mille tempêtes déchaînées, tout tremble dans l'ombre ténébreuse et suffocante, que Dieu me délivre de ce gouffre. Tout est glacé, peut-être même mon âme. Avez-vous déjà senti la fin de tout un monde ? Je l'ai ressentie quand elle s'est effacée de ma vue, quand elle m'a abandonné sans m'avoir connu.
L'amour est une farce cruelle, une parodie atroce, illusion gothique, déchiquetée et torturée.
Souvenirs macabres, sanglant et putride, d'un espoir purulent, des attentes gangrenées, un hurlement dans la nuit dévorée par les larmes, un torrent de désespoir, vague de cadavres putréfiés.
Cette vierge sanguinaire m'a tranché la gorge, mon sang se répand pour tous ces martyrs déchus, ces nyx silencieuses, noyés dans l'angoisse d'un enfant maudit.
III.
Elle surgit,
Trouble, ravage, emporte tout dans sa course,
Le frêle éclat d'un centimètre de sa peau pâle,
Et mon cœur se déchire, agonisant sous l'onde.
J'oubliais...
Ô ciel ! Que je l'aime, à en damner mon âme.IV.
Qui donc a façonné ce sombre Phénix,
Qui dans l'azur déploie ses ailes sur tout ?
Sous son vol, le monde entier semble disparaître,
Et je ne vois plus qu'elle, seule dans la foule.
Ses yeux me regardent avec une tendresse amère,
Mais rien en eux ne console mon âme en détresse.
L'aube se meurt, dévorée par sa propre lumière,
J'hésitais encore, mais je doute à présent d'avoir jamais su,
Car l'éclat de son ombre efface jusqu'au souvenir de ce que je croyais connaître,
Tout fut absorbé en un instant par un sourire qui ne m'était même pas destiné.V.
Debout, jambes croisées, s'enlaçaient avec tous mes sens, ses mains murmurant derrière son dos, ses cheveux bruns bruissaient en boucles balancées, battant l'air en mouvements sinueux, lents et liquides.
Les rayons rebelles de la lune, se resserrant, se resserraient, se repliaient, tournoyaient, formant une matière mystérieuse, moirée, magnétique, effleurant sa peau.
Mon esprit s'égarait, se tordait, suspendu à des détails décalés, obsédé par des ombres absurdes, chaque souffle, chaque seconde s'étirait. Je l'étudiais chaque fois qu'il fallait la regarder.
Son regard, lui, s'enfonçait sans fin, scrutant les silences lointains, trop loin, à travers l'horizon, happé par une destination déformée, dissoute, déraisonnée, qui n'existait que pour elle.
VI.
Il l'apercevait de loin, sur cette terrasse de Paris, son sang s'échauffant sous ses soupirs.
Elle, cette nonchalante Vénus, vision voilée, voulait vainement fuir la violence de ses vices.
Ce voile vermeil vacillait, s'effilochant en volutes vaporeuses, perdant ses pétales pâles parmi les pleurs pesants.
Lui, lâche et lamentable, laissait librement ses larmes languir dans le silence de ses fautes fatales.
Il tentait tout, têtu, pour qu'elle le touche d'un regard, mais dans ses yeux, il n'était qu'un fantôme, flou, oublié.
Il s'approcha du balcon, baigné par la blancheur blême de la lune, qui l'enveloppait d'une éclatante et divine lumière.
Puis, il regarda au fond de l'abîme ; l'abîme regarda au fond de lui.
VOUS LISEZ
L'amour en noir [Poésie]
PoetryL'amour que je cherche, le noir que je trouve. La solution à tous mes problèmes que je pensais cachée partout sauf en moi-même ; j'ai navigué près des autres, dans des eaux troubles. C'était sans compter la noirceur du monde et celle de l'humain. J'...