Nova

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J'ai vécu en paria, écorché vif, légèrement voûté sous le poids de l'existence, exilé des hommes, exilé du monde, peut-être même de moi-même. Mon cœur, toujours en sang, suintant de ses plaies invisibles, tandis que des larmes innombrables coulaient de mes yeux, formant des murailles autour de mon âme. Jamais la bonté ne m'a effleuré, jamais le charme ne m'a enlacé. Je ne vis qu'à demi, je survis à peine, prisonnier d'une lourde peine, enfant démuni.

Ma peau se morcelle en lambeaux, et l'horizon, cruel et indifférent, s'éloigne sans fin, vers un gouffre mortel. J'ai trop perdu de proches, et l'écho des tombeaux me poursuit, murmure. Murmure sinistre qui pourrait bien être le mien. Les cloches résonnent dans ma tête. Elle annonce une fin inéluctable. Le ciel, désert d'étoiles, semble se vider de toute lumière, et la lune, divine astrale, se retire de ma vue.
Les hommes se réfugient dans leurs lois, tandis que moi, je me perds dans la souffrance, souffrance qui n'a pas de nom, souffrance d'être moi, illusion pour les autres, lourde évidence sous mes yeux.

Rien ne pourrait m'empêcher de chanter cette peur, ni même de pleurer des océans de douleur. Je veux être libre de pleurer et de me plaindre, comme de pouvoir me perdre ou me tromper. Mourir me serait plus doux que de céder encore à leur emprise. Laissez-moi geindre dans le peu de temps qu'il me reste. Laissez-moi ma peine, mon héritage frêle et dérisoire. Je ne sais plus qu'être las, pauvre de toute quête depuis si longtemps, hélas. Incapable d'aimer, je ne peux que me détester. Je veux me détester.

Ô divine Providence, pourquoi m'as-tu abandonné ? Le désespoir m'enveloppe comme une brume épaisse, et mon âme, naufragée, dérive vers des rivages inconnus, toujours plus sombres. Laissez-moi souffrir en paix, car c'est tout ce qu'il me reste, tout ce qui me lie encore à ce monde cruel.

Sombre voile près de la lune, astre terrible de solitude, sombre inconnue, chaque pas est un pas vers l'échafaud. Les monstres le voient à mon attitude, un néant me tue. Je cicatrise à peine au fond de l'abîme, que je vis dans un enfer ; on y brûle, il y fait chaud, toujours plus chaud, et jamais personne ne le comprendra, pas ce soir, un jour seulement, peut-être. Je pleure les juges qui me brûlent mes habits, mon âme et mon cœur. Terrible lueur ! Misérable, je me sens minable. J'ai peur.

La nature hurle sa souffrance ; je manque de tomber, inerte. Une tombe à ma gauche, couleur du sang, déserte. Tout est rouge quand mon cœur se nécrose ; ne me regardez pas. La vie m'arrache le bout des doigts et m'empoisonne telle une rose. Ne priez pas pour moi.

Astre aiguisé, dague céleste perçant l'obscurité, voile noir s'étendant, terreur astrale. Des pas s'enchaînent, échos de condamnation. Les spectres de l'abîme détectent la marque de l'abandon, l'immensité du néant m'enveloppe, asphyxie sourde. Plaies béantes cicatrisant à peine, je m'enfonce dans l'enfer ; une chaleur dévorante me consume. Elle me poignarde depuis toujours. Et tout le monde. Tout le monde me sacrifie. J'en souffre. J'en pleure. Lamentations des juges, les flammes déchirent mes vêtements de dandy, cruelles, aucune pitié pour les esclaves tristes.

Misérable ombre, je chancelle sous le poids de l'existence. Ô cruelle stance ! Ô mauvais Temps! Qu'à la colère je pense. Je rumine comme je me désagrège. Plus rien ne me possède. J'aimerais mourrir d'amour ou d'être aimé, m'accrocher, croire en une illusion, vivre d'innocence, d'une insouciance, d'un rien, sans moi. La nature crie sa douleur, un précipice m'attire, inertie mortelle vers le tréfonds du mal. À gauche, la tombe écarlate, vide de vie, bleu ou noire, je ne sais pas. La pourriture gagne mon cœur, tout devient cramoisi, tout se ratifie ; regardez ailleurs. La vie m'arrache, doigt après doigt, venin rose, poison de terreur. Ne priez pas pour moi, abandonnez espoir et pitié. Regardez ailleurs !

Sous la lune voilée, terreur solitaire, où chaque pas se dirige vers la fin ; les monstres pressentent la désolation en moi, un vide immense me noie. L'abîme peine à cicatriser mes blessures, l'enfer brûle et sa fumée étouffe mes efforts. Les juges inflexibles lacèrent mes vêtements, leurs flammes implacables, intarissables. Terrible, misérable, je suis minable, tout est misère.

Les hurlements de la nature résonnent, je titube, au bord de l'effondrement. Une tombe écarlate, abandonnée, se dresse à ma gauche. Mon cœur nécrosé saigne, tout est rouge, ne me regardez pas. La vie m'arrache les doigts, un poison que tout le monde rencontre un jour, une nuit, toute sa vie. Ne priez pas pour moi, laissez-moi sombrer. Laissez-moi couler, sans pitié vous êtes, vous le resterez. Mes pensées ne sont que des chants de douleur. Et je ne chante mes vers que pour peindre mon désespoir dans l'écho de ma solitude.

Si seulement une nova pouvait éclairer un espoir ?

L'amour en noir [Poésie]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant