Lire pour converser. Où d'autre, hein, tu veux me dire, que dans ces vieilles histoires pleines de poussière, j'aurais pu encore arracher un sourire ? Y'avait rien. Sentir le temps me bouffer la peau, effacer ce passé dégueulasse, ses traces, ouais, ces cicatrices déformées, noircies. C'est comment, dis, qu'on fait autrement ? Pas moyen. Pour pas sombrer, finir comme un rat dans un coin, à pourrir devant son bureau, dans le noir, seul, si loin du soleil et ses fichus rayons. Les mots, putain. Ils m'ont bouffé l'esprit, ils me sucent jusqu'à l'os. Alors j'oublie. Tout... Et y'a cette pureté qui s'échappe, entre les lignes, un peu d'espoir qui brille dans ce foutu bordel d'encre qui, bizarrement, m'appartient un peu. Un rêve d'ailleurs, des fleurs, des moments sans regrets, loin du feu, des brûlures. Du bruit. Ouais, je pouvais plus espérer quoi que ce soit, même l'espoir m'avait lâché. Mon cœur ? Trop glacé, congelé par ces foutues attentes, ces foutues déceptions. J'étais là, à ramper, comme un môme perdu dans ce monde. C'est quoi qui casse l'espérance, hein ? Dieu ? La justice ? Ah, quelle justice...La solitude, mon gars, y'a que ça, la nuit, pour tout effacer. C'est tout ce qui te reste, ce truc là qui t'éclaire un peu l'âme, comme un éclat, une mélodie qui résonne, et les pages qui crissent dans l'air froid, ce soir-là. La seule thérapie qui vaille, tu piges ? J'étais pauvre, ouais, misérable. Et maintenant ? Toujours aussi pauvre, mais au moins je dors près d'un trésor. Les cœurs ? Ils se dessinent, là-bas, derrière l'horizon. Dans les déserts, les montagnes, partout y'a cette lueur, cette croyance qui te tient jusqu'au lendemain. C'est quoi ma route ? Je me suis planté, souvent. Trop souvent. Atterri dans trop de mauvais lits, à poser ma tête sur des cœurs trop lourds, des mauvais cœurs, des sales cœurs. J'ai dû fuir, me barrer, reprendre des armes, des larmes. Tourner en rond, crever seul pour m'en sortir. La raison ? Qu'elle crève. Entouré de démons, fallait bien se battre, ouais. Des batailles de sang. La tristesse noyée dans les bars, dans les verres, dans les bras de cette fille. Qu'est-ce que je foutais là, hein ? Désespéré à la chercher sur ces lèvres. C'est ça l'horreur, vouloir aimer les autres quand on s'aime même pas soi-même. Tous ces soi-disant amis, avec leurs petits drames, leurs vies pitoyables, mais toujours mieux que la mienne. Leurs discours creux, des copies fades. Un jour, ouais, j'ai fui. Tout quitté. J'suis parti, loin de cette merde noire. Dans ma tête, quelques lueurs, un peu de clarté, des éclats, des apôtres. Maintenant ? Je peux enfin le dire ? Décrire ce paradis ? Non. Mais le chemin... Ça, oui. J'suis seul. Et j'suis vivant. Seigneur, ouais, à ma manière.
Y'a rien au bout du monde, et encore moins chez les autres. Ni même au fond de nous-mêmes. Peut-être quelque part sur des pavés.
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L'amour en noir [Poésie]
PoesíaL'amour que je cherche, le noir que je trouve. La solution à tous mes problèmes que je pensais cachée partout sauf en moi-même ; j'ai navigué près des autres, dans des eaux troubles. C'était sans compter la noirceur du monde et celle de l'humain. J'...