Chapitre 8 : Le couteau sous la gorge

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Le soleil était déjà haut dans le ciel, et malgré l'ombre des gratte-ciels qui s'étendait sur la basse-ville, sa chaleur pesait sur les épaules de Loxias comme une chape de plomb. A cause de l'aggravement du réchauffement climatique, les saisons s'étaient évaporées, laissant planer sur la Zone un été perpétuel. A cette heure-là de l'après-midi, il regrettait presque d'être sorti.

Il contourna la décharge du Niveau 0, à la recherche d'enfants errants pour leur donner quelques pièces. Ici, dans les bas-fonds, les neo parisiens déversaient toutes leurs ordures, et abandonnaient tout ce qu'ils ne voulaient plus – vieux meubles, déchets ménagers, appareils électroniques ou enfants qu'ils ne voulaient pas élever.

Sous la canicule, les détritus dégageaient une forte odeur de décomposition, et le jeune homme fronça le nez, bien quil ait grandi – sans père ni mère ‒ dans une de ses cabanes de fortune qui se dressaient au milieu de cet océan de plastique. Officiellement, personne n'y vivait. Pour la méga corporation, il n'était même pas un rebut de la société, il n'existait tout simplement pas.

Une fois son porte-monnaie plus léger, il se faufila dans un parking recouvert de débris et de mousse toxique. Le vent charriait de la poussière grise, et des carcasses de ce qui avait dû être des voitures gisaient un peu partout, leurs entrailles pillées à lair.

Loxias s'agenouilla et poussa une large plaque d'égout. Un petit écran était caché en dessous. Le voleur tapa le code et la cloison coulissa. Il se glissa dans louverture.

A l'intérieur, une multitude d'écrans d'ordinateurs encerclaient la petite pièce. Des restes de nourriture jonchaient une table. Un canapé miteux déniché dans la décharge trônait au centre. Un mur était recouvert avec une collection de vieux disques soigneusement alignés par Acheron. Au fond se balançaient six hamacs.

Il sourit en se retrouvant dans ce lieu familier. Il fit un pas en avant, et marcha sur un tas de miettes qui crissèrent sous son pied. Il soupira. Nesh ne faisait jamais attention quand il cuisinait et il faut dire qu'ils nétaient pas particulièrement férus du ménage.

Cest alors qu'une étrange impression le saisit. Quelque chose ne tournait pas rond. Le repère des nightbreed était vide, pourtant il se sentait observé, étudié du regard, disséqué par plusieurs paires d'yeux. Un parfum bon marché flottait dans l'air.

Il aperçut un revolver qui traînait sur une chaise et se rua dessus. Mais avant qu'il ne puisse poser la main dessus, quatre inconnus surgirent devant lui. Une femme en combinaison noire s'avança, leva un petit pistolet et le pointa sur sa tempe.

‒ Plus un geste, Loxias !

Il sursauta à la mention de son nom. Avant qu'il n'ait pu dire quelque chose, quelqu'un lui plaqua un mouchoir sur la bouche. Le jeune homme se débattit, mais reçut en retour plusieurs coups. Il retint son souffle mais le relâcha au bout de quelques secondes sous l'effet de la panique et avala de longues bouffées du produit. Il se mit à tousser mais se sentit sombrer peu à peu dans l'inconscience. La dernière chose qu'il vit fut le fond d'un sac qu'on lui mettait sur la tête.

***

Un mal de tête lui sciait le crâne. Loxias ouvrit doucement les yeux, désorienté. Battant des paupières, il regarda autour de lui. Il était attaché à une chaise, en plein milieu d'une pièce sombre, semblable à un hangar. Un sac contenant une masse informe gisait non loin de lui. Son enlèvement lui revint en mémoire et il tressaillit. Qui pouvait bien l'avoir pris en otage ? Est-ce que l'Archange avait découvert la supercherie et décidé de se venger ? Est-ce que la Milice avait reçu un mandat d'arrêt contre les nightbreed après l'attaque du train ?

‒ Il est réveillé, murmura une voix.

La femme qui l'avait appréhendé dans son repère fit un pas vers lui. Les relents de son parfum lui chatouillèrent les narines. Elle se saisit du sac en tissu et en tira un garçon aux cheveux noirs, évanoui. Sa tête dodelinait sur sa poitrine.

Le brasier des étoiles [EN RÉÉCRITURE]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant