Prologue : Première page

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Le petit garçon bondit en avant. Avec adresse, il atterrit sur le balcon voisin. En dessous de lui, une musique assourdissante s'échappait d'un club. Il reconnut le son caractéristique d'un morceau de shadow-wave. Exécutant un dérapage contrôlé, il s'élança sur la balustrade suivante, filant tel une ombre, courant sur les barreaux usés, avant de se laisser glisser le long d'une gouttière. La lune faisait étinceler ses cheveux blancs ébouriffés. Ses yeux gris luisaient dans l'obscurité, reflétant les lumières des néons. Il souleva le battant d'une fenêtre et s'introduisit à l'intérieur d'un des bas-étages du gratte-ciel. A tâtons, il chercha ses repères.

Soudain, les lumières s'allumèrent. Un pistolet était pointé sur sa tempe.

‒ Un mouvement et je tire !

Il leva les mains en l'air.

‒ Myo, c'est moi, Loxias ! s'écria le garçon.

Une fille plus âgée que lui baissa son arme.

‒ Evidemment que c'est toi. Je plaisantais.

Elle lui fit un clin d'œil. Il soupira.

‒ Alors, où en est ton projet d'overboard ? questionna-t-il de but en blanc.

Elle jeta négligemment son pistolet sur un meuble, puis afficha un grand sourire.

‒ Il est presque terminé ! Juste quelques détails par-ci par-là, et ensuite...

Tout en parlant, elle traversa la pièce et souleva un drap, révélant une planche ovale chromée. Une bande de néons bleus entourait l'appareil. La petite fille enfila les lunettes de protection qu'elle portait autour du cou et retourna sa machine avec précaution. Une multitude de câbles minuscules et des circuits électriques courraient en dessous.

‒ Timber a repéré un coup en or, déclara Loxias tandis que son amie s'occupait de son overboard.

‒ Ah oui ? répondit cette dernière qui l'écoutait d'une oreille distraite.

‒ Ouais, il a découvert un immeuble en bordure de Neo Paris où les nouveaux proprios sont en train de s'installer. Seuls leurs objets de valeur ont été transférés pour l'instant. Ils ont engagé quelques gros bras pour surveiller la propriété, mais il a enregistré leurs allées et venues.

Il fut pris d'une quinte de toux. Myosotis releva la tête.

‒ Super ! Si on réussit notre combine, on va se faire un paquet d'argent au marché noir !

***

Loxias escalada avec agilité le mur du bâtiment. Myosotis le suivit péniblement, encombrée par l'overboard qu'elle avait insisté pour emmener. Le petit garçon jeta un regard aux alentours. Personne. Il s'élança plus haut, talonné par son amie.

La fenêtre entrouverte semblait leur tendre les bras.

‒ Bizarre..., marmonna Loxias.

Il l'ouvrit avec précaution, et se glissa à l'intérieur. Toujours personne. Un silence assourdissant régnait dans la pièce. Le calme fut troublé par Myosotis dont la planche passée en bandoulière s'était coincée dans l'ouverture. Elle se secouait vainement pour tenter de se dégager.

Le garçon pouffa de rire.

‒ Tu m'aides ou quoi ? s'insurgea la petite voleuse.

‒ Je t'avais dit de ne pas embarquer ça, fit remarquer Loxias. En plus, tu ressembles à une mouche prise dans une toile d'araignée.

Myosotis grogna en entendant la comparaison peu flatteuse et exécuta un vif mouvement d'épaule. L'overboard se détacha brusquement et elle tomba en avant, chutant sur son ami. Il se releva en rouspétant.

Le brasier des étoiles [EN RÉÉCRITURE]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant