Loxias sortit du laboratoire souterrain, se retrouvant dans le labyrinthe qui longeait les égouts. Il posa sa main sur sa côte, heureux de ne plus ressentir le douloureux élancement. Il se sentait juste légèrement endolori et fatigué, sans doute à cause du sang quil avait perdu. Si le Professeur avait le pouvoir de guérir les blessures, il éprouvait en réponse toute la souffrance que son patient avait enduré.
Le jeune homme entendit des pas légers derrière lui.
‒ Tu sais qu'on ne peut pas rester là, sinon les révolutionnaires vont découvrir cette planque, lança Odessa.
‒ Je sais, répondit-il simplement.
‒ Il faut aussi que tu ramènes la flic chez elle. Ton ami est en train de lui administrer un contre-poison. Si la Brigade apprend qu'elle était présente dans le club, ça va mal tourner pour elle.
‒ Je m'en occupe.
Il tendit la précieuse clé à la voleuse, qui s'en saisit. Puis, elle fit volte-face et disparut au détour d'un angle. Ce fut au tour de Myosotis de s'approcher de lui. Elle repoussa la porte du laboratoire, qui se fondit dans le mur comme si elle n'avait jamais existé.
‒ Ah, te voilà, celui-que-je-connais-depuis-plus-de-dix-ans, déclara-t-elle.
Elle portait toujours sa robe bleue, détrempée et déchirée à plusieurs endroits.
‒ Tu ne te souviens toujours de rien, princesse ? lui demanda-t-il.
La jeune femme secoua la tête, faisant voler des gouttes d'eau prises dans ses cheveux. Loxias soupira.
‒ Nous ne pouvons pas rester ici.
Il la prit par la main et la conduisit hors du boyau nauséabond. La pluie sétait arrêtée, mais la basse-ville était inondée. Les toits ruisselaient d'eau, et d'immenses flaques subsistaient dans les crevasses de la chaussée. Loxias huma profondément l'air.
‒ Le pétrichor, murmura-t-il tout bas.
‒ Quoi ? fit Myosotis.
‒ Cest l'odeur de la terre après la pluie. Tu me l'as dit un jour.
Le voleur jeta un œil à son amie. Elle frissonnait dans sa robe qui laissait ses jambes et ses bras nus. Il détacha alors sa cape et la drapa autour de la militaire, prenant soin d'en rabattre un pan sur sa tête en guise de capuche. Le tissu était mouillé et taché de sang par endroits, mais c'était mieux que rien.
Ils marchèrent dans les rues d'Ascian pendant un moment. Malgré leurs vêtements reconnaissables, la Milice ne risquait pas de les trouver après tous les détours qu'ils effectuèrent.
La basse-ville était calme, comme apaisée après l'orage. Le calme après la tempête. Rares étaient les passants qui trottinaient sur le pavé à cette heure de la nuit. Seuls quelques vagabonds traînaient çà et là, et plusieurs enfants errants se terraient dans les renfoncements des immeubles, abrités par des couvertures élimées et des morceaux de carton. Le goutte à goutte de l'eau qui perlait des gouttières créait une mélodie douce, presque mélancolique. Les rares lampadaires qui éclairaient encore se miraient sur l'asphalte mouillée. Entourés par les gratte-ciels, recouverts d'un plafond de nuages, ils étaient comme deux acteurs sur une scène de théâtre vide.
Loxias s'assît sur un muret de pied, essoufflé. Myosotis se hissa à ses côtés. Il leva son regard vers le ciel bleu-noir, cherchant à apercevoir les astres. Mais ces derniers se terraient, effrayés par la tourmente.
‒ Tu savais que nous sommes tous faits de poussière d'étoile ? s'enquit le jeune homme.
‒ Ah, vraiment ? soupira la capitaine.
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Le brasier des étoiles [EN RÉÉCRITURE]
Science FictionAn 2263. Myosotis est une capitaine de la milice de Neo Paris. Loxias est un voleur d'Ascian, la basse-ville. Dans cette capitale rongée par le crime, l'Arcanum est une substance qui offre des pouvoirs prodigieux moyannant une terrible contrepartie...